« La LFP s’est prononcée ce jour sur la tenue des matches de Ligue 1 et de Ligue 2 à huis clos total jusqu'au 15 avril ». Par ce bref communiqué, la Ligue de football professionnel a mis fin en milieu d'après-midi au vrai-faux suspense qui courait depuis plusieurs heures. A la suite des annonces du Ministère de la Santé et de celui des Sports ces deux derniers jours, les clubs avaient encore la possibilité d'accueillir une jauge de 1 000 personnes dans leur enceinte pour leurs rendez-vous à domicile (tout compris : joueurs, staffs, dirigeants, personnels...). Mais à l'image de ce qui a été instauré en Serie A italienne un peu plus tôt, la LFP a tranché : les quatre prochaines journées de L1 et de L2 se dérouleront sans spectateur.
Conséquence de l'épidémie de coronavirus frappant en France (1 784 cas confirmés pour 33 décès ce mardi). Pour le Stade Malherbe, cette décision concerne les réceptions du Paris FC (J30. le 20 mars) et d'Auxerre (J32. le 10 avril) ainsi que les déplacements à Valenciennes dès ce vendredi (J29. le 13 mars) et à Orléans (J31. le 3 avril). Pour le HAC, il s'agit des visites à Lorient, lundi soir (J30. le 16 mars) et à Nancy (J31. le 6 avril). Les « Ciel et Marine » accueilleront aussi Valenciennes (J30. le 20 mars) et Sochaux (J32. le 10 avril) dans un Stade Océane vide.
Au regard de la gravité de la crise sanitaire traversée par notre pays, les répercussions sur le football professionnel apparaissent, bien entendu, secondaires. Tous les acteurs interrogés en sont parfaitement conscients. Pourtant, elles existent bel et bien, notamment sur le plan économique. Au SMC, derrière les droits TV et les partenaires privés, la billetterie représente le troisième pôle de rentrée d'argent (10 212 spectateurs de moyenne cette saison, la troisième de L2 après Lens et Nancy). Si l'on reprend le rapport de la DNCG lors de son dernier exercice en Ligue 2 (2013-2014), les « recettes matches » s'élevaient à hauteur de 2 167 000 M€, soit une moyenne de 114 000 € par rencontre (sur une base de 19 journées à domicile). S'ils ne constituent que des estimations, ces chiffres donnent une idée du futur manque à gagner pour le club normand.
114 000 € de recette moyenne par match pour le SMC en L2 en 2014
Sans compter qu'il faudra rembourser les tickets que les supporters se sont déjà procurés pour ces fameuses confrontations. "On remboursera les gens qui ont acheté leur billet de manière individuelle", annonce sans détour Fabrice Clément. Quid des abonnés (plus de 7 000) et des partenaires (environ 750) ? "On traitera bien sûr avec eux. Maintenant, ce n'est pas la même chose si cela concerne une, cinq ou dix journées. La question qu'on se pose, c'est combien de temps cette situation va durer. On ne va pas se jouer à se faire peur mais ça peut s'étendre sur plusieurs mois", poursuit le président caennais inquiet dans la perspective... de la saison prochaine. "Comment lancer une campagne d'abonnements dans ces conditions", s'interroge-t-il.
Le Stade Malherbe devra également négocier avec ses sous-traitants opérant les soirs de match à d'Ornano (sécurité, hôtesses, traiteur...). Pour eux aussi, les pertes financières devraient être salées. Une rencontre de « foot pro » générant tout un écosystème. Confrontés à ces multiples préjudices, les dirigeants normands, comme leurs homologues des autres équipes françaises, vont décortiquer leur(s) contrat(s) d'assurance pour savoir s'ils sont couverts. "C'est assez peu probable qu'ils prévoient ce cas de figure", prévient Fabrice Clément.
Et sur le plan sportif ? "C'est clairement pénalisant", ne cache pas Pierre Wantiez, le directeur général du HAC ; un club doyen dont les recettes billetterie se montaient à 960 000 € la saison précédente. "Pour notre prochain rendez-vous, comme les Lorientais traversent une mauvaise passe (quatre défaites sur les cinq dernières sorties), on aurait pu imaginer que leur public les chahuterait un peu ; ce qui aurait pu être une bonne chose pour nous". Au Havre, au regard de son calendrier (réception de Clermont et d'Ajaccio au mois de mai, deux de ses principaux concurrents dans la course aux play-offs), on prie surtout pour que ces huis clos ne s'étendent pas au-delà du 15 avril. "Ce ne sera pas la même chose avec le soutien de nos supporters que dans un stade vide".