Le gardien
Anthony Mandrea permet au Stade Malherbe d'y croire encore
Avec ses 12 clean sheet, Arthur Desmas (28 ans) aurait, bien entendu, largement mérité de figurer dans ce XI type de la phase aller. Mais le portier havrais commande un bloc défensif tellement solide (seulement sept buts encaissés, un record en L2 à ce stade de la saison) qu'il se retrouve souvent au chômage technique. "C'est le gardien le moins sollicité de Ligue 2", rappelle en préambule Benoît Donckele, journaliste à Paris-Normandie. "Jusqu'à présent, on ne l'a pas vu faire le chaud pendant 90 ou même ne serait-ce que 45'. Je me souviens que lors de la dernière montée du HAC (en 2008), Christophe Revaut nous avait plusieurs fois sorti quatre-cinq arrêts en une mi-temps". Maintenant, si le club doyen compte 11 points d'avance sur le troisième (Metz), il le doit aussi à l'ex-Clermontois. "Le peu qu'il a à faire, il le fait très bien. Il est notamment rassurant sur ses sorties aériennes", souligne Benoît Donckele.
Pour s'installer dans les cages de notre équipe normande, on s'est tourné vers Anthony Mandrea (26 ans), autrement plus sollicité que son homologue havrais. D'ailleurs, où en serait le Stade Malherbe sans les multiples parades de son gardien ? "Il est solide, rassurant, décisif... Rien que sur les deux derniers matches où il te permet de rester en vie contre Bordeaux et où il réalise cette parade dans les arrêts de jeu à Sochaux", fait remarquer Valentin Pineau, l'un des suiveurs attentifs des « Rouge et Bleu » pour le journal Ouest France. Les doutes qui avaient accompagné son recrutement l'été dernier semblent très loin. "J'ai l'impression qu'il n'a pas déçu une seule fois". Preuve de la qualité de sa première partie de saison, le débat sur l'avenir de Sullivan Péan, aujourd'hui en prêt à Dunkerque (N1), est pour le moment clos. "Je pense qu'Anthony Mandrea va tenir un rôle important dans la deuxième moitié de championnat, surtout si Malherbe veut jouer le haut du classement".
Les latéraux
Le régulier Oualid El Hajjam à droite, le "moteur" Ali Abdi à gauche
Entre un Hugo Vandermersch (SMC) en difficulté cette saison et un Nadjib Cissé (QRM) qui commence à peine à pointer le bout de son nez sur ce poste (touché au ménisque, le Malien s'est fait opérer et sera absent plusieurs semaines), le très régulier Oualid El Hajjam (31 ans) n'a pas eu de mal pour s'installer dans le couloir droit de notre défense. "C'est un guerrier", lance Benoît Donckele. "Pendant 90', il ne s'économise pas, il s'arrache tout le temps". Ayant déjà connu deux montées en Ligue 1 avec Amiens et Troyes, l'international marocain fait aussi parler son expérience. "Il a un peu de vice". De plus, il s'est imposé comme un cadre de ce HAC « new look ». "Il s'est rapidement installé dans le vestiaire", confirme le journaliste de Paris-Normandie.
Son alter ego à gauche, Christopher Opéri aurait pu également faire partie de ce XI type. "C'est un pari gagnant sachant qu'il n'avait disputé que dix matches la saison dernière en Belgique (avec La Gantoise)", replace comme contexte Benoît Donckele. "Son rôle est particulier car il est très offensif. D'ailleurs, son positionnement est plus entre le latéral et l'excentré en réalisant régulièrement des dédoublements. Mais il ne doit pas oublier que sa première mission, c'est de défendre. Il ne faut pas que ça parte dans son dos. Il doit trouver le juste équilibre".
Pour le poste d'arrière gauche, notre choix s'est porté sur Ali Abdi (deux buts pour autant de passes décisives, un penalty provoqué), "le moteur" du Stade Malherbe pour reprendre les propos de Valentin Pineau. Pour le journaliste à Ouest France, le club caennais est presque Abdi-dépendant. "J'ai envie de dire que quand Ali Abdi est bon, Malherbe est bon et que quand Ali Abdi est en dessous, Malherbe est en dessous. A lui seul, par ses courses, sa présence incessante, sa qualité offensive, il peut changer le visage de son équipe". Pourtant, l'international tunisien ne fait pas tout bien. "Je le trouve moins fort que la saison dernière. Il y a du déchet, deux-trois mauvais placements mais il en fait tellement à côté qu'on a l'impression qu'il ne fait jamais un mauvais match".
