Tous les supporters « Ciel et Marine » n’en ont peut-être pas conscience mais leur équipe préférée compte désormais dans ses rangs un ex-Mondialiste : le Néerlandais Terence Kongolo. Recruté un peu à la surprise générale dans les dernières heures du mercato estival, le défenseur prêté par les Anglais de Fulham possède un vrai passé avec les « Orange » puisqu’il était de l’aventure au Brésil, lors de la Coupe du Monde 2014. Habitué des sélections en catégories de jeunes (des U15 aux Espoirs), Terence Kongolo s’imaginait peut-être disputer un jour le Mondial mais clairement pas aussi tôt dans sa carrière. C’est dans un rôle de doublure que le natif de Fribourg, en Suisse, a vécu la compétition, si bien qu’il n’a pris part qu’à une seule minute lors du troisième match de poule contre le Chili. Certainement la plus précieuse de sa carrière.
"Quand je suis entré, j’étais nerveux. Ce n’est pas comme si le score était de 6-0 en notre faveur (les deux formations pouvaient encore terminer en tête du groupe)", relate, aujourd’hui, le gaucher. "C’était un match serré, nous ne menions qu’un à zéro. Être nerveux dans ces cas-là, c’est sain. J’avais aussi faim, en tant que défenseur, tout ce que je voulais, c’était ne pas concéder de but". Un vœu exaucé. Mieux, juste après son entrée en jeu, son ami Memphis Depay s’était chargé du break (2-0). Dans leur parcours brésilien, les Pays-Bas n’ont buté que sur l’Argentine de Léo Messi en demi-finale, éliminés à l’issue de la séance des tirs au but (0-0, 4-2 tab). Cela ne les a pas empêchés de conclure leur aventure de fort belle manière en disposant largement du pays hôte pour la troisième place (3-0).
S’il s’est contenté des miettes, Terence Kongolo se sent autant légitime à posséder sa médaille de bronze que peuvent l’être les stars néerlandaises de l’époque (Wesley Sneijder, Arjen Robben, Robin Van Persie…). "Même si j’ai peu joué, je considère aussi que j’ai fini troisième. J’avais un vrai rôle dans la sélection. J’avais une importance lors des sessions d’entraînement où il fallait que je montre le meilleur de moi-même pour que les autres brillent. C’est un rôle différent mais c’était une super expérience. D’autant que j’appartenais à une grosse équipe". S’il a ensuite évolué à Monaco (2017-2018) et qu’il s’est révélé aux yeux de l’Angleterre du côté d’Huddersfield (2018-2020) avant de perdre son allant ; la faute à des blessures récurrentes, le défenseur central capable de dépanner dans le couloir gauche est resté marqué par le rendez-vous sud-américain en dépit de son rôle mineur lors des rencontres.
Une première sélection à peine un mois avant le Mondial
Sa place au Brésil, il ne l’aurait d’ailleurs refusée pour rien au monde. "Demandez à n’importe quel joueur, si on leur dit d’aller à la Coupe du Monde pour n’y jouer que trois minutes, ils vont tous vous répondre : « D’accord ». Peu importe le statut qu’on a pendant la compétition, c’est une Coupe du Monde, tout le monde veut y aller". Très proche de son partenaire en club d’alors, au Feyenoord Rotterdam, Stefan De Vrij, aujourd’hui roc défensif de l’Inter Milan, Terence Kongolo l’était également de l’actuel Barcelonais Memphis Depay. "Memphis et moi étions les plus jeunes de l’équipe. Nous étions assez proches, on est de la génération 94, on a joué en sélections jeunes ensemble et on a gagné l’Euro des moins de 17 ans".
S’il reconnaît le talent évident de l’ex-Lyonnais, le néo-Havrais était sans surprise scotché par les qualités des talismans néerlandais de l’époque. "Arjen Robben était vraiment bon, Robin Van Persie également. Mais de manière générale, on avait une sacrée équipe, un sacré collectif". Si ce mois hors du temps reste si précieux dans la mémoire de « TK » comme on le surnomme, le football n’en est pas l’unique raison. L’ambiance qui régnait au pays de la samba était sans pareille. "Il y avait du monde partout au Brésil. C’était une Coupe du Monde très vivante. Je suis tellement reconnaissant d’avoir pu vivre cette compétition, dans le pays du football. Il y avait une vraie énergie positive, les gens étaient heureux, ils dansaient, c’était une vraie bonne expérience".
Alors qu’il suit le Mondial au Qatar sur sa TV en Normandie, l’ancien du Feyernoord aura forcément l’esprit qui bouillonne de souvenirs. D’ailleurs, peut-être aura-t-il le bonheur de retrouver un jour la sélection batave, même si sa dynamique actuelle ne plaide pas en sa faveur. "La vie m’a déjà montré à quel point tout peut aller très vite dans le football", fait-il remarquer. "Quelques semaines avant le Mondial, qui aurait pu dire que j’irais au Brésil ? Personne (il n’avait fêté sa première sélection qu’à la mi-mai, à peine un mois avant le coup d’envoi du Mondial). Dieu m’a déjà montré que tout est possible. Qui sait ? Peut-être goûterai-je de nouveau à la sélection un jour ?" Pour atteindre cet objectif, Terence Kongolo doit commencer par relancer sa carrière sous le maillot « Ciel et Marine ».
Aurélien Renault
Terence Kongolo
> Né le 14 février 1994 (28 ans) à Fribourg, en Suisse.
> Défenseur central ou latéral. Gaucher. 1,88 m pour 81 kg.
> Parcours : RVV Hillesluis (jusqu'en 2002, NEL), Feyenoord Rotterdam (2002-2017, NEL), Monaco (2017-2018), Huddersfield Town (2018-2020, ANG), Fulham (2020-2022, ANG), Le Havre AC (2022-..., p).
> Prêté jusqu'en juin 2023 par Fulham.
> Palmarès : champion des Pays-Bas en 2017, vainqueur de la Coupe des Pays-Bas en 2016, vainqueur de l'Euro U17 en 2011.
> International néerlandais (4 sélections).