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Alexis Beka Beka peut-il devenir un futur crack ?

Après Nicholas Gioacchini et Kélian Nsona, Pascal Dupraz va faire débuter un nouvel espoir issu du centre de formation du Stade Malherbe avec Alexis Beka Beka.

Les plus-values liées au trading sur les joueurs sont une variable indispensable des clubs professionnels français afin d’équilibrer leur compte, le plus souvent structurellement déficitaire. Le Stade Malherbe n’échappe pas à la règle, on ne le sait trop bien. Il fait partie de ces clubs où la valorisation des jeunes éléments est un élément clef de la stratégie financière. Vincent Catherine, directeur général des activités France du fonds d’investissement américain Oaktree, propriétaire du SMC, reconnaissait, d’ailleurs, dans nos colonnes (lire n°33) que "la formation est le cœur du réacteur". L’identification de la future valorisation d’un joueur sur le marché des transferts est indubitablement un enjeu primordial pour pouvoir prendre des décisions opportunes, de sa détection (précoce ou non) jusqu’à sa vente.

Septième au classement des centres de formation en France en 2020

Le Stade Malherbe apparaît régulièrement bien placé dans les différents classements évaluant la formation : septième au classement des centres français en 2020, ou encore 22e au niveau européen des clubs des championnats du big-5 ayant formé le plus de joueurs professionnels en 2018. Ces faits plaident en faveur de Caen et de son système de formation même si la quantité et la qualité des trajectoires des anciennes jeunes pousses « Rouge et Bleu » (M’Baye Niang, Yann Karamoh, Thomas Lemar…) souffrent de la comparaison avec celles de son voisin havrais (Riyad Mahrez, Steve Mandanda, Paul Pogba, Benjamin Mendy et Ferland Mendy…).

Conséquence des nombreux contrats « pros » signés précédemment, le millésime 2020-2021 de l'effectif malherbiste regorge de jeunes éléments : Jason Ngouabi, Loup Hervieu, Nicolas Gioacchini, Hugo Vandermersch, Johann Lepenant, Alexis Beka Beka… "Dieu sait que j’ai lancé beaucoup de jeunes", rappelait encore récemment Pascal Dupraz. C’est vrai, néanmoins, il est très difficile d’appréhender la progression d’un joueur et donc de prédire de manière fiable qui réussira à percer durablement au haut niveau.

Déjà plus de 1 000 minutes chez les professionnels

C’est le cas pour Alexis Beka Beka. Chaque supporter « Rouge et Bleu » fait parler son cœur en lui imaginant un avenir radieux dans un top club. Il a pour lui une trajectoire linéaire avec, entre autres, des sélections en équipe de France U17-U18-U19. Bien qu'appartenant à la génération 2001, il a déjà joué plus de 1 000 minutes chez les professionnels. On suppose donc une marge d’évolution importante alors qu’il performe à un poste (milieu défensif-relayeur) auquel il n’a pas été formé (défenseur). Attention toutefois car une trajectoire linéaire ne signifie pas un apprentissage linéaire.

C’est ce qu’est en train de vivre « ce jeune prodige », comme son ami et coéquipier Kélian Nsona. Après des débuts enthousiasmants, les deux collègues sont, aujourd’hui, un peu dans le dur. Un phénomène inévitable car on leur demande désormais d’être performant de manière régulière et d’avoir un impact sur les résultats. Leurs pairs le répètent assez souvent : signer un contrat « pro » est une chose, mais cela ne constitue pas une fin en soi. Ensuite, il faut gagner un statut de titulaire. Les règles du jeu ont changé : la fraîcheur et les qualités gestuelles ne suffisent plus.

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Classement des métriques d'Alexis Beka Beka parmi les 91 milieux de terrain de Ligue 2 ayant disputé plus de 500' cette saison.

60,5% de réussite sur ses passes longues

Souvent, lorsqu’il descend au niveau de ses centraux pour lancer la construction du jeu sur attaque placée, Alexis Beka Beka se défait habilement de son adversaire en un contre un grâce à un bon positionnement de son corps. A l’aide d’un dribble de désengagement, le n°26 des « Rouge et Bleu » arrive à se retourner efficacement vers le sens du jeu en s’extirpant de la pression de son adversaire direct. C’est devenu au fil des rencontres sa « signature move » (mouvement signature).

Son jeu long constitue son second point fort. Il n’hésite pas à tenter des renversements de jeu avec des transversales et diagonales bien senties. 12% de ses passes sont longues (plus de 20 mètres parcourus) avec un très bon taux de réussite de 60,5%. Cette aptitude s’inscrit pleinement dans le plan de jeu de Pascal Dupraz notamment sur les phases de transition offensive où la recherche de verticalité et de vitesse représente un atout. Sans ballon, sur défense placée, il sait être agressif sur le porteur. Il dispute ainsi un très grand nombre de duels défensifs : 9,2 par match. Peu de milieux font mieux en Ligue 2.

2,5 fautes commises par match

Alors que la situation ne l’exige pas, Alexis Beka Beka sort un peu trop souvent vers le porteur et déforme le bloc équipe ce qui entame la compacité de ce dernier. Aussi, son agressivité se retourne contre lui avec un nombre de fautes commises conséquentes (2,5 par match) et de facto un nombre de cartons jaunes élevés (0,7 par rencontre). On retrouve ses aptitudes de défenseur dans cette métrique : un joueur aimant le contact. Son faible nombre de récupérations intrigue : 5,6 par match. Est-ce dû à un positionnement inadéquat ? Sa compréhension du jeu en tant que milieu de terrain semble être un élément perfectible notamment dans la phase de marquage en possession (c’est une critique valable pour l’ensemble des Caennais sur cette période hivernale).

Seulement 0,2 ballons touchés par match dans la surface adverse, 22% de réussite dans le domaine aérien

Le milieu de terrain d'origine congolaise aime jouer de manière reculée. Premier relanceur, il goûte peu aux projections et préfère distiller des ballons précieux plus haut sur le terrain. Ce n’est pas un box-to-box. D'ailleurs, il est quasiment absent de la zone de finition : seulement 0,2 ballons touchés dans la surface adverse par match. Autre point faible qui le disqualifie assurément d’un avenir au poste de défenseur central, c’est sa faible activité dans les airs qui est rédhibitoire pour le plus haut niveau : deux duels aériens disputés par match pour un taux de réussite de seulement 22%.

En résumé, il faut pouvoir voir dans des miettes, des faisceaux d’indices et des réponses au moment d’identifier un (futur) crack. Alexis Beka Beka en est peut-être un, peut-être pas. Il a certains fondamentaux pour en faire un investissement de valeur, mais les compétences techniques-tactiques-physiques (illustrées par les chiffres ci-avant) ne sont pas des indices garantissant le succès du joueur. Celui-ci devra hausser son impact au cours d’un match pour devenir un élément qui compte. Mais une chose est sûre, on ne peut prédire ce qu’on ne peut pas savoir et c’est tout l’art de l’identification des talents dans le football. 

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