Un nouveau coach, un staff recomposé quasiment à 100%, neuf recrues parmi un effectif comprenant 22 joueuses sans compter les U19… Les fidèles de la section féminine du HAC risquent de ne pas reconnaître leur formation favorite, vendredi soir, contre l’ogre lyonnais, en ouverture du championnat. Durant l’intersaison, Laure Lepailleur a tout changé… ou presque. A commencer par l’entraîneur. Exit Frédéric Gonçalves, en fin de contrat et donc non-conservé. Pourtant, sous sa direction, les coéquipières de Deja Davis sont remontées en D1 après une seule année à l’étage inférieur avant d’enchaîner, lors de l’exercice précédent, sur un maintien inédit. C’est bien simple, dans leur courte histoire*, jamais les « Ciel et Marine » n’y étaient parvenues. Autant dire que, de l’extérieur, ce choix apparaît surprenant.
"Quand on a des responsabilités, c’est toujours important de rester vigilant, d’avoir une vision globale sur le projet, de ne pas se reposer sur ses lauriers", ne cache pas la manager général. "Vous savez, le plus dangereux, c’est presque quand on a des résultats. Je ne veux pas qu’on se dise : « Ah oui, si j’avais su ». Bien sûr, ce n’est pas un gage de réussite mais j’assume pleinement". Alors que l’équipe fanion est passée sous le giron de la SASP depuis le 1er juillet (la formation étant encore gérée par l’association), Laure Lepailleur a amorcé un nouveau cycle avec comme figure de proue Romain Djoubri (50 ans).
"Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup au feeling et je suis attachée à ma région", confie la native de Bernay à propos de la nomination de l’ancien technicien du FC Rouen (R1) et du CMS Oissel (N3-N2) sur le banc havrais. Toutefois, si ce dernier a été désigné, ce n’est pas uniquement à cause de ses origines normandes. "Romain est réputé pour bien faire jouer ses équipes et son discours footballistique est en phase avec le mien. J’ai accroché". Une arrivée à laquelle Mohamed El Kharraze, le bras droit du directeur sportif Mathieu Bodmer, n’est pas étranger. "Il y a toujours un échange avec la direction sportive sur les orientations stratégiques", se montre transparente la patronne des filles du HAC. Et peu importe si le principal intéressé ne possédait, avant sa signature, aucun vécu du football féminin. "On a tous eu une première expérience un jour", répond Laure Lepailleur.
Une nouvelle stratégie de recrutement
Néanmoins, parfaitement consciente que cela pourrait se révéler un frein dans le développement de la section, elle a bâti autour de son nouvel entraîneur un staff rompu aux joutes de la pratique féminine. N°2 de la sélection haïtienne pendant la Coupe du Monde cet été, Erwan Huet a été engagé en qualité d’adjoint. Ex-internationale tricolore, Bérangère Sapowicz s’occupe des gardiennes au relais d’un Michel Courel, unique rescapé de l’équipe technique précédente et désormais en charge de l’aspect mental. Aux côtés des joueuses du PSG la saison dernière, Quentin Bellu supervise la préparation physique. "On a voulu trouver des complémentarités entre ses différents membres, une synergie", résume la manager général rappelant au passage la nécessité d’avoir un staff 100% dédié à la partie « professionnelle » pour satisfaire au cahier des charges de la FFF. "Auparavant, des personnes étaient sur des doubles missions". Exemple avec Maxime Di Liberto, adjoint de Frédéric Gonçalves, qui se concentre, aujourd’hui, à plein temps sur la formation.
Au regard des résultats durant une préparation XXL longue de huit semaines (5V-1N-1D) ; "une période à forts enjeux", dixit Laure Lepailleur, la greffe semble opérer. Pourtant, l’effectif a subi de profonds bouleversements pendant le mercato. Après avoir misé majoritairement sur les meilleurs éléments de D2 pour son retour en première division, le board havrais a renforcé son groupe avec des filles qui ont fait leurs preuves dans l’élite du football français : Morgane Belkhiter, Héloïse Mansuy, Laurie Cance… "La saison passée, comme on était promu, on a été une équipe surprise ; ce qui nous a permis d’être un peu plus détachées, de moins se prendre la tête", décrypte l’ancienne défenseure de Montpellier, du PSG et de Lyon.
"Mais on ne va plus avoir le même statut. Je pense qu’on va être plus attendu. Pour faire mieux, on ne pouvait pas garder la même stratégie de recrutement". « Faire mieux » ? Oui, car les « Ciel et Marine » nourrissent de grandes ambitions. Huitième sur 12 engagées en mai, le HAC vise, cette fois-ci, la première moitié du tableau dans une formule qui verra les quatre mieux classées se qualifier pour les play-off. Une nouveauté dans ce championnat version 2023-2024 ; les deux dernières seront, elles, reléguées. Malgré cet objectif élevé, Laure Lepailleur se prépare à un exercice compliqué. "Comme je dis souvent, la deuxième année est plus difficile que la première". Mais pour que le projet havrais continue d’avancer, la manager général sait que cela passe par un seul chemin : "Se pérenniser en D1".
> D1F. J1 - Le Havre AC / Lyon, vendredi 15 septembre à 21 heures au Stade Océane.
Le mercato de la section féminine du HAC
> Arrivées : Katriina Talaslahti (FIN, Fleury, D1), Chanel Tchaptchet (Bordeaux, D1), Roselord Borgella (Dijon, D1), Laurie Cance (Rodez, D1), Mickaëlla Cardia (Bordeaux, D1), Morgane Belkhiter (ALG, Soyaux, D1), Zoé Stievenart (Rodez, D1), Elisabeth Tsé (Issy-les-Moulineaux, D2), Héloïse Mansuy (Guingamp, D1).
> Départs : Sh'nia Gordon (USA, Montpellier, D1), Olesya Arsenieva (Thonon Evian Grand Genève, D2), Fanny Hoarau (Strasbourg, D2), Nora Coton-Pelagie (arrêt, team manager), Kelly Gadea (arrêt), Sadie Sider-Echenberg, Kelsey Araujo, Aïssata Baradji.