Si aucune annonce officielle ne sera effectuée par la direction caennaise avant le 15 novembre ; date de la fin de sa mise à pied (comme le veut la procédure légale), il est acquis que Jean-Marc Furlan ne sera plus l'entraîneur du Stade Malherbe. Les deux parties disposent d'une semaine pour définir les conditions de leur séparation (à l'amiable, licenciement ; et si c'est cette deuxième option, pour quel motif ? Insuffisance de résultats ? Faute grave ?). De cet accord ou non dépend les indemnités financières auxquelles peut prétendre le désormais ex-coach des « Rouge et Bleu » qui était lié jusqu'au 30 juin 2025. Si le SMC doit lui régler la totalité de son contrat, autant dire que l'addition risque d'être salée pour un club, on ne cesse de le rappeler, qui affiche un déficit structurel (avant la balance des transferts) d'environ 5 M€.
En parallèle, et en prenant peut-être en compte ce critère économique, l'Etat-major normand doit gérer l'épineux dossier de la succession de Jean-Marc Furlan. Pour la réception de QRM, samedi, c'est le binôme d'adjoints Patrice Sauvaget - Denis Moutier qui assurera l'intérim. Jeudi, le premier nommé s'exprimera devant les médias à l'occasion de la traditionnelle conférence de presse d'avant-match. Et après ? Seul titulaire du BEPF dans le staff actuel, diplôme obligatoire pour exercer en Ligue 2, Patrice Sauvaget peut-il garder la responsabilité de l'équipe ?
Compte tenu de ses relations fraîches avec le président Olivier Pickeu, Patrice sauvaget accepterait-il le poste ?
En décembre et en janvier de la saison dernière, l’ancien attaquant de Lille, Cannes et Thouars avait déjà assumé cette mission pendant cinq semaines ; période durant laquelle Stéphane Moulin s'était mis en retrait de ses fonctions pour accompagner au mieux son épouse, Armelle, puis entamer son travail de deuil suite à son décès. Dans ce contexte ô combien particulier, son bilan avait été satisfaisant (1V-3N-1D) ; le collectif « Rouge et Bleu » retrouvant même une sorte d'allant dans le jeu avec un changement de système et un passage en 4-1-4-1. Mais alors que ses relations avec le président Olivier Pickeu sont fraîches, pour ne pas dire plus, pas certain que celui qui s'accoutume à merveille de l'ombre du statut de n°2 plutôt que de la lumière du rôle de n°1 accepte le challenge si on le lui propose. D'ailleurs, sera-t-il toujours Caennais au terme de cet exercice 2023-2024 ? Qu'adviendrait-il si son ami de longue date, Stéphane Moulin, qui s'est dit prêt il y a une semaine à reprendre du service dans un club dans les colonnes du Courrier de l'Ouest, l'appelait pour le rejoindre ?
Composer avec le staff en place, le principal écueil pour un technicien extérieur
Si Johan Gallon, désigné cet été directeur de l'association, possède le diplôme requis pour officier en Ligue 2, aucun élément ne nous permet de savoir si une candidature de l'ex-meneur de jeu malherbiste, novice à ce niveau, aurait des chances d'aboutir. En interne, c'est un autre nom qui revient avec insistance, celui de Nicolas Seube. Il est écrit qu'un jour, tôt ou tard, l'ancien milieu défensif, qui a entamé sa reconversion en tant qu'éducateur depuis 2018, deviendra l'entraîneur du SMC. C'est le sens de l'histoire. Dès maintenant ? Pour le club comme pour le principal intéressé, cela comporte une part de risques non négligeable. Pour le club, car malgré tout l'amour que lui porte les supporters, Nicolas Seube n'a pas la moindre expérience sur un banc chez les « pros ». Pour l'intéressé, car il faudrait dans un premier temps travailler avec un staff et un effectif qu'il n'a pas choisi. Au regard des dernières sorties des partenaires de Romain Thomas, le chantier s'annonce immense.
Nicolas Seube n'ayant pas le diplôme, le SMC devrait régler une amende de 12 500 € par journée
Et puis détail qui a son importance, le recordman du nombre de matches disputés sous le maillot « Rouge et Bleu » (520) ne dispose pas du diplôme nécessaire. Une fois passé le délai d'un mois accordé par les instances pour se mettre en conformité, les dirigeants normands devront donc s'acquitter d'une amende de 12 500 € par journée ! Un obstacle de taille compte tenu de la précarité des finances caennaises même s'il ne paraît pas totalement insurmontable. Cette promotion, si elle se produisait, aurait également des conséquences sur le centre de formation qu'il dirige depuis 2021. Historique du club et actuellement à la tête des U17 nationaux, Matthieu Ballon, diplômé de la dernière promotion du BEFF, paraît légitime pour lui succéder. Il faudrait aussi nommer un nouveau coach pour la réserve (N3).
Reste, bien sûr, la possibilité d'engager un technicien en provenance de l'extérieur. Forcément, dans ce scénario, ce sont toujours les mêmes profils qui reviennent : Philippe Montanier, Sabri Lamouchi, Bruno Irles... Paradoxalement, le premier cité semble trop proche du président Olivier Pickeu. Les deux hommes risqueraient-ils d'entacher leur amitié en collaborant ensemble ? Cet été, le second avait décliné les approches malherbistes, faute de pouvoir venir avec ses propres adjoints. Car le cœur du problème de la nomination du futur entraîneur se situe également dans la composition du staff. Actuellement, à peut-être une exception près, il faut composer avec celui en place. Et pour de nombreux coachs, cet aspect est rédhibitoire. Est-ce le cas pour Bruno Irles, mentionné plus haut ? On ne le sait pas. Toujours est-il que sur le papier, le consultant de Canal + coche plusieurs cases : il a déjà exercé en Ligue 2 (QRM), il a déjà repris des équipes en cours de saison (Pau en National, Troyes en L2), il a connu des succès (accession de Pau et QRM en L2) comme des déconvenues (renvoi de l'ESTAC en cours de championnat, la saison passée). Car comme le dit l'adage : « Tu n'es pas un véritable entraîneur tant que tu ne t'es pas fait virer ».