De la Ligue 1 à la dernière division départementale en passant par les jeunes et les féminines, toutes les compétitions de football sont, désormais, suspendus en France, et ce jusqu'à nouvel ordre. Confrontés à cette situation inédite (du jamais-vu depuis la Seconde Guerre Mondiale), les clubs s'organisent. Première décision, à l'image des établissements scolaires à partir de lundi, les centres de formation du Stade Malherbe et du HAC ont fermé leurs portes vendredi ; les internes regagnant tous leur domicile. "On s'est assurés que chaque pensionnaire de notre centre puisse rentrer dans sa famille en préparant les voyages", indique Fabrice Clément, le président du SMC. "Les garçons auront un programme de préparation athlétique à respecter. Ça nous donnera l'occasion de voir ceux qui sont sérieux et ceux qui le sont moins", ajoute, de son côté, Pierre Wantiez, le directeur général du Havre.
Quid des équipes professionnelles ? Deux tendances se dégagent. Si les hommes de Paul Le Guen continueront de s'entraîner (à huis clos), ceux de Pascal Dupraz resteront chez eux, au minimum, pendant une semaine. "Les joueurs, comme les autres citoyens, ont le droit qu'on prenne des dispositions pour préserver leur santé. Il n'y a que ça qui nous guide", souligne Fabrice Clément. "La seule chose qui m'importe, c'est la santé de mes salariés, les joueurs comme les administratifs".
Un « luxe » de choisir dont ne dispose pas tous les clubs. Le communiqué de la FFF, une instance gérant toutes les compétitions hormis la doublette L1-L2, stipulant bien « l'interruption de l'ensemble des activités, les divers tournois et rassemblements, les entraînements et l'activité des écoles de foot ». Conséquence, d'Avranches au FC Rouen en passant par Granville ou Vire, pas de séances pour toutes les équipes, y compris la première qu'elle fréquente le N1, le N2 ou le N3. Même s'ils ne sont pas professionnels au sens strict du terme, les éléments composant ces formations vivent, bel et bien, du football (en N1 et en N2) à travers des contrats spécifiques (pour la plupart fédéraux). Du coup, ils devraient être mis au chômage partiel. Idem pour les staffs.
Pour la L1-L2, la question centrale des droits TV
Les dirigeants de ces différents clubs espèrent rentrer dans le cadre du dispositif de maintien à l'emploi annoncé par le gouvernement. Une mesure qui concernera aussi les salariés administratifs. "On ne sait pas encore si ça couvrira la totalité des salaires ou seulement une partie. Dans tous les cas, ça permettra de limiter la casse", se montre rassurant Christophe Lécuyer, le président de l'AF Virois. Reste la question, centrale, du retour à la compétition. Dans 15 jours, un mois, encore plus longtemps..., aucune date n'a été communiquée. Personne ne sachant combien de temps cette crise sanitaire sans précédent dans l'histoire récente va durer alors qu'une dizaine de journées en moyenne figurent au calendrier.
Au regard de cette situation, certains acteurs du monde du ballon rond émettent de sérieux doutes sur une reprise des championnats, notamment ceux organisés sous l'égide de la Fédération. "Tout peut très bien être annulé. On se donne rendez-vous la saison prochaine et on recommence de zéro", avance Gilbert Guérin. Cela signifiera qu'il n'y aurait aucune montée ni descente. En Ligue 1 et en Ligue 2, avec les droits TV, la problématique pourrait être largement différente et beaucoup plus complexe.
Difficile d'imaginer les diffuseurs actuels (Canal + et beIN Sports), qui ne seront pas ceux de la saison prochaine*, s'acquitter de la totalité du montant de leur contrat si les championnats n'allaient pas à leur terme. Mais dans un contexte économique où tous les clubs « pros », ou presque, sont TV dépendants, la perte de millions d'euros dans leur budget pourrait se révéler fatale. Alors bien sûr, le report de l'Euro à 2021, comme évoqué depuis quelques jours, permettrait de libérer des dates et de disputer les compétitions domestiques jusqu'à la fin du mois de juin. "Nos championnat sont suspendus. Ils ne sont pas arrêtés et donc ils reprendront et s'achèveront", a lâché Didier Quillot, le directeur général de la LFP. Véritable conviction ou simple méthode Coué, seul l'avenir nous apportera la réponse.
*A partir de la saison prochaine et jusqu'en 2024, le groupe espagnol Mediapro diffusera huit des dix affiches de Ligue 1 et de Ligue 2 contre un chèque d'environ 800 M€ par saison (dont 780 pour la L1).