Des débuts tonitruants à la tête du Gym
25. C'est le nombre de rencontres que Didier Digard a dirigé sur le banc de l'équipe première de l'OGC Nice, entre janvier et juin 2023. Avant qu'il ne démarre la prochaine saison de Ligue 1 à la tête du HAC dans un mois et demi, c'est son unique expérience dans le monde professionnel en tant que coach. A l'époque, il avait succédé à Lucien Favre, débarqué de son poste après une triste élimination en Coupe de France contre Le Puy (N1). Nommé à ses débuts « entraîneur jusqu'à nouvel ordre », le jeune technicien (il soufflera sa 38e bougie ce vendredi) a connu un baptême du feu tonitruant : 12 journées sans défaite avec six victoires pour autant de nuls ! Au final, l'ex-milieu de terrain avait terminé le championnat avec un bilan de dix succès, sept nuls pour quatre défaites, soit le cinquième de L1 sur cette période derrière Lens, le PSG, Lyon et Lille. Certaines performances ont particulièrement marqué les observateurs à l'image de cette victoire 6-1 aux dépens de Montpellier pour sa première aux commandes du Gym, sans oublier des succès de prestige face à Lens, Marseille, Monaco et Lyon. Avec les Aiglons, Didier Digard a aussi dirigé quatre matches de Coupe d'Europe, plus précisément de Ligue Europa Conférence. Après une qualification contre les Moldaves du Sheriff Tiraspol (3-1, 1-0), ses joueurs étaient tombés en quart de finale face aux Suisses du FC Bâle après prolongation (2-2, 2-1).
Malgré des résultats solides dans l'ensemble et un jeu agréable à regarder, les dirigeants niçois ne l'avaient pas prolongé dans ses fonctions la saison suivante, lui préférant Francesco Farioli (qui vient de rejoindre l'Ajax Amsterdam). Le nouveau coach du HAC avait, lui, pris les rênes du groupe Elite : l'équivalent de la réserve mais ne disputant que des parties amicales contre des équipes européennes puisqu'il n'était pas inscrit dans une compétition gérée par la FFF. Admis à la promotion 2023-2024 du BEPF, il en a profité pour valider ce diplôme indispensable pour exercer en Ligue 1, Ligue 2 et en National. Suscitant ces derniers mois l'intérêt de nombreuses écuries comme il l'a confié lors de sa présentation, c'est dans son club formateur qu'il a décidé de poursuivre sa carrière d'entraîneur.
A Nice, une attaque prolifique, une défense solide
Evolution des xG de l'OGC Nice sous Didier Digard en L1.
Alors que l'OGC Nice semblait s'enfermer dans une spirale négative à la fin du second mandat de Lucien Favre, Didier Digard a su renverser cette dynamique en proposant un jeu plus proactif au cœur de la saison 2022-2023. Bénéficiant des arrivées de l'attaquant Terem Moffi (Lorient) et du milieu défensif Youssouf Ndayishimiye (Istanbul Başakşehir) au mercato d'hiver, le Gym est parvenu à opérer sa mue en déployant un jeu plus offensif et dominant, avec une grande efficacité dans les deux surfaces de réparation.
Durant les 21 journées de championnat dirigées par le nouvel entraîneur havrais, les Aiglons ont marqué 32 buts (soit une moyenne d'1,52/match pour 1,7 expected goals* sur cette période). Dans le même temps, ils n'en ont encaissé que 18 (soit une moyenne de 0,86/match pour 1,15 xG subi). Sur le graphique ci-dessus, on s'aperçoit que la moyenne des xG créée a presque toujours été supérieure à celle des xG subie ; les Niçois finissant même en trombe leur saison avec une moyenne de 2,4 buts marqués attendus sur les sept dernières journées. Sous la direction de Didier Digard, le club azuréen a également possédé la meilleure arrière-garde de L1, à égalité avec Lens. Cette performance prend principalement sa source dans la volonté de tenir le ballon plus que l'adversaire, matérialisant le concept de défendre en avançant.
*Nombre de buts attendus par match au regard de la fréquence et de la qualité des occasions obtenues ou concédées.
Une méthode à l'épreuve des moyens financiers du HAC
Nombre d'événements recensés durant les matches de l'OGC Nice lors de la saison 2022-2023 et leur localisation sur le terrain.
Provenant du site spécialisé Total Football Analysis, la carte de chaleur ci-dessus compare le nombre d'événements recensés durant les matches de l'OGC Nice et leur localisation sur le terrain avec Lucien Favre et Didier Digard comme entraîneur. On voit très clairement que le Gym a passé plus de temps dans la moitié de terrain adverse, en possession du ballon, avec l'ex-joueur du PSG sur le banc que sous la direction du technicien suisse. L'activité des deux milieux Khéphren Thuram et Hicham Boudaoui ainsi que les connexions entre les attaquants Gaétan Laborde et Tereme Moffi n'y sont pas étrangères.
Bien qu'il ait aligné majoritairement son équipe dans un 4-3-3, Didier Digard n'a pas été prisonnier d'un système. Il a également utilisé à plusieurs reprises le 4-2-3-1 et le 3-5-2, toujours avec la volonté de se montrer dangereux comme le prouvent les chiffres suivants :
> 53,2% de possession
> 30 attaques placées par match pour une moyenne de 9 tirs cadrés, supérieure à celle du PSG (8)
> 17,85 centres par match, aucune autre équipe n'en déclenchait plus en Ligue 1 sur cette période
Ce dernier chiffre traduit la manière dont les Aiglons se sont procuré de nombreuses occasions : en s'appuyant énormément sur la qualité de percussion de ses milieux et de ses excentrés. Ce style de jeu a permis de sublimer les qualités de finisseur des attaquants « Rouge et Noir ».
Des intentions de jeu qui ne sont pas sans rappeler celles de son prédécesseur à la tête de l'équipe havraise, Luka Elsner, et qui sont partagées par le board « Ciel et Marine », le directeur sportif Mathieu Bodmer en tête. Avec le fil conducteur d'un jeu proactif, le choix de Didier Digard semble donc tout à fait logique pour le HAC, au-delà des considérations affectives de faire revenir un ancien bézot de la Cavée Verte. Reste à savoir si ce style de jeu résistera à la dure réalité de la Ligue 1, surtout avec un mercato et des moyens financiers limités pour le club doyen ; le technicien normand ne disposera certainement pas de la même qualité d'effectif qu'à Nice. A lui de s'adapter...