La charnière centrale
Arouna Sanganté - Gautier Lloris : les infranchissables
C'est certainement le secteur de jeu où les candidats pour intégrer notre équipe type sont les plus nombreux. Mais comment ne pas mentionner le duo Arouna Sanganté - Gautier Lloris ? Avec cette charnière, on a le sentiment qu'il ne peut rien arriver au HAC. D'un côté, Arouna Sanganté (20 ans), le patron du haut de ses 20 ans. "Pourtant, il y a un an et demi, ce n'est pas le jeune qu'on attendait", rembobine Benoît Donckele. "Il est solide, sérieux, mature. Comme le dit Luka Elsner, il pourrait être capitaine". De l'autre, Gautier Lloris (27 ans), peut-être la plus belle surprise du recrutement estampillé Mathieu Bodmer. Avant qu'il ne s'engage avec le club doyen, le frère cadet d'Hugo gardait un souvenir contrasté du Stade Océane. "Il avait inscrit un CSC avec Auxerre".
D'ailleurs, le Niçois d'origine aurait pu ne jamais porter le maillot « Ciel et Marine ». "C'est un sacré concours de circonstances qu'il soit au Havre. Au départ, le club voulait Denys Bain. Finalement, c'est Auxerre qui le recrute. Du coup, le HAC choisit Gautier Lloris que Jean-Marc Furlan (l'ancien coach de l'AJA) voulait garder mais ses dirigeants ont mis leur veto". Auteur d'interventions aussi déterminantes que parfois improbables (ce plongeon la tête en avant contre Sochaux !), Gautier Lloris revient de loin. "La saison dernière, il a longtemps été blessé, il a rechuté, il n'a réalisé que trois apparitions en championnat. Je sais que des clubs de National l'ont refusé", révèle le référent du HAC pour Paris-Normandie depuis 25 ans.
En défense centrale, on aurait pu également citer Syam Ben Youssef s'il n'avait pas manqué les neuf premières journées. "Son arrivée (premier match face au Stade Malherbe, le 1er octobre) coïncide avec le redressement de QRM qui se trouvait au plus mal à ce moment avec deux défaites avant la trêve internationale contre deux promus : Laval et Annecy. Son impact a été immédiat", témoigne Victorien Lenud qui suit les performances des « Rouge et Jaune » au quotidien pour Paris-Normandie. "Il a stabilisé la défense, il s'est montré rassurant, il a apporté de la sérénité...". Qui plus est, l'international tunisien s'est rapidement imposé comme "un taulier" dans le groupe d'Olivier Echouafni.
Les milieux de terrain
Le taulier Victor Lekhal, la surprise Yassine Kechta, la révélation Balthazar Pierret
S'il continue à ce rythme, il briguera, à n'en pas douter, le titre de meilleur joueur de Ligue 2 de cet exercice 2022-2023. Si, bien sûr, on n'est pas dans la tête de Luka Elsner, on est tenté de penser que quand il compose son XI de départ, c'est le nom de Victor Lekhal (28 ans) qu'il couche en premier. "Il a retrouvé le niveau qui était le sien avant sa dernière blessure (rupture des ligaments croisés en 2019 ; la troisième de sa carrière), à l'époque où la sélection algérienne lui a ouvert la porte, que des clubs de Ligue 1 commençaient à le suivre", estime Benoît Donckele à propos de la sentinelle du HAC. "Il joue de nouveau vers l'avant alors que sous Paul Le Guen, c'était 80% de passes vers l'arrière ou de passes latérales". Comment expliquer un tel changement de visage ? "Il met en avant qu'il reprend du plaisir". Et cerise sur le gâteau, il fait trembler les filets adverses (déjà quatre buts cette saison), lui qui ne marquait jamais (une réalisation précédemment dans toute sa carrière « pro »).
Dans le cœur du jeu, le capitaine des « Ciel et Marine » est accompagné par l'un de ses partenaires : Yassine Kechta (20 ans). "C'est la grande surprise", ne cache pas le journaliste de Paris-Normandie. "Même si Yassine Kechta a souvent été blessé quand il était à la tête de l'équipe, Paul Le Guen n'y croyait pas vraiment. Si Paul Le Guen était toujours en place, peut-être qu'aujourd'hui Yassine Kechta jouerait en N3 dans un club du coin", s'interroge le spécialiste du HAC. "Il apporte une touche d'audace, de technique, de fraîcheur...", poursuit Benoît Donckele qui signale, toutefois, un bémol. "Il faudrait qu'il tienne plus d'une heure. En seconde période, il a tendance à disparaître des radars". Alors qu'il dispute sa première saison chez les « pros », ce pur produit de la Cavée Verte sait où se situe sa marge de progression.
