Le HAC a certainement dit adieu au Top 5
En baissant pavillon face à Nîmes (1-0), il y a une semaine, alors que dans le même temps Sochaux et Ajaccio, deux concurrents directs aux play-offs, s'inclinaient également, le HAC a certainement raté sa dernière chance de terminer dans le Top 5. Avec une nouvelle défaite, mardi soir, sur la pelouse de Dijon (2-0), la cinquième déjà sur la phase retour en dix journées (2V-3N-5D), le collectif de Paul Le Guen a été repoussé à sept longueurs de la cinquième place. "Contre Nîmes, on sort du match sans avoir grand-chose à se reprocher mis à part notre manque d'efficacité", rembobine le coach havrais, bien plus chagriné par le faux-pas en Bourgogne que face aux Gardois. "On n'a pas été bon techniquement, il y a eu des prestations en demi-teinte".
Si les plus optimistes des observateurs vous assurent qu'un tel retard à neuf « étapes » du terme est tout à fait rattrapable, on voit mal comment les partenaires d'Alexandre Bonnet, au regard de leur trajectoire, de leur irrégularité et de leur incapacité à s'imposer face aux « gros », pourraient inverser la tendance même en cas de succès aux dépens du Stade Malherbe dans le « derby ». "Vous savez, moi, le Top 5, je n'en ai jamais vraiment beaucoup parlé", balaie le technicien breton qui se méfie énormément de son voisin caennais.
"Caen est sur une meilleure dynamique que nous. Cette équipe reste sur une victoire spectaculaire contre Toulouse (4-1) et un bon nul à Valenciennes (1-1). C’est pourquoi il faut aborder ce match avec beaucoup de méfiance et d’humilité même si on a des arguments pour les gêner". Alors que le club doyen semble un peu groggy par ses deux défaites consécutives qui semblent avoir mis fin à ses espoirs de Top 5, paradoxalement, en début de championnat, ils auraient été nombreux dans les rangs « Ciel et Marine » à signer pour une sixième position après 29 journées. Il ne faut pas oublier qu'à pareille époque la saison passée, le club doyen luttait pour son maintien, arraché de haute lutte. Et malgré plusieurs bonnes pioches en prêt (Thierno Baldé, Ismaël Boura, Matthis Abline), les deux derniers mercatos ont surtout permis à l'Etat-major havrais de réduire une masse salariale inadaptée au nouveau train de vie, low cost, du HAC plutôt qu'à réellement renforcer l'effectif de Paul Le Guen.
Le Stade Malherbe peut faire un (grand) pas vers le maintien
S'il n'est en poste au SMC que depuis cette saison, Stéphane Moulin a rapidement saisi l'importance du « derby » face au HAC. "C'est un rendez-vous qui sort un peu du contexte. Je pense qu'il faut l'isoler des autres, c'est un match particulier. Je n'ai rien contre les Havrais mais aujourd'hui, j'appartiens au Stade Malherbe et c'est un match pour être fier de nos couleurs", souligne l'ex-entraîneur angevin qui se souvient parfaitement de la manche aller, à la mi-octobre (J12. 2-2). "C'est beau. Il y a peu d'affluence comme ça en Ligue 2 (plus de 16 000 spectateurs à d'Ornano). En général, ça n'intervient que lors des dernières journées pour les équipes qui montent. Nous, à l'époque, on n'était pourtant pas dans une période très propice".
Et encore aujourd'hui, chez les « Rouge et Bleu », il n'est nulle question de Top 5, même si, au final, ils ne pointent avant le coup d'envoi qu'à cinq unités du HAC, mais plutôt de lutte contre la relégation. Car si depuis début décembre, le fond et la forme sont en nette progression chez les coéquipiers de Jessy Deminguet (sixième meilleur bilan de L2 depuis la 17e journée et le déplacement à Auxerre, 5V-4N-4D), le club caennais, pourtant remonté en 10e position, ne compte que cinq points d'avance sur le barragiste (18e), Quevilly-Rouen.
"Je ne suis jamais pessimiste mais je suis toujours prudent", met en garde l'ex-coach angevin. "Je préfère qu'on ait dix équipes derrière nous que trois mais les écarts ne sont pas faits (...) Certes, il y a ce derby mais il ne faut pas oublier notre position au classement. Sécuriser notre position, c'est la priorité". En cas de succès en terre havraise, le Stade Malherbe - qui ne l'a plus emporté à l'extérieur depuis fin septembre - accomplirait d'ailleurs un grand pas vers le renouvellement de son bail en deuxième division. "Ce serait l'endroit idéal", est parfaitement conscient Stéphane Moulin tout en prévenant que le championnat ne sera pas fini, samedi soir, que ce soit en cas de victoire ou de défaite au Stade Océane.
> L2. J30 - Le Havre AC (6e - 41 points) / SM Caen (10e - 36 points), samedi 19 mars à 15 heures au Stade Océane.
Un record d'affluence au Stade Océane pour les 150 ans du HAC
17 000 spectateurs dont 1 500 Caennais sont attendus au Stade Océane, ce samedi, pour le « derby » entre le HAC et le Stade Malherbe ; ce qui constituerait un record pour l'enceinte havraise pour un match de championnat. ©Damien Deslandes
Si la notion de « derby » est toujours plus ou moins contestée, en fonction de quel côté du pont de Normandie on se trouve, un duel entre le HAC et le Stade Malherbe n'est jamais une rencontre comme une autre. Pour preuve, c'est cette affiche que les dirigeants havrais ont choisie pour lancer les festivités des 150 ans du club doyen. Dévoilement d'une fresque dans les coursives une heure avant le coup d'envoi, présentation d'anciens joueurs à la mi-temps, concert avec Médine en tête d'affiche après match... Les animations seront nombreuses. Les supporters « Ciel et Marine » ne seront pas en reste. Loin de là.
Après avoir « embrasé », lundi soir, le Stade Océane à l'aide de 150 fumigènes, ils défileront, au départ du Parc Massillon et en direction de l'enceinte havraise, à partir de 11 heures. Dans les travées, le spectacle s'annonce grandiose ; un tifo géant est notamment prévu. Dans ce contexte, les joueurs veulent aussi participer à la fête. "Forcément", confirme Paul Le Guen. "C'est un match très intéressant à jouer. Il va y avoir du monde, c'est un événement, un derby". Et pour cause, cette confrontation régionale couplée à ces 150 ans a généré une mobilisation sans précédent.
A tel point que le record d'affluence du Stade Océane pour un match de championnat, 15 552 spectateurs en avril 2013, déjà pour un « derby » contre le voisin caennais à l'époque*, devrait être battu. Le HAC table sur 17 000 personnes. Avec 1 500 fans dans le parcage et à proximité, les « Rouge et Bleu » vont largement apporter leur pierre à ce record. "Le fait qu'ils soient aussi nombreux à se déplacer prouve à quel point ce match est important pour eux. Ils témoignent, par leurs actes, de l'amour et de la passion qu'ils ont pour leur club", confie, plein d'admiration, Stéphane Moulin. Des supporters malherbistes n'espérant qu'une seule chose : que leurs protégés gâchent l'anniversaire de leur meilleur « ennemi ».
*Le record absolu du Stade Océane date de son inauguration, le 12 juillet 2012, avec la réception de Lille, en match amical, avec 25 170 spectateurs.