Samedi dernier, le pied droit de Duckens Nazon et une mine en lucarne du métronome Garland Gbellé ont suffi à dégager la masse de nuages noirs qui s'étaient amoncelés au-dessus du Stade Robert-Diochon. Sans la moindre victoire en Ligue 2 depuis deux mois (J23. 1-0 aux dépens de Grenoble, le 5 février), les « Rouge et Jaune » ont réussi le coup parfait en domptant et dépassant un concurrent direct, Rodez. "Entre la série qui était la nôtre et l'enjeu du match contre Rodez, on savait très bien qu'une défaite allait vraiment compromettre notre course au maintien", reconnaît Garland Gbellé. "On a joué cette rencontre pour la gagner et c'est chose faite, tant mieux". Alors que certains observateurs commençant à l'enterrer, l'équipe de QRM s'est réveillée au moment opportun.
Si dompter une formation ruthénoise en pleine déconfiture (elle reste sur 15 matches sans victoire, pire série en cours en Ligue 2) n'est pas un exploit en soi, avoir su faire fi de ses doutes du moment est une vraie performance pour les Seinomarins. "On avait forcément des doutes mais on ne s'est jamais laissé abattre", avance Garland Gbellé. "On a toujours continué à travailler car on savait très bien qu'il nous restait des cartes en main pour aller chercher le maintien".
Le succès contre le RAF aura autant été "un vrai tournant" qu'il intervient une semaine avant, sans doute, le déplacement le plus périlleux de la saison chez l'incontestable leader toulousain. Mieux valait donc se rendre dans le sud-est en position de 16e que dans la peau d'un barragiste. "Toulouse a des joueurs qui pour la plupart ont le niveau pour évoluer en Ligue 1, en tant qu'équipe, c'est rodé", analyse l'ancien du SO Cholet. "Pour autant, on y va pour faire bonne figure. On ne va pas y aller pour donner le bâton pour se faire battre. On aimerait vraiment gratter au moins un point". Et qu'à cela ne tienne, c'est plus certainement à Diochon où l'attendent encore Nîmes, Pau et Dunkerque qu'au Stadium que les « Rouge et Jaune » iront décrocher leur maintien.
La patte Mercadal commence à se voir
Débarqué lors du mercato hivernal pour suppléer Bruno Irles, parti découvrir la Ligue 1 à Troyes, l'entraîneur Fabien Mercadal a connu, samedi soir, son deuxième succès seulement en 13 journées passées sur le banc normand. "En football, il faut croire en soi, avec ses moyens et jouer son football", martelait-il en conférence de presse avant ce déplacement au Stadium qu'il assimile davantage à "un défi" qu'à "un match de coupe". "On est forcément capables de faire un résultat, c'est un match de Ligue 2", se permet-il de rappeler. Quevilly-Rouen doit encore prendre de gros points après avoir subi un net ralentissement depuis l'arrivée de l'ancien coach malherbiste à sa tête. Pourquoi pas réussir un coup en Haute-Garonne ?
Il serait par ailleurs trop simple et certainement très irrévérencieux d'associer les difficultés en 2022 de QRM à l'arrivée de Fabien Mercadal sur son banc. "Le coach a justement voulu que les choses se passent en douceur", assure Garland Gbellé. "On avait quand même pris 24 points lors de la première partie de saison. Il n'arrivait donc pas en devant s'occuper d'une équipe qui va mal. Il a essayé de s'appuyer sur ce qu'on faisait de bien et il a amené sa petite touche progressivement. Il n'y a pas eu de gros bouleversements à son arrivée".
Et justement, quand il parle d'évolutions progressives sur le terrain, Garland Gbellé sait de quoi il parle puisqu'il a lui-même vu son propre rôle être modifié depuis janvier. Alors que Bruno Irles lui demandait essentiellement de se fixer derrière l'attaquant sans trop dézoner, Fabien Mercadal a plus tendance à lui offrir la liberté dont il bénéficiait notamment à Cholet. "Maintenant, je peux vraiment décrocher et toucher plus de ballons", indique le milieu de 29 ans. "Moi, j'ai besoin de toucher le ballon pour me mettre en confiance et le coach veut vraiment que tout le monde participe au jeu. Je peux organiser un peu plus le jeu et tous ces aspects-là me définissent, je peux montrer davantage toute ma palette". Que Fabien Mercadal, dans le style qui est le sien, veuille que QRM s'en sorte par le jeu n'étonnera finalement personne.
> L2. J33 - Toulouse FC (1er - 69 points) / Quevilly-Rouen (16e - 34 points), samedi 16 avril à 15 heures au Stadium.
Quand Garland va, QRM va
Recruté à l'intersaison 2021 par Bruno Irles pour venir compléter un groupe majoritairement novice en Ligue 2, Garland Gbellé sortait d'un exercice très compliqué du côté de Lyon-La Duchère, marqué par une place de lanterne rouge en National et donc une relégation à l'étage inférieur. À 29 ans, l'ex-joueur du SO Cholet est l'une des belles surprises à QRM puisqu'il réalise sa meilleure saison sur le plan statistique. "Le travail paie enfin pour moi et je ne vais pas m'arrêter là-dessus mais je suis content", sourit le natif de Montbéliard qui affiche six buts et une passe décisive en 30 matches de L2 cette saison. Il est tout simplement le joueur le plus décisif de l'équipe derrière l'attaquant Duckens Nazon. D'ailleurs, dès lors que Garland Gbellé est impliqué sur un but cette saison, son équipe ne perd pas. Vous avez dit porte-bonheur ?
Aurélien Renault