Une saison très difficile
"Avant, je pouvais tirer sans réfléchir…"
Le plaisir n’y était plus. Pour la première fois en cinq ans, Alizée Leroty traverse une saison compliquée sous les couleurs du Stade Malherbe. Touchée par une blessure aux adducteurs en pleine préparation l'été dernier, l’attaquante des « Rouge et Bleu » a été éloignée des terrains pendant deux mois. A son retour sur le rectangle vert, la native de Coutances a perdu sa grinta devant le but. Et parfois, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Avec cinq réalisations au compteur cette saison contre 28 il y a trois ans ; ce qui faisait d’elle la meilleure buteuse du club caennais, Alizée Leroty n’apparaît plus en haut du classement. Marquer, c’est pourtant ce qu’on lui demande à son poste. "J’ai perdu confiance à la suite de ma blessure. J’ai mis du temps à revenir. J’ai perdu mon instinct de buteuse", analyse-t-elle, sans mâcher ses mots.
Et elle en souffre. "Je me pose beaucoup plus de questions. Avant, je pouvais tirer sans réfléchir. Maintenant, je vais plutôt privilégier la passe à ma coéquipière", expose celle qui est admirée pour son jeu en appui, dos au but. Il ne s’agit pas d’un excès d’altruisme mais bien d’un manque de confiance qui ne lui ressemble pas. Exemple, contre Angers, le 26 novembre : "L’équipe décide de me faire tirer le penalty pour l’égalisation. Je rate. C’est un penalty que je n’aurais sans doute pas manqué les années précédentes". En D3, au troisième échelon national, Alizée Leroty a aussi changé de dimension. Comme le club, c’est la première fois qu’elle évolue à ce niveau de jeu. "J’ai beaucoup plus de pression cette saison. Je suis marquée à la culotte", explique-t-elle. "En R1, on avait le droit à l’erreur. Maintenant, un ballon dans la surface doit finir au fond". Bousculée par le départ de la coach Anaïs Bounouar il y a deux ans, la Manchoise âgée de 22 ans a vécu de plein fouet le changement de système de jeu au début de saison. L’équipe est passée d’une défense à quatre éléments à une défense à trois. "Je me suis sentie beaucoup plus isolée", raconte-t-elle. "Les joueuses qui évoluent en six et en dix sont très compactes entre elles mais pour apporter offensivement, c’est compliqué. On n’est jamais plus de trois dans la surface".
Le padel comme exutoire
"Le padel m’a sauvé quand j’étais dans le trou au foot"
Elle entre alors dans un cercle vicieux. Plus de but, plus de plaisir. En parallèle, Alizée Leroty fait la découverte du padel. Comme beaucoup de footballeurs, elle a attrapé le virus de la petite balle jaune, si bien qu’elle s’impose un rythme de vie très soutenu. En plus des quatre entraînements hebdomadaires de foot, l'attaquante joue trois fois au padel par semaine. "Le padel m’a sauvé quand j’étais dans le trou au foot. Il m’a permis de me libérer. C’est un sport très ludique que j’ai découvert en Espagne". Une discipline, proche du tennis, qui se joue à deux contre deux, dans lequel elle a retrouvé les valeurs du sport collectif. Au départ, pour le plaisir, elle s’est pris au jeu de la compétition, en enchaînant quelques tournois avec Clara Jean, son binôme de choc. "J’ai atteint les 430e française. Quand j’ai vu que je grimpais au classement, j’ai continué. L’esprit de compétition me définit finalement", sourit-elle.
Si pour l’instant le foot passe toujours au premier plan, son avenir reste en suspens. A-t-elle toujours autant d’amour pour le ballon en cuir ? Va-t-elle s’investir davantage dans le padel ? Va-t-elle partir à l’étranger ? Tant de questions auxquelles Alizée Leroy n’a pas de réponses. Le maintien avec le Stade Malherbe reste sa priorité. "Je me suis engagée avec le club. J’irai au bout", assure-t-elle. Ensuite, peu importe où elle posera ses valises, elle suivra toujours son cœur…
> D3F. J19 - SM Caen (9e - 19 points) / La Roche-sur-Yon (4e - 34 points), dimanche 28 avril à 15 heures au Stade Joseph-Déterville.