Son arrivée à QRM
"J’ai cette chance d’avoir un poste de n°1. Il faut savoir l’apprécier à sa juste valeur"
Après avoir un temps espéré le retour de Régis Brouard, le maître d’œuvre des épopées en Coupe de France en 2010 et 2012, l’Etat-major des « Rouge et Jaune » a jeté son dévolu sur un nom beaucoup moins connu du public normand : David Carré. Et pour cause, il s’agit, ni plus ni moins, de son baptême du feu comme entraîneur principal chez les « pros ». "Je commence cette saison en me disant que j’ai cette chance d’avoir un poste de n°1. Il faut savoir l’apprécier à sa juste valeur", ne galvaude pas David Carré, parfaitement conscient que les places sont chères sur les bancs. Et aujourd’hui encore plus qu’hier avec la réduction à 18 du nombre de participants en Ligue 1 et en Ligue 2. "Je ne suis pas stressé. Au contraire, je suis enthousiaste", confie celui qui a obtenu son BEPF (le diplôme permettant d’exercer à ce niveau) il y a trois ans dans l’espoir qu’une telle opportunité se présente un jour.
S’il est novice dans cette fonction, le néo-coach quevillais n’est pas, pour autant, un technicien dénué d’expérience. Adjoint au FC Metz, à Montpellier et à l’AJA, David Carré s’occupait de la réserve auxerroise depuis 2017. Mais le natif de Thionville, en Moselle, avait le sentiment d’avoir fait le tour de la question avec cette catégorie. "Dans tous les cas, mon départ était acté". En témoigne, cette prolongation de contrat refusée au début de la saison dernière. Un risque assumé. "Quand vous choisissez cette voie, il ne faut pas se montrer impatient". Un état d’esprit récompensé avec ce coup de fil des dirigeants de QRM. "Je voulais m’orienter vers un projet où il faut construire. Je pense que je suis au bon endroit au bon moment", estime celui qui possède des attaches familiales dans la région rouennaise.
Après avoir démarré leur campagne de matches de préparation par deux victoires, aux dépens de l'AS Villers (N2) et du SM Caen (L2), puis enchaîné par deux matches nuls 0-0, contre le FC Versailles (N1) et l'AS Villers (N2), les « Rouge et Jaune » se sont inclinés lors de leur dernière sortie avant le début du championnat, 4-0 face au RWD Molenbeek (D2 belge). ©Damien Deslandes
Ses influences
"Avant de régler les problèmes sur le terrain, il faut s’occuper de ceux dans le vestiaire"
Pour David Carré, "le football est fait de multiples rencontres et il faut tomber sur la bonne". Son parcours a notamment été marqué par son association avec Jean Fernandez. C’est bien simple, le nouveau patron du secteur sportif à QRM sportif fut son bras droit à Metz, Auxerre, Nancy et Montpellier, soit plus de 400 matches ! De ses nombreux passages avec l’ex-coach de l’OM, le technicien des « Rouge et Jaune » en est ressorti avec de solides notions de management. "Avant de régler les problèmes sur le terrain, il faut s’occuper de ceux dans le vestiaire", lance-t-il. "Jean n’avait pas besoin de parler pour comprendre les choses. Il respirait son vestiaire. Il entretenait une proximité avec les joueurs tout en plaçant le groupe avant tout le reste".
Adjoint, par ailleurs, de Joël Muller chez les « Grenats » ou encore de Jean-Luc Vannuchi et du regretté Cédric Daury à l’AJA, David Carré a aussi été profondément inspiré par un stage qu’il a effectué. En 2014, il s’est rendu pendant 15 jours au RB Salzbourg, club autrichien appartenant à la galaxie Red Bull (avec également Leipzig en Allemagne et New York aux Etats-Unis). "C’était deux-trois semaines après le sacre de l’Allemagne à la Coupe du Monde au Brésil. La notion de gegenpressing (le contre-pressing) n’était pas encore apparue en France. C’est Ralph Rangnick, l’actuel sélectionneur de l’Autriche, qui a mis en place toute cette philosophie". Cette philosophie de jeu a façonné des entraîneurs de renom outre-Rhin : Thomas Tuchel (ex-PSG, Chelsea), Jurgen Klopp (ex-Liverpool), Julan Nagelsmann (ex-Bayern)… "J’ai été marqué par ce football", souligne le technicien quevillais qui avait été invité, à l’époque, par Peter Zeidler (aujourd’hui, à la tête de Bochum, en Bundesliga). "J’ai décroché mon téléphone et je l’ai appelé". Quand il a passé son BEPF en 2020, David Carré a retrouvé l’ancien coach de Tours et de Sochaux alors en poste à Saint-Gall, en Suisse.
Conséquence, entre autres, de la relégation en Ligue 2, David Carré a dû reconstruire les deux tiers de son effectif pour repartir en National. ©Damien Deslandes
Son style de jeu
"Je crois plus au développement de nos points forts qu’à essayer de corriger nos faiblesses"
Après avoir fait ses armes avec la réserve de l’AJA durant sept saisons, David Carré va éprouver ses idées aux commandes d’une équipe première dans le très disputé championnat de National. "Indépendamment de l’identité de l’entraîneur des pros, j’avais la liberté de mettre en place ce que je souhaitais à Auxerre", développe le Mosellan, qui a tenté d’imprimer à son effectif, dès sa prise de fonctions, la notion de verticalité. "C’est ce qui doit sauter aux yeux quand on joue". Et contrairement à ce que certains pourraient croire, ce projet ne passe pas obligatoirement par du jeu direct. "C’est pourquoi il nous faut des joueurs en capacité de se projeter, d’attaquer les espaces". Adepte également du pressing, le nouveau technicien de QRM veut voir son onze "défendre en avançant et en imposant beaucoup d’agressivité à la récupération du ballon". Car pour David Carré, le caractère d’une équipe se perçoit dans cet aspect du jeu. "Quand vous regardez un joueur défendre, vous comprenez mieux comment il fonctionne psychologiquement".
Sur le plan collectif, plutôt que de masquer les lacunes, le coach normand aspire à optimiser les atouts de son collectif. "Etre moyen partout ne m’intéresse pas", confirme-t-il. "Je crois plus au développement de nos points forts qu’à essayer de corriger nos faiblesses. Il faut que mes joueurs soient conscients de leurs forces, qu’ils aient confiance en eux. Je veux qu’il transpire de notre vestiaire, l’envie d’aller chercher les choses". Et pourquoi pas une nouvelle montée en Ligue 2 pour une formation de Quevilly-Rouen qui vient juste de quitter cette division. A ce sujet, David Carré préfère calmer les ardeurs. "On ne va pas parler de position au classement. L’idée, c’est de bâtir une équipe qui doit avoir l’ambition de prétendre au haut du tableau. Dans le football, il n’y a pas de vérité", livre l’entraîneur des « Rouge et Jaune », citant souvent comme référence le sacre inattendu du Danemark à l’Euro 1992*.
*Repêché quelques jours avant le début de la compétition à la suite de l’exclusion de la Yougoslavie en proie à un terrible conflit, le Danemark avait remporté, contre toute attente, le championnat d’Europe cette année-là.
De retour d'un prêt à l'US Avranches, en National, où il a signé une deuxième partie de saison encourageante, Isaac Tshipamba fait partie des nouveaux atouts de ce QRM version 2024-2025. ©Damien Deslandes
> N1. J1 - Sochaux / Quevilly-Rouen Métropole, vendredi 16 août à 19 H 30 au Stade Auguste-Bonal.