Il ne sera resté qu'un an sur le banc caennais. Recruté l'été dernier, Olivier Meurillon (53 ans) ne sera plus l'entraîneur de l'Avant-Garde la saison prochaine. Sous sa direction, le club dirigé par les deux co-présidents Bruno Belas et Fabrice Dartois s'est hissé à la deuxième place de la poule de N3 normand après avoir frôlé la relégation durant l'exercice précédent. D'un commun accord, comme le veut la formule consacrée, les deux camps se sont entendus sur une séparation à l'amiable alors que le technicien passé par les équipes de France jeunes possédait encore un an de contrat. Un départ qui se trouvait dans les cartons depuis plusieurs semaines. En témoigne, la rapidité avec laquelle le futur-ex-entraîneur de l'AGC a rebondi. Selon nos confrères d'Ouest-France, il se serait déjà mis d'accord avec Saumur (N2).
Si les dirigeants caennais et Olivier Meurillon ont décidé de ne pas poursuivre l'aventure ensemble, c'est qu'ils ont des regards différents sur l'avenir sportif de l'Avant-Garde. Défendu par Bruno Belas, le projet de coaching collaboratif pourrait être totalement relancé à court terme(1). "On va disposer d'une appli opérationnelle pour United Managers. On va pouvoir enfin exploiter complètement le potentiel du concept", annonce le co-président de l'AGC. Un enthousiasme que n'a pas contaminé l'ancien entraîneur adjoint de Toulon. Cette saison, l'avis des supporters-internautes, les fameux « Umans », n'était que consultatif. "Si je n'ai plus pleinement la main pour composer l'équipe, la donne a clairement changé", expose le technicien, venu en Normandie avec l'ambition de monter en N2 d'ici 2024.
Jacques Pleurmeau, le principal partenaire financier, s'en va aussi
S'il va au bout de son idée, Bruno Belas va donc devoir engager un successeur à Olivier Meurillon qui accepte de partager une partie de ses prérogatives avec des fans regardant les matches, la plupart du temps, derrière leur écran, sous réserve que la Fédération française donne son aval ; ce qui n'avait pas été le cas en 2018(2). Il faut dire que quand il est question du statut de l'éducateur en France, le sujet est sensible. Ce changement de cap, ou ce retour au projet initial selon le point de vue où l'on se place, ne provoque pas seulement le départ du coach. Faisant partie des principaux partenaires privés de l'Avant-Garde, si ce n'est le n°1, Jacques Pleurmeau quitte lui aussi le club caennais, ne se retrouvant pas non plus dans le concept United Managers.
Alors qu'il est quasi-acquis que des éléments comme Malcom Périan et Zourab Sopromadze, au regard de leurs performances, de leur potentiel et des sollicitations dont ils font l'objet, ne seront plus à l'AGC à la reprise de l'entraînement en juillet (des pistes en National sont évoquées), le départ de « ce mécène » suscite quelques interrogations en interne. Pourtant, l'homme d'affaires spécialisé dans le développement de résidences seniors minimise son impact sur le financement de l'équipe première(3). Via son réseau, il assure surtout avoir pris en charge le salaire d'Olivier Meurillon, qu'il a largement contribué à faire venir il y a 11 mois maintenant, et les frais qui y sont liés. Un discours qui n'a pas dû être entendu par toutes les composantes du club ; certains joueurs s'interrogeant sur leur avenir.
(1)Depuis 2017, United Managers, associé à l'AG Caen, porte le concept d'un coaching collaboratif : une équipe dirigée à distance par ses supporters-internautes (les Umans) qui décident du système tactique utilisé, de la composition d'équipe ou encore des changements en cours de match. Le tout grâce à la retransmission en direct de l'ensemble des rencontres sur les différentes plateformes et les réseaux sociaux. Un projet qui depuis son lancement a suscité de nombreuses contestations.
(2)Dans le procès-verbal de son assemblée générale du 8 décembre 2018, la FFF stipulait qu'« aucun club ne peut signer de contrat ni établir de partenariat permettant à un tiers d'acquérir (…) la capacité d'influer sur l'indépendance ou la politique d'un club ou encore sur les performances de ses équipes ». Avant d'ajouter concernant le statut de l'éducateur, qu'« aucune tierce partie ne peut remettre en cause la responsabilité réelle de l'équipe détenue par l'entraîneur principal (…) en tentant d'une quelconque manière d'imposer ou d'influencer ses choix ».
(3)Sur un budget global pour l'ensemble du club tournant autour des 550 - 600 000 € pour cette saison 2022-2023, l'AG Caen en consacrerait pratiquement les deux tiers pour son équipe première. Sur cette somme d'environ 400 000 € selon nos informations, plusieurs sources évoquent un apport compris entre 120 et 140 000 € de la part de Jacques Pleurmeau dont la moitié servirait donc à rétribuer l'entraîneur (salaire + charges + primes) ; un montant (pour la fourchette haute de 140 000 €) fermement démenti par le co-président Bruno Belas.