Les derbys normands, QRM en est désormais habitué. En seulement deux mois, le club de la métropole rouennaise, pensionnaire de D3 féminine, a affronté et éliminé le FC Rouen en Coupe de France (4-0, le 3 novembre), puis s'est incliné face au SM Caen en championnat (1-0, le 8 décembre). Ce dimanche 12 janvier, c'est un adversaire d'un tout autre calibre qui se présente sur sa route pour le compte des 1/16e de finale. Alors que ce tour marque l'entrée en lice des clubs d'Arkema Première Ligue, QRM a hérité de son voisin havrais. Un tirage peu clément au moment où le club traverse une période difficile. Le 20 décembre, les dirigeants quevillais et leur entraîneur Youcef Chekkal se sont séparés. Thomas Tiarci, directeur technique et sportif de l'association ainsi que coach de la R1 masculine, a alors été désigné pour assurer l’intérim en attendant l'arrivée d'un nouvel entraîneur. Sur le banc des filles "par obligation professionnelle", le technicien de 36 ans ne prend pas la tâche à la légère pour son club de cœur. "Les filles ont été marquées par le départ de Youcef. Avoir un licenciement dans notre club, c'est rare", explique celui qui a toujours porté les couleurs « Rouge et Jaune ». "Il y avait un petit sentiment de culpabilité mais chacune a pris ses responsabilités".
En l'espace d'une saison et demie, Youcef Chekkal avait réussi ce que personne n'avait entrepris jusque-là. C'est-à-dire, une montée historique en D3 féminine et une qualification pour les 1/16e de finale de Coupe de France. Après seulement trois matches sur le banc (Amiens, Saint-Denis et Caen), Thomas Tiarci a désormais la lourde tâche d'affronter le HAC ce week-end. "Jouer une D1 à domicile en 1/16e de finale, tout le monde attend ça. C'est un match de gala pour nous", savoure le technicien, qui a déjà connu une demi-finale et une finale de Coupe de France en tant qu'adjoint chez les garçons de Régis Brouard, en 2010 et 2012. "Les filles sont excitées, surtout que certaines jouent contre leur ancien club".
"L'adversaire est supérieur à nous à tous les niveaux, on a 1% de chance de passer mais on ne va pas partir défaitiste"
En retrouvant ses troupes il y a dix jours, Thomas Tiarci a vu des joueuses souriantes, "avec le bon état d'esprit". Le succès contre Saint-Denis (4-3) en championnat pour le dernier rendez-vous de l'année 2024 cumulé aux vacances de Noël ont fait du bien aux têtes. "Ce match a énormément compté car il nous a permis de sortir de la zone rouge. Les filles ont ensuite eu besoin de couper pendant les fêtes". Même si sa mission sera de courte durée, le coach quevillais espère créer l'exploit contre le HAC, bien entendu favori de ce choc. "L'adversaire est supérieur à nous à tous les niveaux, on a 1% de chance de passer mais on ne va pas partir défaitiste. Il faut prendre un maximum de plaisir en essayant de proposer quelque chose d'intéressant", poursuit-il. "Pour nous, ça peut se jouer sur un détail". Et ce, avec une équipe qu'il ne découvre que depuis Noël. Selon ses propos, l'entraîneur ne part pas de si loin. "En tant que directeur technique, j'ai un suivi sur toutes les équipes, que ce soit garçons ou filles. Je connais les filles depuis longtemps. L'approche a été facile".
Deux division d'écart, un monde dans le foot féminin
Outsider, QRM va devoir faire le dos rond pendant 90'. Sur le papier, le HAC est bien supérieur. Deux divisions séparent les deux équipes normandes, un monde dans le football féminin. Dans les rangs « Ciel et Marine », on ne compte uniquement que des « professionnelles ». Huitième sur 12 équipes engagées avec seulement trois succès en D3, QRM a toujours réussi à transformer la Coupe de France en bulle d'oxygène cette saison (quatre victoires en autant de tours). Avant-dernière en D1, les HacWomen tenteront de se redonner du baume au cœur pour ce premier déplacement de l'année 2025. Battues par le Paris FC (2-0) il y a quatre jours, elles vont vouloir retrouver de la confiance contre une formation hiérarchiquement inférieure. "Pour elles, c'est l'occasion de se redonner du positif. Elles ont plus de pression que nous car elles doivent gagner ce match même si leur priorité reste le maintien", estime Thomas Tiarci.
Bien que les deux équipes soient mal classées dans leur championnat respectif, l'entraîneur de QRM a bien conscience de l'écart de niveau entre les deux écuries. "Toutes les joueuses sont dangereuses, de la gardienne à la dernière remplaçante. L'intensité de la D3 n'est pas la même. Elles ont l'habitude d'enchaîner les matches. Ce sont de vraies athlètes qui ont sans doute 90 séances de plus que nous dans les jambes", prévient le technicien. Favorites, les Havraises ont d'ailleurs déjà atteint les quarts de finale de la Coupe de France. Lors de l'exercice 2017-2018, elles s'étaient inclinées face à Soyaux (4-0) alors qu'elles évoluaient en R1.
"Toutes les joueuses sont dangereuses, de la gardienne à la dernière remplaçante"
Alors, dimanche, les partenaires de Fanny Gosseye ne vont pas changer leurs grands principes. Il faudrait réussir un véritable coup de poker pour qu'elles arrachent une qualification en 1/8e de finale, ce qui serait une première dans l'histoire du club. Le coach quevillais n'a pas l'intention de se laisser marcher dessus. "Chaque minute grappillée sera un pourcentage de chance en plus pour nous", sourit-il. "Il faudra être bien concentré. Je suis sûr qu'on a une carte à jouer". Son scénario rêvé ? "0-0 et on marque à la 93' !" Le genre de résultat couperet qui pourrait faire bouillir le Stade Lozai. Entre 300 et 400 personnes sont attendues dimanche. Tout est réuni pour que ce derby normand soit une belle fête. Que le meilleur gagne !
> Coupe de France Féminine. 1/16e de finale - Quevilly-Rouen Métropole (D3) / Le Havre AC (D1), dimanche 12 janvier à 14 H 30 au Stade Amable-Lozai.