Voilà un an, l'entraîneur de QRM Bruno Irles partait célébrer Noël en co-leader* du National sous les couleurs paloises. Signe du destin, celui qui n'avait pas poursuivi l'aventure en Ligue 2 avec le futur promu tient, un an plus tard, de nouveau les rênes de la troisième division française, juché cette fois-ci sur le traîneau quevillais. "C'est beaucoup de travail et ça prouve surtout que ce n'est peut-être pas dû au hasard", clame le coach de 45 ans. "Être en tête à Noël, ce n'est toutefois pas ce qu'on retiendra dans le CV mais c'est bel et bien le classement de QRM en fin de saison". Pour l'heure, tous les voyants sont en tout cas au vert chez les « Rouge et Jaune », au point qu'il est inévitable de ne pas oser penser à une possible montée en Ligue 2 dans quelques mois, ne serait-ce que du côté des observateurs. Quevilly-Rouen, c'est en effet du très sérieux dans ce championnat de N1 homogène et être premier à la trêve hivernale n'a rien d'insignifiant. Preuve en est : ces dix dernières années, 75% des équipes leaders ou co-leaders du championnat au moment des fêtes ont validé leur montée au printemps suivant.
Si les statistiques ont une vérité parfois balbutiante, elles n'enlèveront pas à QRM cet allant indéniable affiché au cours d'une première moitié de championnat très aboutie. 16 matches, neuf victoires, quatre nuls et trois défaites font ainsi le bonheur de Bruno Irles : "Être dans le haut du tableau, c'était l'ambition que nous avions avec mon groupe et il était important d'être dans le bon wagon. On reste dans le coup pour la deuxième partie de saison". En outre, le natif de Rochefort se satisfait évidemment du leadership mais n'en fait pas toute une histoire.
Sur le terrain, l'équipe seinomarine est-elle alors à la hauteur de son bilan statistique flatteur auquel on ajoutera au passage le statut de meilleure attaque du championnat (29 buts inscrits) ? La réponse est oui car le football produit par les joueurs de QRM se veut objectivement efficace et tourné vers l'avant. Nombre d'équipes se prennent les pieds dans le tapis lorsqu'elles aspirent à faire du jeu dans ce championnat et ce n'est pas le cas de la formation de l'ex-Haute-Normandie. "Ma grosse satisfaction, c'est aussi d'avoir créé un groupe", observe Bruno Irles. "J'ai 18 joueurs et tous vont être importants lors de la deuxième partie de saison. Ce n'était pas gagné d'arriver à un tel niveau en une demi-saison seulement". Le recrutement séduisant (Andrew Jung, Ottman Dadoune, Romain Padovani, Sami Belkorchia, Yassine Bahassa...) était un premier indicateur de la belle aventure à venir mais des équipes ambitieuses dans leurs emplettes estivales (Villefranche, Lyon) se morfondent présentement dans la zone rouge. Pas QRM.
Un groupe qui doit devenir un collectif
Qu'à cela ne tienne, il serait vain de tisser d'infinis lauriers à une formation qui n'a pour l'heure rien validé. Et cela ne surprendra personne de lire que Quevilly-Rouen n'est pas infaillible malgré sa première place. Ainsi, lorsqu'on l'a sollicité pour dresser un bilan à presque mi-parcours (la phase aller s'achèvera sur le terrain du SC Bastia le 11 janvier), Bruno Irles nous a repris sur notre contre-emploi, selon lui, du mot « collectif ». "J'ai un groupe, pas encore un collectif", insiste l'ancien joueur de l'AS Monaco. "J'analyse mes adversaires mais j'analyse aussi régulièrement mon équipe et j'ai relevé quelques carences dans l'utilisation du ballon. L'équipe a évolué depuis la 1re journée, bien sûr, mais c'est insuffisant. Si on veut rester dans les trois premiers dans ce championnat, il faudra s'améliorer collectivement et défensivement parce qu'on sait que nous serons plus attendus encore".
Mis en difficulté vendredi soir par un Red Star ambitieux, QRM a su revenir à 2-2 en seconde période mais a aussi illustré une fois de plus ses lacunes contre les gros du championnat (aucune victoire contre les autres membres du top 6). Aussi, l'effondrement vécu à Avranches (4-1) en octobre est venu rappeler que les « Rouge et Jaune » peuvent subir d'incommodants coups de grisous. "On donne parfois le bâton", regrette Bruno Irles. "Contre le Red Star, contrairement à Avranches, on a su rester cohérent. On s'était loupé à Avranches d'ailleurs mais on ne se loupera pas au retour".
Qui dit QRM dit aussi inévitablement Andrew Jung. Auteur de 15 buts en journée, l'impressionnant avant-centre est sur un nuage depuis août. Existe-t-il alors une Jung-dépendance à QRM qui s'avérerait évidemment néfaste si l'attaquant venait parfois à manquer à l'appel en 2021 ? "Personne n'est indispensable et tout le monde est indispensable", clame Bruno Irles dans un accès de mystère. "Andrew est venu pour marquer mais on peut citer Manoubi (Haddad), Ottman (Dadoune) mais aussi Virgile Pinson qui va être important dans la deuxième partie de saison. On ne peut pas résumer QRM à Andrew Jung, je ne pense pas qu'il serait à 15 buts ailleurs. Il brille grâce aux joueurs qui l'entourent, j'ai des joueurs indispensables à tous les postes et notre avantage c'est que le danger peut venir des côtés comme de l'axe". En définitive, le groupe normand est loin d'avoir volé sa première place du National et en ce mois de décembre, celui de l'année où l'on se plait le plus à rêver, QRM peut légitimement nourrir les plus grands des espoirs pour l'année qui s'annonce.
*Pau affichait le même nombre de points que Dunkerque (33) mais une différence de buts défavorable à la trêve de Noël. Les deux formations avaient rejoint la Ligue 2 à la fin de la saison.
Aurélien RENAULT
Le bilan de QRM à la trêve de Noël
> 1er - 31 points
> 9 victoires - 4 nuls - 3 défaites
> 29 buts marqués - 16 encaissés
> Meilleur buteur : Andrew Jung (15 buts)
? 4 bus et un partage des points face au @RedStarFC hier soir à Diochon ! Place à la trêve avant la reprise fin décembre, que les ❤️? retrouveront en tant que leaders .
La suite du résumé de la rencontre, c'est ici ➡️ https://t.co/xO2izKkkzv pic.twitter.com/bSVOgdO1F0
— QRM ⚽ (@QRM) December 19, 2020