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Yassine Kechta : "Dans ma tête, pour moi, Le Havre, c’était fini"

Depuis le départ de Victor Lekhal durant le mercato, Yassine Kechta est le plus ancien joueur de l'effectif havrais. Il a rejoint le club doyen en U15. ©Damien Deslandes

Sa fracture du péroné : Quatre mois éloignés des terrains

"Sur le coup, j’ai entendu un gros crac"

La scène se déroule le 1er avril. On joue depuis trois minutes quand le pied de Yassine Kechta se plante dans la pelouse du Nouste Camp à Pau. "Ma cheville a tourné, il y a eu une rotation et ça a pété", se souvient le milieu relayeur du HAC, obligé de rejoindre les vestiaires dans les bras du kiné Florian Thélamon. "Sur le coup, j’ai entendu un gros crac. Direct, je ne sentais plus mon pied. Il a gonflé comme si j’avais une grosse entorse". Une blessure, la première de cette ampleur dans sa carrière naissante, qui lui a occasionné une sacrée frayeur. "Sur le moment, tu te dis : « Qu’est-ce qui se passe ? »". Rapidement rassuré par le staff médical, il subira une intervention chirurgicale quelques jours plus tard. Résultat : quatre mois d’indisponibilité et une course à la montée en Ligue 1 à suivre par procuration, depuis les tribunes. "Quand tu retrouves dans cet état, il y a plusieurs sentiments qui se mélangent : de la frustration, du stress… Tu réfléchis beaucoup. Tu te demandes ce que tu peux faire pour revenir le plus vite possible. Sur certains matches à l’extérieur que j’ai regardé à la TV, j’étais tendu. Je gère mieux mes émotions sur le terrain".

Privé également de la CAN U23, cet été, que le Maroc a remporté grâce à un but en finale de son coéquipier en club Oussama Targhalline, Yassine Kechta a quand même accompagné la sélection sur le début de sa préparation, au centre national Mohamed VI. "Le coach Issame Charaï m’a dit que j’étais le bienvenu. Ça m’a aidé dans ma récupération car sinon à cette période, j’aurais dû faire mes soins seul. Là, j’étais avec un groupe".

Un homme qui compte : Mohamed El Kharraze

"Quand Momo m’a appelé, ce fut un soulagement"

Quelle tournure aurait pris la carrière de Yassine Kechta si Paul Le Guen, qui ne croyait pas trop en ses capacités, était resté l’entraîneur du HAC ? Une chose est sûre, il ne défendrait pas, aujourd’hui, les couleurs « Ciel et Marine ». "La direction précédente m’avait indiqué qu’elle ne me proposerait pas de contrat pro. Dans ma tête, pour moi, Le Havre, c’était fini. J’avais commencé à déménager. J’avais des touches avec des clubs mais rien de concret. Je ne savais pas où j’allais aller, ce que j’allais faire". Pendant cette période d’incertitudes, l’international marocain s’est même interrogé sur la suite à donner à sa carrière. "Parfois, tu te dis : « Je vais arrêter le foot »".

Mais un coup de fil en juin 2022 a tout changé. A l’autre bout de la ligne, Mohamed El Kharraze, l’homme qui l’avait repéré en région parisienne et recruté à l’époque à la Cavée Verte. De retour au HAC en tant qu’adjoint du directeur sportif Mathieu Bodmer, il lui formule une offre avec un contrat « pro » de trois ans à la clé. "Quand Momo m’a appelé, ce fut un soulagement. Je n’étais même pas au courant qu’il revenait au club", rembobine celui qui est depuis le départ de Victor Lekhal le plus ancien joueur de l’effectif havrais. "Je ne peux que les remercier (Mathieu Bodmer et Mohamad El Kharraze). Ils m’ont fait confiance. A moi de la leur rendre". Au regard de ses performances la saison dernière, on peut affirmer, sans trop se tromper, qu’il n’a pas trahi ses dirigeants. Car parapher un bout de papier est une chose, devenir un titulaire indiscutable du onze de départ de Luka Elsner en est une autre. "Signer ce contrat pro m’a libéré", confie-t-il. "Quand tu es au centre de formation, ton objectif est de passer pro. Echouer sur la dernière marche, c’est très dur. Alors quand on te donne une nouvelle chance, tu ne la lâches pas".