Pour compléter notre trio de milieux de terrain, Balthazar Pierret (22 ans), l'une des révélations de la phase aller sous le maillot de QRM, s'est détaché. Un peu raillé à son arrivée en Normandie l'été dernier pour avoir évolué dans trois équipes qui sont descendues la saison d'avant (l'équipe première et la réserve de Boulogne-sur-Mer, le Dinamo Bucarest en Roumanie), le joueur formé à l'OGC Nice ne fait plus rire personne. "Après la trêve internationale d'octobre, il s'est révélé au poste de sentinelle", confie Victorien Lenud. "Il a un gros abattage, il harcèle, il fait parler sa qualité de pied avec des renversements". Si Balthazar Pierret doit encore gagner en maturité à l'image de ce carton rouge contre Bastia qui lui a coûté deux matches de suspension, on murmure qu'il est surveillé de près par des écuries de Ligue 1. "Il sera compliqué de le retenir l'été prochain", prédit le journaliste de Paris-Normandie alors que le n°4 des « Rouge et Jaune » sera en fin de contrat en 2024.
Les attaquants
Alexandre Mendy entouré par Issa Soumaré et Nabil Alioui
"C'est le poison n°1 de l'équipe". Voici comment Victorien Lenud décrit Issa Soumaré (22 ans). Au-delà de ses stats (quatre buts pour une passe décisive), c'est souvent des pieds du Sénégalais que jaillit l'étincelle dans l'animation offensive de QRM, même si Louis Mafouta est en train de monter en puissance (sept réalisations dont trois sur les quatre dernières journées). "C'est le joueur Ligue 1 - Ligue 2 confondues qui provoque le plus de duels. Il fout le bordel. On l'a vu face à Metz (J19. défaite 2-0, le 13 janvier), quand il n'est pas là (il a commencé le match sur le banc des remplaçants), l'équipe est moins dangereuse". Cependant, l'ex-attaquant d'Orléans se montre moins décisif depuis quelques semaines. La rançon du succès selon le journaliste de Paris-Normandie. "Il est devenu la cible des adversaires".
Lui est bien connu de la Ligue 2 mais on a l'impression de le redécouvrir durant cet exercice 2022-2023. Avec cinq réalisations et deux passes décisives, Nabil Alioui est l'arme offensive n°1 du club doyen. Surtout que le Franco-marocain marque des buts qui comptent. "Avant la trêve Coupe du Monde, quand le HAC se fait secouer à QRM et à Guingamp, il en a une, il la met au fond. Contre Metz, c'est un but et une passe dé. Il est vraiment décisif", souligne Benoît Donckele. Un visage très éloigné de celui affiché lors de ses deux premières saisons du côté de la cité Océane. "Avant, il était un peu emprunté. Quand il fallait chamailler, il n'y allait pas ou alors sur la pointe des pieds et techniquement, ce qu'il tentait ne passait pas". Oui, mais ça, c'était avant...
Titulaire à la pointe de notre attaque dans notre XI type, Alexandre Mendy - avec huit buts et deux passes décisives en 19 apparitions (il n'a pas manqué une seule journée) - est en train de confirmer ses performances de l'exercice précédent (16 réalisations). "On aurait pu croire qu'il était en surchauffe la saison dernière mais il prouve qu'il a le potentiel pour en planter encore 15 cette année", lance Valentin Pineau. Pour ce suiveur attentif du Stade Malherbe, l'avant-centre bissaoguinéen a pris une importance encore plus grande au sein du collectif caennais. "Il est toujours efficace devant le but, il a amélioré sa qualité de remise et devant, il se dépouille. Il est bien plus affûté qu'il y a trois ans. Si on interroge tous les défenseurs de Ligue 2 sur l'attaquant le plus compliqué à prendre au marquage, je pense qu'Alex Mendy n'est pas loin d'être n°1". Passé par Nice, Bordeaux et Guingamp, Alexandre Mendy est aussi en quelque sorte le porte-bonheur du SMC. "A chaque fois qu'il a marqué, Malherbe a pris des points". A voir si cette statistique se confirmera sur les matches retour.