Certains signes ne trompent pas. En s'engageant pleinement dans son premier duel il y a une semaine contre le Paris FC, Nabil Alioui a parfaitement lancé son match ainsi que celui de sa formation. "Quand je l'ai vu faire une course de 40-50 mètres avant de provoquer son adversaire (balle aux pieds), je me suis dit que c'était bien parti", témoigne Paul Le Guen. "Ça s'est confirmé par la suite". Crédité d'une passe décisive sur l'unique réalisation de cette rencontre signée Jamal Thiaré et à l'origine des mouvements les plus dangereux, l'international en équipe de France jeunes (20 sélections des U16 aux U20) a certainement livré sa copie la plus aboutie depuis qu'il a posé ses valises dans la cité Océane à l'été 2020.
"Mon niveau augmente petit à petit. Il monte crescendo. Face à Paris, j'ai eu des bonnes sensations. Est-ce que ça peut me servir de déclic ? Totalement. Quand on est décisif, ça vous met en confiance (il compte un but pour deux assists cette saison). La machine est lancée. A moi de confirmer", lance le n°9 du HAC. Il faut dire que jusqu'à présent, Nabil Alioui s'était plutôt montré discret. "Je l'avais d'ailleurs interpellé par rapport à ses dernières prestations qui n'étaient pas satisfaisantes", pointe Paul Le Guen. "L'avantage, c'est que c'est un garçon intelligent. On peut lui asséner des vérités, même si elles ne font pas plaisir à entendre, sans qu'il s'en offusque".
A sa décharge, et en dépit d'un passage par le Cercles Bruges en 2018-2029 (seulement 338' de temps de jeu cumulé), le natif de Toulon a véritablement découvert le monde « pro » sous le maillot « Ciel et Marine ». "Le Havre est ma vraie première expérience chez les professionnels", confirme-t-il. "Par rapport à ce que j'ai connu à Monaco (son club formateur où il a accompli la majorité de ses classes), ça n'a rien à voir y compris avec la réserve (en N2). Là-bas, je jouais avec les catégories de jeunes. Aujourd'hui, je suis en Ligue 2, ce n'est plus le même niveau. Je suis là pour apprendre. Forcément, il m'a fallu un temps d'adaptation. Il me manquait cette intensité".
Pour le moment, Paul Le Guen ne l'imagine qu'en attaque
Intensité. Quand on évoque Nabil Alioui, ce mot revient en boucle, surtout dans la bouche de son coach. "Il doit mettre de l'intensité dans tout ce qu'il fait : dans ses passes, dans ses courses, dans ses dribbles...", énumère le technicien breton convaincu du potentiel de sa recrue. "Il est doué techniquement, il a le sens du jeu, il a un bon jeu de tête. Son évolution est satisfaisante ; ce qu'il a produit samedi est très encourageant. Mais par rapport à ce qu'il montre aux entraînements, il peut faire plus pendant les matches", souligne Paul Le Guen avant de se lancer dans une comparaison qui ravivera des souvenirs aux nostalgiques de France 1998.
"Nabil, il me fait un peu penser à (Robert) Pires et à cette phrase d'Aimé Jacquet : « Muscle ton jeu »*. J'ai tout le temps envie de lui dire ça. Il ne doit pas jouer sur la pointe des pieds". L'intéressé en convient. "Ça ne colle pas trop avec mon style de jeu mais il faut que je mette un peu plus d'agressivité dans les contacts. En Ligue 2, c'est obligatoire. C'est un axe de progression. Déjà, chez les jeunes, ça me faisait défaut. J'en suis conscient. Je travaille énormément dessus".
Malgré sa prestation de bonne facture face au PFC, le Franco-marocain pourrait s'asseoir sur le banc à Châteauroux. Indisponible depuis deux journées, Khalid Boutaïb effectue son retour dans le groupe havrais. Et Paul Le Guen n'imagine l'ex-Monégasque qu'en attaque, un secteur où l'on retrouve également l'inamovible Jamal Thiaré. "Nabil a ce profil. Je ne le vois pas, pour un moment, dans un couloir, dans un 4-4-2 (le schéma utilisé par l'entraîneur breton depuis le début de la phase retour)". Que ce soit dans le onze de départ ou alors en cours de jeu, le club doyen aura bien besoin d'un Nabil Alioui au top de sa forme pour assurer au plus vite son maintien. A commencer par le déplacement chez La Berrichonne.
> L2. J25 - Châteauroux (20e - 18 points) / Le Havre (13e - 30 points), samedi 13 février à 19 heures au Stade Gaston-Petit.
*Immortalisée dans le célèbre documentaire « Les yeux dans les Bleus » retraçant les coulisses de la victoire de l'équipe de France à la Coupe du Monde 1998.