Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous à la « veille » de la reprise de la Ligue 1 ?
"Je ressens beaucoup de plaisir. On est impatient, de manière positive, que ça démarre. On a envie que le championnat reparte. Il faut dire que l'intersaison a été plus longue que d'habitude (le coup d'envoi des championnats a été repoussé en raison de la tenue des JO de Paris 2024)".
Ce début de championnat qui approche nous renvoie à la fin du précédent et ce maintien acquis par le HAC ; le premier depuis 25 ans dans l'élite du football français. Quelles images vous restent-ils ?
"Ce que je retiens, pour faire écho à notre actualité de cette semaine avec la réception de Paris, c'est notre match au Parc des Princes (J31. 3-3, samedi 27 avril). Ce soir-là, il y a eu le résultat et la manière. L'équipe a montré tout ce dont elle était capable. Dans la course au maintien, cette performance était essentielle. Au moment d'affronter Paris, on avait beaucoup plus de doutes par rapport à notre classement, à notre total de points qu'il faudrait pour se sauver et au match qui nous attendait(1)".
"On ne savait pas comment Luka (Elsner) réagirait à ces sollicitations"
(1)En position de barragiste (16e), avec un point de retard sur Metz, avant cette 31e journée, le HAC avait dépassé les « Grenats » grâce à ce match nul, au titre d'une meilleure différence de buts. Un avantage que les partenaires d'Arouna Sanganté n'ont plus lâché jusqu'à la fin du championnat.
Dans la foulée de ce maintien, l'été footballistique a été agité du côté du Havre avec pour commencer le départ de Luka Elsner pour Reims. Un départ qui de l'extérieur nous a surpris...
"C'est vrai qu'on était plutôt parti vers une prolongation. Maintenant, en interne, on savait que c'était une possibilité. Luka a été élu meilleur coach de Ligue 2 la saison d'avant (en 2022-2023), il a figuré dans le Top 5 des coachs de Ligue 1 (nommé pour le Trophée du meilleur entraîneur lors de la cérémonie de l'UNFP). On n'avait aucun doute sur le fait qu'il soit sollicité. Par contre, on ne savait pas comment Luka réagirait à ces sollicitations. C'est pourquoi quand il nous a fait part de son choix de partir, on n'est pas complètement tombé de notre chaise. Pour en avoir souvent parlé avec Mathieu (Bodmer, le directeur sportif), on l'avait anticipé".
Vous faites référence à la nomination de Didier Digard sur le banc havrais...
"On ne s'est pas réveillé un matin en se disant : « Avec qui on démarre ? » Didier faisait partie de nos options les plus probables. L'avantage, c'est que son arrivée s'est concrétisée avant la reprise de l'entraînement, dans des conditions optimales, pour lui comme pour nous. Il va nous apporter un œil neuf, un nouveau plan de jeu... C'est un choix logique, cohérent, qui s'inscrit dans une certaine nécessité de renouvellement sachant qu'on va quasiment repartir avec la même équipe que la saison dernière. Son arrivée challenge l'ensemble de l'effectif".
Justement, en parlant d'effectif, le HAC vit un mercato extrêmement calme jusqu'à présent(2) dans le sens des arrivées comme des départs...
"A classement égal entre cette saison et la précédente, on aura 9 M€ de moins !"
"Aujourd'hui, au HAC, on ne parle pas de recrutement, on évoque uniquement des départs. Mais avec une problématique, les clubs étrangers sont parfaitement conscients de la situation financière des clubs français. Et ils ne nous font pas de cadeaux. On a reçu des offres inacceptables. Un jeu de dupes s'est installé. Et je crains qu'il continue jusqu'au 30 (août), à 23 heures (date de la clôture du mercato). Enormément de mouvements sont susceptibles de se produire dans les 24 dernières heures".
(2)A ce jour, le HAC a enregistré trois recrues avec Yanis Zouaoui (Martigues, N1), qui s'apparente au coup d'envoi du championnat à une doublure de Christopher Opéri, Ismaïl Bouneb (Valenciennes, L2), un jeune international français U18 mais sans expérience du haut niveau, et Ruben Londja (Lausanne, Suisse), un ailier qui devrait faire ses armes au début avec la réserve et les U19.
Cette inertie du mercato est forcément liée à la baisse drastique des droits TV(3). Savez-vous combien le HAC touchera de droits TV pour l'exercice 2024-2025 ?
"A classement égal entre cette saison et la précédente, on aura 9 M€ de moins ! La saison dernière, on a touché 15 M€ (pour un budget estimé compris entre 30 et 35 M€) et là, ça sera 6. C'est un désastre. Voici la réalité".
(3)Pour la période 2024-2029, même s'il existe une clause de sortie au bout de deux ans pour les distributeurs, les droits TV de la Ligue 1 ont été vendus 500 M€ par saison à DAZN (400 M€) et beIN Sports (100 M€). De 2021 à 2024, ils rapportaient 624 M€ via Canal +-BeIN Sports (332 M€), Amazon Prime (250 M€) et Free (42 M€).
Aujourd'hui, le HAC est-il dans l'obligation de vendre des joueurs ?
"On doit réaliser des ventes. Bien sûr. C'est dans l'ADN du HAC qui est un club formateur. Encore faut-il qu'il y ait le marché pour. On sait qu'on a des joueurs qui intéressent des clubs. Maintenant, il faut que les offres s'alignent sur nos attentes. Mais c'est valable pour tous les clubs".
Malgré tout, les supporters « Ciel et Marine » peuvent-ils s'attendre à une nouvelle recrue d'ici vendredi, pour le coup d'envoi du championnat ?
"Ah non, je vous certifie qu'il n'y aura pas d'arrivée d'ici vendredi. C'est sûr. Dans le sens des départs, par contre, tout est possible. C'est ouvert. Il y a des discussions en cours. Chaque jour peut apporter une nouvelle vérité".
"Je vous certifie qu'il n'y aura pas d'arrivée d'ici vendredi"
A défaut de recrues, le HAC peut toujours s'appuyer sur ce formidable élan populaire qui l'accompagne depuis deux ans maintenant. Pour la réception du PSG, le Stade Océane affichera d'ailleurs guichets fermés avec notamment 12 000 abonnés, soit 1 000 de plus que la saison passée...
"Je pense que si on avait ouvert 4 000 abonnements de plus, ils auraient trouvé preneur. Cette affluence, c'est notre principale réussite. C'était notre objectif dès le début. On l'a atteint. C'est extraordinaire. Jouer dans un stade plein, avec l'ambiance qui va avec, doit être un atout pour les joueurs. C'est tout bénéf'".
> L1. J1 - Le Havre AC / Paris SG, vendredi 16 août à 20 H 45 au Stade Océane.
Le combat CVC n'est pas terminé
Alors que le juge des référés s'est déclaré incompétent dans le litige qui oppose le HAC à la LFP (Ligue de football professionnel) sur la répartition des sommes versées par CVC, pas question pour Jean-Michel Roussier de baisser les bras. "J'attends toujours une réparation", clame-t-il. La procédure va reprendre dans le courant du mois de septembre devant le Tribunal judiciaire de Paris avec, cette fois-ci, une action sur le fond. Autant dire que les dirigeants « Ciel et Marine » vont devoir s'armer de patience. "On ira jusqu'au bout de ce processus", prévient le président du club doyen. Jean-Michel Roussier espère que la commission du Sénat sur la financiarisation du football et pour laquelle il a témoigné jouera un rôle. "Elle a mis en lumière un certain nombre de dysfonctionnements importants". Les conclusions du groupe de sénateurs en charge de cette commission sont attendues dans les prochaines semaines.