A QRM, les accessions en Ligue 2 se suivent et se ressemblent. Comme en 2017, lors de sa précédente et unique expérience à ce niveau, les « Rouge et Jaune » sont contraints de se délocaliser en début de saison ; d’importants travaux avec notamment la pose d’une pelouse hybride étant en train d’être réalisés à Diochon. "En terminant notre championnat (N1) très tôt (la dernière journée à domicile a eu lieu le 10 mai), on croyait que les délais seraient suffisants. Maintenant, la Métropole (propriétaire de l’enceinte) met tout en œuvre pour que le stade soit rénové, soit beaucoup plus confortable en investissant énormément d’argent (10 M€ rien pour cette nouvelle tranche de travaux)", se montre philosophe Michel Mallet.
Une délocalisation comme il y a quatre ans
Il y a quatre ans, pour une raison similaire, le club seinomarin avait été obligé de s’exiler pratiquement trois mois… au Mans (il n’avait disputé sa première rencontre chez lui que le 13 octobre). Un exode qui n’avait pas été sans conséquence sur le plan sportif selon le président de Quevilly-Rouen. "La dynamique de notre montée avait été complètement stoppée. Je suis quasi-convaincu que les trois points qui nous ont manqué pour nous maintenir, on les a perdus à ce moment-là", estime le dirigeant de QRM, référence à l’écart séparant son équipe de Bourg-en-Bresse, le barragiste (18e) à l’époque.
Toutefois, cette fois-ci, Michel Mallet l’assure : la situation n’a rien de comparable. Les hommes de Bruno Irles, sauf contre-ordre d’ici là (ce qui n’est pas totalement à exclure quand on parle de travaux), ne joueront que leurs deux premiers rendez-vous « à domicile » hors de leurs bases : contre Dijon, samedi, et Bastia quatre jours plus tard*. Surtout, ils n’auront pas besoin de « se coltiner » des allers-retours jusqu’à la préfecture de la Sarthe. Alors que les pistes du Havre, d’Amiens voire de Tours ont été sondées, c’est Caen qui s’apprête à accueillir les partenaires de Romain Padovani. "Je pense que c’est la moins mauvaise des solutions. On reste en Normandie et en termes de logistique, pour les joueurs, ça ne fait qu’un déplacement d’une heure, avec un départ le matin du match", décrypte le président.
Un retour à d’Ornano qui ravive des bons souvenirs. Et pour cause. C’est dans cette enceinte que Quevilly, du temps où il se nommait encore USQ, a écrit quelques-unes des plus belles pages de son histoire avec un quart puis deux demi-finales de Coupe de France. Pour retrouver une trace de ces épopées, il faut remonter plus de dix ans en arrière. En 2010, après être venus à bout de Rennes et Boulogne-sur-Mer, deux écuries de Ligue 1, les « Jaune et Noir » (les couleurs de l’époque), pensionnaires de CFA, héritent du Paris Saint-Germain (avant l’arrivée du Qatar) en demi. Au-delà de la courte élimination 1-0, "on avait eu la balle d’égalisation dans les arrêts de jeu avec une tête de Nicolas Pallois", c’est le contexte de cette confrontation dont se rappelle particulièrement bien Michel Mallet.
Une incroyable ferveur populaire à l'époque
"Le match s’était préparé Place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, avec notamment cinq préfets". La raison ? Un décès une poignée de semaines auparavant suite à des violences en marge d’un Classico PSG-OM. "Les supporters parisiens avaient été interdits de déplacement", évoque le dirigeant normand avant de livrer cette anecdote. "Le responsable de la brigade anti-hooligans, tout juste désigné, voulait que sur chaque billet figure le nom, le prénom et le numéro de la carte d’identité de son propriétaire". Une mesure qui n’avait finalement pas été mise en place.
Deux ans plus tard, l’US Quevilly, promue en National entre-temps, remet le couvert dans un climat beaucoup plus détendu et avec une issue radicalement différente. Coup sur coup, le club seinomarin signe deux exploits en éliminant Marseille en quart (3-2 ap) puis Rennes en demi (2-1). Direction le Stade de France (où il s’inclinera en finale face à Lyon, 1-0). "Sur ce parcours, on a vécu des scénarios totalement fous. Contre l’OM, on mène deux fois, on se fait rejoindre avant de l’emporter en prolongation. Face à Rennes, on concède assez rapidement l’ouverture du score, on égalise à l’heure de jeu avant la délivrance à la 92’-93’", raconte le président en poste depuis 1996.
Une qualification homérique qui tient une place particulière dans le cœur de Michel Mallet. "Rennes, c’est le plus beau des trois matches. Une demi-heure après le coup de sifflet final, ça chantait et dansait encore sur la pelouse. Il nous avait fallu quatre-cinq heures pour faire le trajet retour : Caen - Rouen. Pire qu’un retour de grand week-end entre Deauville et Paris (sourire)". Que ce soit contre Paris, Marseille ou Rennes, ces trois rendez-vous avaient généré une incroyable ferveur populaire, avec plus de 20 000 spectateurs à chaque fois. "C’est simple, je crois que nos trois matches figurent dans le Top 5 des affluences du stade". Bon, on ne va pas se mentir, pour les réceptions de Dijon et Bastia, en Ligue 2, en plein cœur du mois d'août, QRM ne devrait pas attirer les foules. Cette fois-ci, il n’est pas question de guichets fermés. D’ailleurs, toutes les tribunes de l’enceinte caennaise ne seront pas ouvertes. Mais le président quevillais espère bien que d’Ornano portera de nouveau chance à son club.
*Prévue initialement le 31 juillet, la rencontre QRM - Bastia, comptant pour la 2e journée de Ligue 2, a été reportée au 18 août en raison d'une dizaine de cas de la Covid-19 au sein de l'effectif corse.
Entre Quevilly et le Stade Malherbe, des liens historiques
Au-delà de la capacité du stade et des conditions d’accueil, ce n’est en rien un hasard si Quevilly avait décidé de jouer ses affiches de Coupe de France à d’Ornano en 2010 et 2012. "On avait un partenariat avec Caen, notamment sur les jeunes", rembobine le président Michel Mallet qui entretient également des liens étroits avec Jean-François Fortin, son homologue du Stade Malherbe à l’époque. "On a noué une belle relation qui s’est construite au fil du temps. Forcément, quand on a cherché un stade il y a dix ans pour nous accueillir, on s’est naturellement tourné vers Caen". A la tête d’un centre Leclerc dans la région de Rouen, Michel Mallet, en compagnie d’autres propriétaires de la même enseigne, a été partenaire du SMC pendant quelques années. Visiblement, le courant avec le successeur de JFF, Olivier Pickeu, passe également très bien. "Je tiens à remercier Olivier Pickeu qui a été spontané dans sa décision positive. Caen nous connaît bien, nous accueille bien", se félicite Michel Mallet.