Comment Le Havre s'est-il porté candidat ?
Le 8 juin, le Stade Océane va accueillir la première de ses sept rencontres de la Coupe du Monde féminine. L'aboutissement d'un processus de cinq ans. Pour retrouver les origines de la candidature havraise, il faut remonter en 2014. "C'est le HAC, présidé à l'époque par Jean-Pierre Louvel, qui nous a signalé que la France s'était positionnée pour l'organisation du Mondial 2019. Le club nous a demandé si on était Ok pour l'accompagner. Avec le Stade Océane et ses 25 000 places, on disposait de l'outil idéal. On a donné une réponse favorable et on a signé un protocole d'accord", raconte Sébastien Tasserie, l'adjoint au Maire, chargé du sport et de la jeunesse.
Quelques mois plus tard, la FIFA attribue officiellement la Coupe du Monde à la France. Une douzaine de villes se portent volontaires pour recevoir les 52 matches de la compétition. Seules neuf seront élues*. "Avec Edouard Philippe (le maire jusqu'en 2017 avant d'être désigné Premier ministre), on a défendu notre dossier pendant quasiment un an. Très régulièrement, une équipe de la Fédération française est venue nous rendre visite pour suivre nos avancées".
Dès le début de cette aventure, toutes les collectivités et l'ensemble des composantes de la famille du football sont associées : le Conseil régional, le Conseil départemental de Seine-Maritime, la communauté urbaine du Havre Seine Métropole, la Ligue et le District. "On a toujours inscrit notre candidature sur le territoire normand. On ne l'a jamais limitée aux frontières de notre ville", souligne Sébastien Tasserie. Quand il rachète le HAC en 2015, le président Vincent Volpe, amoureux du football féminin, s'investit pleinement dans ce projet. Et à l'issue d'un grand oral devant la FFF, Le Havre est choisi pour devenir l'un des sites accueillants.
*En plus du Havre, Paris (avec le Parc des Princes), Valenciennes, Reims, Lyon, Nice, Grenoble, Montpellier et Rennes ont été choisies.
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Comme l'investissement, en million d'euros, réalisé par la ville du Havre pour la Coupe du Monde. Une somme qui concerne principalement le village d'animations situé sur le secteur de la plage (ouvert quand des matches auront lieu au Havre et quand l'équipe de France jouera dans ce Mondial) et sur les terrains d'entraînement, à la Cavée Verte et à Caucriauville, qu'utiliseront les sélections nationales durant la compétition.
Quelles retombées pour la ville du Havre ?
La Coupe du Monde au Havre s'annonce comme une immense fête populaire. D'ailleurs, à quelques jours du match d'ouverture, les chiffres de la billetterie du Stade Océane sont excellents ; le point d'équilibre financier (correspondant à une moyenne de 12 000 spectateurs pour une capacité totale de 24 000 places) ayant déjà été atteint. "Si on m'avait dit que trois mois avant le coup d'envoi de la compétition, on aurait déjà une rencontre à guichets fermés en phase de poules (Suède - Etats-Unis), j'aurais signé des deux mains. Il y a un vrai engouement sur le territoire pour le football féminin", s'enthousiasme Sébastien Tasserie. Les 22 870 spectateurs présents le 19 janvier pour France - Etats-Unis en amical avaient constitué un excellent indicateur.
Durant un mois, des supporters des quatre coins du Monde vont affluer en masse. "Le LOC (Comité local d'organisation) nous a indiqué que quasiment la moitié des billets avaient été réservés par des étrangers alors que ses estimations prévoyaient 10%". La cité portuaire ne va pas échapper à cette règle. "Le jour où les Pays-Bas jouent chez nous (le 11 juin), leurs fans nous ont demandé de réaliser une déambulation dans la ville. On attend une délégation de près de 3 000 Néerlandais", annonce l'adjoint au Maire, chargé du sport et de la jeunesse. Autant de personnes qui vont se nourrir, se loger, consommer sur place.
"Alors qu'ils pensaient atteindre leur taux d'occupation maximum pour le 75e anniversaire du Débarquement (6 juin) ou pour l'Armada de Rouen (6-16 juin), les hôteliers nous expliquent qu'ils constatent de véritables pics de fréquentation les jours de matches", rapporte Sébastien Tasserie. "A chaque fois qu'on organise une compétition, elle génère des retombées économiques à la mesure de ce qu'on investit. On l'avait constaté il y a deux ans (en 2017) pour le départ de la Transat Jacques-Vabre. On avait commandé une étude d'impact. Ses conclusions nous plaçaient dans un rapport de deux à trois (pour un euro d'investissement public, deux à trois euros de consommés par les spectateurs)". Avec le Mondial féminin, Le Havre est gagnant sur tous les plans.
Une affiche made in Le Havre
Dans le cadre de la campagne de promotion de la Coupe du Monde féminine, chaque ville accueillant des matches a lancé un concours pour se doter de sa propre affiche de communication. Au Havre, c'est la proposition d'Armelle Rospape qui a été retenue.
On y retrouve le visage d'une femme, un ballon de football mais aussi une vague pour symboliser la cité portuaire, le tout avec les couleurs ciel et marine, chères au club du HAC. Petit détail qui fait toute la différence avec la référence aux claustras d'Auguste-Perret (l'architecte de la reconstruction de la ville après la Seconde Guerre mondiale).