Il y a un mois, Mathieu Bodmer et les dirigeants havrais ont frappé un grand coup sur le marché en annonçant la signature d'André Ayew, de retour en Ligue 1 huit ans après son départ de l'OM. Le nouveau n°28 des « Ciel et Marine » était libre depuis la fin de son passage à Nottingham Forest l'été dernier. Plus de 600 matches chez les « pros », deux participations à une Coupe du Monde, de nombreux titres (Coupe du Monde U20, Coupe de la Ligue, Trophée des Champions)... En 15 saisons, l'international ghanéen s'est construit un solide pedigree. Même s'il approche le crépuscule de sa carrière, l'ex-Marseillais - qui fêtera ses 34 ans dimanche - reste un attaquant polyvalent de premier plan, surtout pour un promu en manque de buts.
Une équipe havraise en déficit de buts
C'est justement sur le front offensif qu'André Ayew est attendu en Normandie. Il faut dire qu'avec 13 « petits » buts inscrits depuis le début du championnat, le HAC dispose de la deuxième plus mauvaise attaque de Ligue 1 (seul Clermont fait pire). Pourtant, ce n'est pas faute de se procurer des opportunités. Si l'on se fie aux expected goals* (xG), le club doyen aurait dû marquer 18,21 réalisations, soit un écart défavorable de 5,21 buts !
Lorsqu'on examine le classement individuel de l'efficacité des Havrais (voir graphique ci-dessous), seuls trois d'entre eux présentent un différentiel positif entre leur nombre de buts et leur xG : Nabil Alioui, Daler Kuziaev et Nolan Mbemba. En revanche, tout en bas de ce classement spécifique, on retrouve Mohamed Bayo. Auteur de trois réalisations depuis son prêt en provenance de Lille, l'avant-centre guinéen - qui n'a pas trouvé le chemin des filets depuis quatre journées - affiche un déficit d'1,94 but. Alors qu'il se distinguait par son efficacité remarquable durant sa dernière saison à Clermont, son club formateur promu en L1, avec un but tous les quatre tirs, le n°9 des « Ciel et Marine » peine à concrétiser ses occasions, puisqu'il a doublé cette moyenne (un but toutes les huit tentatives).
*Nombre de buts attendus par match au regard du nombre et de la qualité des occasions obtenues.
Graphique adresse et maladresse des Havrais cette saison.
Un finisseur, notamment de la tête
A titre de comparaison avec son nouveau coéquipier, lors de sa dernière saison complète dans un championnat de haut niveau, en 2020-2021, avec les Gallois de Swansea en Championship (D2 anglaise), sans vouloir faire injure aux Qatariens d'Al Saad, André Ayew marquait tous les cinq tirs. En 462 apparitions en championnat, tous pays confondus, le fils d'Abedi Pelé totalise 128 réalisations, soit un but tous les 3,6 matches. Des stats assez impressionnantes, surtout qu'il a le plus souvent évolué sur un côté plutôt que dans l'axe.
S'il y en a un qui est convaincu par les qualités de finisseur du Ghanéen, c'est bien Luka Elsner, le coach havrais : "Sur les centres, quand il doit couper les trajectoires, il y a vraiment une volonté de mettre tout le corps en mouvement pour que le ballon franchisse la ligne. C'est aussi pour cela qu'André nous a rejoints. On savait qu'on avait encore besoin d'un profil buteur et de quelqu'un capable de sentir les opportunités dans la surface". Notamment de la tête, un domaine où le HAC peine tout particulièrement avec un seul but inscrit. "Dans notre composition offensive, les experts en finition aérienne sont rares", corrobore le technicien slovène. Malgré sa relative petite taille, André Ayew, du haut de son 1,76 m, s'est forgé une solide réputation dans les airs. Depuis l'exercice 2006-2007, c'est le meilleur buteur de la tête de L1 parmi les joueurs mesurant moins d'1,80 m, avec 16 réalisations sur un total de 47. Le néo-Havrais devance l'ex-Guingampais Claudio Beauvue et le Monégasque Wissam Ben Yedder, auteur chacun de 14 buts de la tête, ou encore le Colombien Radamel Falcao (13).
La CAN dans le viseur
A la reprise en janvier, André Ayew pourrait être absent plusieurs semaines. Et pour cause, l'international ghanéen espère bien être sélectionné pour prendre part à la Coupe d'Afrique des Nations, en Côte-d'Ivoire (13 janvier - 11 février). Si son équipe nationale va jusqu'en finale, le buteur le plus prolifique de l'histoire des Black Stars dans cette compétition (dix réalisations) ratera quatre journées de Ligue 1, sans compter les tours de Coupe de France.
André Ayew a déjà foulé la pelouse du Stade Océane mais c'était avec le maillot du Ghana, à l'occasion d'un match amical contre le Brésil, en septembre 2022. ©Damien Deslandes
Un joueur en quête de son meilleur rendement
Bien sûr, le recrutement d'André Ayew présente certaines garanties mais elles ne présagent en rien de ses performances futures. Une prudence d'autant plus justifiée pour un élément qui n'a pas disputé un match dans sa globalité depuis le 23 janvier, à l'époque sous les couleurs d'Al Sadd. Après une première saison réussie au Qatar, avec notamment 15 buts en 21 rencontres et un titre de champion à la clé, la suite fut moins éclatante. L'ex-Marseillais a rebondi fin janvier à Nottingham Forest ; ce qui lui a permis de franchir la barre des 100 matches en Premier League.
En comparant ses données entre sa dernière saison, complète, en Angleterre (2020-2021) et son exercice 2022-2023 à Al Sadd, on constate que son impact est nettement moins marqué dans plusieurs compartiments du jeu. Sous le maillot « Ciel et Marine », André Ayew espère renouer avec sa forme d'antan. Le contexte havrais ne peut que l'y aider.
Les évaluations ci-dessous sont obtenues en pondérant plusieurs métriques et permettent de juger la valeur du joueur.
> L1. J16 - Le Havre AC (11e - 16 points) / Nice (2e - 32 points), samedi 16 décembre à 17 heures au Stade Océane.