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Adolphe Teikeu : "Quand on a pu s’intégrer en Russie et en Ukraine, à Caen, c’est facile"

S'il est droitier, Adolphe Teikeu peut jouer avec ses deux pieds. D'ailleurs, l'intéressé ne cache pas une préférence pour le côté gauche de la défense centrale. ©Damien Deslandes

Adolphe, vous vous êtes engagé il y a à peine deux semaines avec le Stade Malherbe (pour une durée d'un an et demi), comment se déroule votre intégration ?

"Pour quelqu’un qui a pu s’intégrer en Russie et en Ukraine, ici, c’est facile. Ça l'est d'autant plus qu'on est France où je parle une langue qui m'est familière. J'avais envie de revenir en France. Déjà, la saison dernière, avant de signer en Turquie (Erzurumspor), j'aurais bien voulu y rester".

Vous y faites référence, votre carrière vous a conduit à quitter très tôt votre Cameroun natal pour l'Ukraine (à 19 ans). Qu'est-ce qui vous a poussé à effectuer ce choix à l'époque ?

"En Afrique, dès que vous avez une opportunité en Europe, vous la saisissez"

"Vous savez, il y a beaucoup plus d'opportunités en Europe qu'en Afrique. En Afrique, sur 200 000 joueurs qui espèrent devenir professionnels, seulement 100 voire moins vont y parvenir. Du coup, dès que vous avez une opportunité, vous la saisissez. Après, il ne faut pas se le cacher, le choc fut violent quand je suis arrivé. La barrière de la langue fut difficile. Mais progressivement, je me suis habitué et aujourd'hui, je parle couramment russe (en tout, il a passé six saisons en Ukraine et en Russie)".

Votre parcours est forcément marqué par votre passage à Sochaux où vous avez disputé 91 rencontres de Ligue 2 réparties sur quatre saisons (2015-2018 puis 2018-2020). Avez-vous déjà coché la date du match retour à Bonal ?

"C'est la deuxième journée de la phase retour (le 15 janvier). Mais si je sais la date, ce n'est pas forcément pour Sochaux, je connais toujours par cœur les cinq prochaines journées de championnat. Maintenant, Sochaux, ça fait partie de moi. Je garde beaucoup de souvenirs, de la région, du club, des salariés, de tout le monde".

"Je suis un défenseur athlétique, qui aime les duels, qui aime mettre beaucoup d'impact"

Invité à décrire son style de jeu, Adolphe Teikeu n'a, sans aucune surprise, mis en avant sa dimension physique. Alors qu'il est également attendu, au regard de son vécu, pour devenir un cadre du vestiaire caennais, l'international camerounais ne s'est pas épanché sur le sujet. "Je fais ce que j'ai à faire et derrière, je laisse les autres apprécier mon travail. Je ne force rien", souligne celui qui fut capitaine à Sochaux pendant presque deux ans. Un brassard qu'il a aussi porté en Arabie Saoudite. Appelé, tout de même, à devenir un homme fort de Stéphane Moulin dans les prochains mois, Adolphe Teikeu possède une solide expérience de la L2. "On ne connaît jamais assez bien la Ligue 2", met-il en garde.

Qu'est-ce qui vous a motivé dans le projet caennais ?

"Quand on est un challenger, on est toujours à la recherche de défis. Avec mon agent, on a répondu favorablement à l'appel de Caen, de son directeur sportif (Yohan Eudeline). Avec Caen, les discussions ont été très rapides. Quand on est footballeur, on n'est jamais surpris. Il faut toujours se tenir prêt. Au départ, j'étais à Nîmes (où il a été mis à l'essai pendant plusieurs semaines). Mais le président a retardé sa décision, retardé, retardé... Et au final, me voilà à Caen. Les difficultés de l'équipe (17e avec un point d'avance sur le barragiste) ? Ça ne m'effraie pas du tout. J'ai vécu la même situation lors de ma première saison à Sochaux. Du moment qu'on a un bon groupe... Je pense qu'on fera de très bonnes choses dans le futur".

Au Stade Malherbe, vous retrouvez deux compatriotes camerounais avec Aloys Fouda et Franklin Wadja...

"le plus difficile physiquement, c'est de retrouver le rythme des matches"

"Je connaissais Franklin car on a partagé une sélection en commun. J'ai aussi beaucoup d'affinités avec Nuno (Da Costa). Durant nos carrières respectives, on s'est souvent affrontés, quand lui était à Valenciennes et moi, à Sochaux. C'étaient des bons duels. En tant qu'adversaires, on peut nouer des affinités, surtout s'il y a du respect. On est adversaires, pas ennemis. Aujourd'hui, on préfère tous les deux être dans la même équipe. Il m'a fait beaucoup de misère mais c'était de bonne guerre".

Vous restez sur six mois sans la moindre rencontre officielle depuis la fin de votre précédente expérience en Turquie (son dernier match avec Erzurumspor remonte au 11 mai). Dans quel état de forme physique vous sentez-vous ?

"Quand on n'a pas joué depuis un bout de temps, le plus difficile physiquement, c'est de retrouver le rythme des matches. Je m'y attelle actuellement. Pendant ces six mois sans compétition, j'ai fait l'effort de m'entretenir avec deux séances par jour. De temps en temps, je me suis entraîné dans des clubs amateurs, entre Paris et Mulhouse où j'ai de la famille. Après, pour mon retour, je ne dois pas me précipiter afin d'éviter de me blesser. Maintenant, j'ai vraiment l'espoir de jouer avant la trêve de Noël* mais il faut que le staff médical, le préparateur physique et le coach donnent leur accord. C'est à eux de décider. Si ça ne tenait qu'à moi, je jouerais tout le temps (sourire)".

*Dans cette année 2021, le SM Caen ne compte plus que deux journées à son calendrier : la réception de Guingamp, samedi 11 décembre, et le déplacement à QRM, mardi 21.

Sa formation dans son pays natal, sa première sélection avec les Lions Indomptables en 2016, la victoire à la CAN un an plus tard... Adolphe Teikeu nous parle du Cameroun dans le prochain numéro de FOOT NORMAND (n°43) en kiosque début janvier.

Adolphe Teikeu

 

Adolphe Teikeu

> Né le 23 juin 1990 (31 ans) à Mbo au Cameroun.

> Défenseur central. Droitier. 1,90 m pour 87 kg. Sous contrat jusqu'en 2023.

Parcours : Colago FC (CAM, D3-D2), Fovu de Baham (CAM, D1), Metalurh Zaporija (UKR, 2009-janvier 2013 puis 2013-2014), Krasnodar (RUS, février-juin 2013, p), Tchornomorets Odessa (UKR, 2014-janvier 2015), Terek Grozny (RUS, février-juin 2015), Sochaux (2015-2018, L2), Ohod (2018-2019, SAU), Sochaux (2019-2020, L2), Erzurumspor (2020-2021, TUR).

> International camerounais (22 sélections).

> Vainqueur de la CAN en 2017.

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