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A Malherbe, tout ne va pas bien

Alors qu'il avait décrété une grève des encouragements durant le premier quart d'heure, le MNK avait déployé des banderoles tirées de l'univers d'Orelsan. ©Damien Deslandes

Alors qu'il avait décrété une grève des encouragements durant le premier quart d'heure, le MNK avait déployé des banderoles tirées de l'univers d'Orelsan. ©Damien Deslandes

Orelsan a inspiré les supporters caennais

« Au fond, j'aime le Stade Malherbe, je ne sais pas pour quelle raison, non seulement, on ne fait que perdre et en plus, on perd à la maison ». En détournant de manière ironique le tube d'Orelsan, La terre est ronde, la tribune Borrelli a encore prouvé qu'elle était l'une des rares à se montrer à la hauteur. Des supporters du Stade Malherbe très inspirés par la venue de l'artiste caennais, samedi soir, à d'Ornano. Alors qu'il avait décrété une grève des encouragements durant le premier quart d'heure de la rencontre contre le PFC, le MNK, en parallèle, avait déjà déployé une succession de banderoles faisant référence aux chansons du rappeur natif d'Alençon. Pêle-mêle, on a eu le droit à « Quand est-ce que ça s'arrête », « Laisse moi tout t'expliquer, le problème, c'est l'ennui...», « Tu paries la moitié de ton salaire que Caen va gagner : Mauvaise idée », avant de finir par « J' rejoins mon père au stade, on prend deux buts, on prend deux bières. J' retourne chez moi, j'allume FIFA, j' reprends Malherbe j' continue de perdre ».

"Quand vous êtes sifflé, vous perdez une partie de vos moyens. Et quand on a déjà des manques..."

C'est principalement de cette façon, particulièrement réussie, que les amoureux des « Rouge et Bleu » ont exprimé leur mécontentement après la énième défaite de leur équipe favorite. Pour la sixième fois en neuf sorties à domicile cette saison, les partenaires de Jessy Deminguet - désormais gangrenés par la fébrilité - ont baissé pavillon. Avec huit « petits » points sur les 36 derniers mis en jeu, le SMC (15e) avance à un rythme de relégable ; une zone rouge qui s'est rapprochée à l'issue de ce week-end à une malheureuse unité. Extrêmement patients depuis le coup d'envoi du championnat, les supporters normands ont décidé d'hausser le ton, pour le moment dans les proportions tout à fait raisonnables.

Suite à l'ouverture du score parisienne à l'heure de jeu, on a entendu les traditionnels « Bougez-vous le cul », « On se fait chier » alors que chaque touche de balle dans les ultimes minutes a été accompagnée de « Olé » sarcastiques. Au coup de sifflet final, les joueurs du Stade Malherbe, restés à distance du kop, certainement par peur d'être accueillis par quelques noms d'oiseaux, ont eu le droit à une bronca, en bonne et due forme, tandis que leurs adversaires, un peu incrédules, ont quitté la pelouse de d'Ornano sous des applaudissements. Une scène assez lunaire. Vendredi, en conférence de presse, Stéphane Moulin avait fait part de ses craintes concernant à une éventuelle fracture qui pourrait se creuser entre sa formation et son public.

Le SMC enfermé dans une spirale infernale

Force est de constater que des failles apparaissent. Comment pourrait-il en être autrement tant le visage affiché depuis de nombreuses semaines par les Caennais est apathique ? L'ex-coach angevin connaît la règle du jeu et il l'accepte. "Je comprends parfaitement la réaction du public. C'est comme ça pour tous les clubs qui ne vont pas bien, on n'y échappe pas, on ne conteste rien". Mais pour lui, ces comportements ne vont pas aider son équipe à se relever. Les « Rouge et Bleu » sont enfermés dans une spirale infernale de laquelle il sera extrêmement compliqué de sortir. Les mauvais résultats provoquent la colère, légitime, de leurs supporters, les manifestations de ces derniers fragilisent encore plus des joueurs qui ont laissé filer le peu de confiance qu'ils avaient accumulé, des doutes qui contribuent à ces contre-performances.

"Mon rôle, aujourd'hui, c'est de les aider parce qu'ils sont en grande difficulté"

"Ça ne fait qu'accentuer le problème mental auquel on est confronté. J'ai fait partie d'équipes qui se sont fait siffler. Personnellement, comme joueur, je l'ai été. Et là, vous perdez vos moyens, en tout cas une partie. Si on estime déjà qu'on a des manques dans nos moyens, quand on en a encore moins...", lâche Stéphane Moulin reconnaissant que sa formation était "malade". "Taper sur les joueurs, je ne pense pas que ça nous mène là où on veut aller. Ce n'est pas histoire de les défendre, les protéger... C'est juste prendre conscience que c'est difficile". On veut bien le croire !

Bien sûr, dans son esprit, il n'est nulle question de rejeter la faute sur les fans. "Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, nous sommes les responsables de tout", admet l'entraîneur malherbiste. "Je dis juste qu'il ne faut pas oublier que ceux qui marqueront des buts et qui nous feront gagner des matches, ce sont les joueurs. Mon rôle, aujourd'hui, c'est de les aider parce qu'ils sont en grande difficulté, en très grande difficulté..." Les remèdes ? "Le travail", martèle Stéphane Moulin en attendant peut-être un coup de pouce des actionnaires au mercato d'hiver. Mais à l'heure actuelle, pour obtenir le pardon de leurs supporters, Jessy Deminguet, Prince Oniangué, Jonathan Rivierez et les Caennais ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

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