Jouer sa survie sur la dernière journée, pour le Stade Malherbe, c'est une question d'habitude. Depuis sa première montée en D1, comme elle se nommait à ce moment-là, en 1988, ce scénario s'est produit à dix reprises pour un bilan parfaitement équilibré de cinq maintiens pour autant de relégations. Du but de Ronny Rodelin dans les arrêts de jeu sur la pelouse du Parc des Princes en 2017 aux désillusions face à Istres en 2005, Bordeaux en 2009 ou encore Valenciennes en 2012, le club normand a tout connu lors de cet ultime rendez-vous du championnat. Samedi, tout le peuple « Rouge et Bleu » s'apprête de nouveau à vivre une soirée qui sent le souffre. Cependant, par rapport aux cas de figure précédents, quelque chose a changé et cela fait indubitablement toute la différence.
Cette fois-ci, il ne s'agit pas de se sauver en Ligue 1 mais d'éviter une descente en National ; un niveau que le SMC n'a plus fréquenté depuis pratiquement... 40 ans ! En 1984 (car oui, on évoque bien cette année), on parlait d'une Division 3 par poule géographique et les Pascal Théault, Eric Lefol, Christophe Point avaient décroché leur ticket pour l'étage supérieur en devançant le... CA Lisieux ! Incontestablement une autre époque. D'ailleurs, de l'extérieur, on a du mal à imaginer toutes les conséquences, sportives, sociales et économiques, que provoqueraient une rétrogradation en N1.
Malgré cette menace qui plane au-dessus de leur tête et l'importance crucial de cette dernière journée, les principaux protagonistes affichent une sérénité (au moins de façade). "Si on commence à paniquer...", se défend Fabrice Vandeputte qui s'attendait à une mission extrêmement périlleuse en succédant à Pascal Dupraz sur le banc caennais. "Je n'ai pas peur mais cela ne nous empêche pas d'avoir pleinement conscience de la situation. Vous pouvez en être sûr et certain". Afin de mettre tous les atouts de son côté, la délégation normande s'est encore mise au vert depuis jeudi soir, à Deauville. "On est tous ensemble H24, on se parle plus, on resserre les liens", assure Jessy Deminguet. "Maintenant, on verra si c'est bénéfique samedi".
Les supporters devraient de nouveau accueillir le bus
S'il se trouve dans une position plus qu'inconfortable, le Stade Malherbe a son destin entre ses pieds. Une victoire aux dépens de Clermont lui garantirait la place de barragiste les 19 et 22 mai contre le troisième de National (vraisemblablement Villefranche). "C'est notre premier objectif. Ce n'est pas l'actualité du jour mais on s'y prépare", rappelle le coach caennais. Et un succès conjugué à un revers de Dunkerque ou Niort (recevant respectivement Toulouse et Guingamp) permettrait même aux hommes du président Olivier Pickeu de se maintenir sur le fil. "On va déjà se concentrer sur nous mais on aura, bien sûr, un œil sur les autres stades". A commencer par Charléty et cette confrontation entre le Paris FC et Chambly, 19e et à égalité de points avec le SMC (qui possède une meilleure différence de buts : - 16 contre - 20).
Pour ne pas dépendre du résultat des Picards, encore faut-il l'emporter. Une « performance » que les partenaires de Jonathan Rivierez n'ont réussi qu'à deux reprises sur leurs 26 précédentes sorties en Ligue 2 ; la dernière fois remontant au 13 février face aux Chamois. Et il ne faut pas compter sur une démobilisation de Clermont. Bien que ce ne soit pas officiel, les Auvergnats - avec trois longueurs d'avance sur le Téfécé et une différence de buts supérieure de huit unités - sont assurés d'accéder en Ligue 1 mais l'histoire récente de Malherbe a prouvé que même un adversaire sans véritable objectif pouvait se révéler extrêmement dangereux. Les 19 355 spectateurs présents à d'Ornano il y a deux ans pour la rencontre cruciale contre les Girondins peuvent en attester.
"Ça serait une grosse erreur de croire que Clermont va venir pour nous laisser gagner. Ça serait la pire des choses à penser... Il ne faut compter que sur nous", met en garde l'entraîneur intérimaire des « Rouge et Bleu ». Surtout qu'avec Mohamed Bayo, meilleur goleador de L2 avec 21 réalisations, et la défense la plus imperméable du championnat (avec seulement 23 buts encaissés), le collectif de Pascal Gastien a quelques arguments qui ont de quoi faire peur. En dépit du huis-clos imposé par le contexte sanitaire, le Stade Malherbe pourra, lui, s'appuyer sur ses supporters. Si la préfecture a, une énième fois, interdit tout rassemblement, ils devraient être nombreux sur le parvis de d'Ornano pour accueillir le bus des joueurs comme il y a deux semaines avant Auxerre. Et on ne va pas se mentir, pour se sauver, les Caennais ont absolument besoin de toutes les forces possibles.
> L2. J38 - SM Caen (18e - 38 points) / Clermont (2e - 72 points), samedi 15 mai à 20 heures au Stade Michel-d'Ornano.
Les différents scénarios possibles pour le Stade Malherbe lors de la 38e journée :
> le Stade Malherbe est assuré d'être barragiste s’il fait, au minimum, le même résultat que Chambly
> le Stade Malherbe relégué en N1 s’il fait un moins bon résultat que Chambly
> le Stade Malherbe est maintenu s’il bat Clermont et que Dunkerque ou Niort s’inclinent