1. La formation au HAC
Originaire de la région parisienne, Romain Lejeune est repéré par le HAC à l’âge de 13 ans par l’intermédiaire du recruteur Alain Bornand. A cette époque, le jeune gardien fait l’objet de nombreuses sollicitations : PSG, Lens, Reims… "Mais quand mon coach à Vaires-sur-Marne, Sébastien Toullec, a su que j’étais pisté par Le Havre, il m’a conseillé d’oublier tous les autres clubs", se souvient le portier de QRM. "Son avis a beaucoup compté. Il a su très bien m’encadrer. Il a parlé et rassuré ma mère (Laurence)". Le point de départ d’une aventure de sept saisons avec les « Ciel et Marine » qui le conduira jusqu’au groupe « pro ». "Je l’ai intégré à 16 ans. J’ai fait trois bancs dont un en Ligue 1 à la Beaujoire. On avait gagné (2-1, le 2 mai 2009). Le président (Jean-Pierre Louvel) m’avait offert l’équipement. « Garde tes maillots, c’est cadeau », m’avait-il lancé". Il ne lui aura manqué qu’une apparition chez les « grands » pour que le tableau soit parfait. Mais dans les cages normandes, la concurrence était féroce. "Il y avait Christophe Revault en titulaire, Johnny Placide en doublure, Mike Vanhamel en n°3. J’étais n°4 et derrière moi, il y avait Zacharie Boucher et Brice Samba". Rien que ça !
2. Le rebond en CFA
Barré par la concurrence au HAC, victime de l’éclosion de Zacharie Boucher et fragilisé par le départ de Nicolas Dehon, son entraîneur spécifique, Romain Lejeune, à 20 ans, fait le choix de rebondir en CFA (N2), à Wasquehal. "Le coach (Colbert Marlot) m’avait contacté. On se connaissait pour s’être affrontés à de nombreuses reprises. Il voulait monter une grosse équipe avec des jeunes issus de centres de formation", raconte le Normand d’adoption. Malgré la différence de structure par rapport au club doyen, l’adaptation dans le Nord se déroule plutôt bien même si l’actuel n°16 des « Rouge et Jaune » a dû modifier quelques-unes de ses habitudes. "Au Havre, on ne lavait pas notre linge. On donnait notre bannette après la séance et on récupérait nos tenues d’entraînement toutes propres le lendemain. Là, ça m’a changé (sourire)". Sportivement, Romain Lejeune réalise une grosse saison, au point d’être à deux doigts de signer au RC Lens ! "Comme Wasquehal était l’un de ses clubs partenaires, je m’entraînais deux fois dans la semaine là-bas". Mais finalement, le deal va capoter au dernier moment sans que le principal intéressé ne sache vraiment pourquoi encore aujourd’hui.
3. La signature (enfin) dans le monde « pro »
A la suite d’une nouvelle saison en CFA, à Ivry, Romain Lejeune, du haut de ses 22 ans, atteint son objectif : signer son premier contrat professionnel. "Tu te dis qu’enfin, ton travail paye, que tu n’as pas fait tous ses efforts pour rien, que tu n’es pas parti de chez toi à 13 ans, en laissant ta mère et ta sœur toutes seules, sans raison". Après avoir failli s’engager à Clermont, c’est à Istres, en Ligue 2, que ce pur Francilien pose ses valises même si une panne de réveil a retardé la signature de 24 heures ! "Comme ma visite médicale était programmée en fin de matinée, à la Timone (l’un des hôpitaux de Marseille), je devais prendre un train très tôt. Mais mon téléphone s’est éteint et mon réveil n’a jamais sonné. Quand je me suis réveillé, j’ai vu qu’il faisait jour. Je me suis dit : « Ce n’est pas normal ». Quand j’ai rallumé mon téléphone, j’avais plein de messages et d’appels en absence de mon agent". En l’espace de deux saisons dans le Sud de la France, la deuxième en National, après la relégation de son équipe, le gardien quevillais dispute plus d’une trentaine de matches. Dommage que la fin de l’aventure se soit révélée aussi brutale avec le dépôt de bilan du FC Istres. "Du jour au lendemain, il n’y a plus eu de club, plus de direction, plus de nouvelle…".
4. La période de chômage
Après de nouveaux passages en CFA, à Fleury et à l’Athlético Marseille, entrecoupés d’une expérience de deux ans à Créteil, en National, Romain Lejeune, à l’aube de la trentaine, se retrouve sans club. "J’ai reçu des offres mais financièrement, ce n’était pas du tout intéressant", explique l’ex-pensionnaire de La Cavée Verte qui décide de privilégier sa famille. "J’avais consacré beaucoup de temps et d’énergie au foot. Mon fils, Nathan, rentrait à l’école. Ça a pesé dans la balance. Je ne me voyais pas faire bouger tout le monde, ma femme, Elodie, pour presque rien". Loin du monde « pro », le n°16 de QRM garde le contact avec le ballon rond via le club d’Octeville (R2) où évolue son beau-frère, Pierre Fouquet. "Ce n’était que du plaisir". En janvier 2020, il s’engage à Gonfreville (N3) qui a un besoin urgent d’un gardien. Mais l’aventure va s’arrêter prématurément ; la faute à la crise sanitaire. Alors que le monde du foot est à l’arrêt forcé, Romain Lejeune se met en quête d’un emploi. "Je n’allais plus avoir droit au chômage. Quand tu es habitué à avoir un salaire assez conséquent et que du jour au lendemain, tu n’as plus rien, ça fait bizarre. J’avais commencé à contacter les boîtes d’intérim".
5. La double casquette d’entraîneur-joueur à QRM
Comme un signe du destin, c’est à ce moment-là que Bruno Irles, fraîchement nommé à la tête de Quevilly-Rouen (pensionnaire de N1 à l’époque) à l’été 2020, contacte Romain Lejeune avec une proposition assez originale. "Il recherchait un gardien capable de suppléer Nico (Lemaître, prêté par Reims) en cas de besoin et d’assurer les séances spécifiques". Un statut constituant une nouveauté pour celui passé par Wasquehal, Istres et Créteil. "Je lui ai demandé un délai de réflexion car je me suis demandé si j’étais prêt à basculer coach. Mais quand on s’est rappelé, il m’a bien précisé que je serais un membre de l’effectif à part entière avec juste, cette particularité. Ça m’a paru un bon compromis entre le fait de poursuivre ma carrière et la possibilité de m’ouvrir une nouvelle porte". Après une saison avec cette double casquette, le Francilien est redevenu à 100% un joueur lors de cet exercice 2021-2022. Un souhait du principal intéressé. Avec la montée de QRM en Ligue 2, David Moulin a été engagé pour s’occuper des portiers seinomarins. Mais fort de cette première expérience de l’autre côté de la barrière, Romain Lejeune n’exclut pas un jour d’approfondir cette piste pour poursuivre son histoire d’amour avec le football.
Romain Lejeune
> Né le 21 mai 1991 (30 ans) à Drancy (Seine-Saint-Denis).
> Gardien. Droitier. 1,83 pour 85 kg.
> Parcours : Le Havre AC (2004-2011, formation-réserve, CFA), Wasquehal (2011-2012, CFA), Ivry (2012-2013, CFA), Istres (2013-2015, L2-N1), Fleury (2015-2016, NFA), Créteil-Lusitanos (2016-2018, N1), Athlético Marseille (2018-2019, N2), Octeville (septembre-décembre 2019, R2), Gonfreville (janvier-mars 2020), Quevilly-Rouen (2020-…, N1-L2).
> Sous contrat jusqu’en 2022.