Partenaires sur le terrain et amis dans la vie, Yassine Kechta et Arouna Sanganté (de dos) s'adonnent ensemble à de grandes parties de Fifa sur Playstation, avec le mode de jeu Club Pro. ©Damien Deslandes

Le Maroc : Sélectionné avec les demi-finalistes du Mondial

"Je crois que mon père était encore plus content que moi"

Au cours d’un exercice 2022-2023 qui l’a vu changer de statut, passant de joueur anonyme en réserve (N3) à révélation du championnat de Ligue 2, Yassine Kechta a connu l’immense bonheur d’être retenu en équipe nationale du Maroc, en mars. Et pas pour n’importe quel rassemblement puisqu’il s’agissait du retour au pays des protégés de Walid Regragui après leur demi-finale à la Coupe du Monde au Qatar, quelques mois plus tôt. Que de chemin parcouru pour le jeune Havrais qui se voit encore dans les travées du Stade de France, du haut de ses 5 ans, pour assister à la rencontre entre la France et le Maroc en compagnie de sa famille (2-2, le 16 novembre 2007). S’il n’a pas eu la joie d’entrer en jeu sur les deux affiches figurant au programme des Lions de l’Atlas, le n°8 des « Ciel et Marine » n’est pas près d'oublier ces dix jours. "L’ambiance était incroyable. Contre le Brésil, quand on est arrivé sur le terrain pour faire notre reconnaissance, le stade était déjà plein. C’était magique".

Tout comme les circonstances dans lesquelles il a appris sa convocation. "On effectuait un réveil musculaire avant un match. Quand je suis revenu dans ma chambre, mon téléphone n’arrêtait pas de sonner. J’ai été surpris d’être sélectionné", témoigne Yassine Kechta qui se trouvait déjà dans le radar de la Fédération depuis plusieurs années ; en attestent ses nombreuses capes au sein des équipes jeunes avec notamment deux participations à la CAN U17 et U20. Aussitôt l’heureuse nouvelle dévoilée, ce fan de Mbark Boussoufa a directement appelé son père, Larbi. "Je crois qu’il était encore plus content que moi (sourire)". Une sélection qui a également comblé de joie le reste de sa famille, ses grands frères, Lahcen et Heshan, sa petite sœur, Jihane, et sa mère, Fatima, grande supportrice des Lions de l’Atlas. "Ma mère, avant, elle ne regardait que le foot marocain, que l’équipe nationale. Heureusement que j’y suis maintenant", lance-t-il, dans un grand éclat de rire. Toutefois, que le milieu relayeur se rassure, depuis qu’il évolue chez les « pros », sa maman fait une entorse pour les matches du HAC.

Une passion : Fifa sur Playstation

"Avec Arouna, on essaye de ne pas trop jouer car sinon, on ne dort pas beaucoup"

A l’image de beaucoup de jeunes footballeurs de son âge, Yassine Kechta est un adepte des consoles de jeux vidéo et plus particulièrement de la simulation de ballon rond Fifa. "Je joue à Club Pro en ligne avec mes potes. C’est un mode de jeu où on contrôle chacun un joueur différent qu’on a créé au sein d’une équipe fictive", explique le n°8 des « Ciel et Marine » pour les plus anciens d’entre nous. Il s’adonne souvent à ce plaisir avec son partenaire Arouna Sanganté. "On essaye de ne pas trop jouer car sinon, on ne dort pas beaucoup (rire)".

D’ailleurs, en parlant de Fifa, Yassine Kechta a eu une belle surprise l’année dernière en découvrant que son avatar figurait dans le jeu. "Direct, tu vas l’acheter. Bon, on ne m’avait pas très bien noté". Et quand il joue, quel club choisit-il ? Le Havre ? "On n’est pas très bien noté. C’est plus simple avec le PSG (sourire). On va surveiller le prochain". A défaut d’être performante sur le terrain virtuel, Yassine Kechta espère bien que sa formation créera la surprise sur les pelouses de Ligue 1.

> L1. J1 - Montpellier / Le Havre AC, dimanche 13 août à 15 heures au Stade de La Mosson.

Yassine Kechta

> Né le 25 février 2002 à Paris (13e arrondissement).

Milieu relayeur. Gaucher. 1,70 m pour 63 kg.

Parcours : ES Gennevilloise (2008-2010), Racing (2010-2014), Paris FC (2014-2015), Le Havre AC (2016-…).

International marocain.

Sous contrat jusqu’en 2026.

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