Il s'y attendait, du coup, il a devancé l'appel des journalistes. "Oui, Sullivan jouera samedi", a confirmé Stéphane Moulin en conférence de presse, ce jeudi midi. Depuis la mise en place de la veille, la présence du gardien manchois dans le onze de départ contre Amiens ne faisait guère de doute. Il y a deux semaines, après le succès aux dépens de Dunkerque (2-1), scellant le maintien des « Rouge et Bleu », le coach normand avait évoqué la possibilité de procéder à "des expérimentations" d'ici la clôture de cet exercice 2021-2022. "Je considère la titularisation de Sullivan comme une logique par rapport à ce que j'envisage pour la fin de saison", précise l'ex-entraîneur d'Angers. "Ça fait partie des choses que j'avais imaginées".
Qu'on ne s'y méprenne pas, il ne s'agit absolument pas d'une sanction à l'encontre de Rémy Riou. "Je suis content que ce choix intervienne maintenant car Rémy reste sur un match sans encaisser de but et il y est pour beaucoup en effectuant deux arrêts décisifs (victoire 2-0 face à Grenoble le week-end dernier). Même si ce n'est pas facile, je préfère toujours remplacer un joueur quand il vient d'être performant. Comme il est intelligent, Rémy a très bien compris ma décision", explique Stéphane Moulin. Jusqu'au terme de la Ligue 2, chaque portier connaît son calendrier, sait quand il sera aligné. D'ailleurs, l'habituel n°1 du poste est censé récupérer sa place dans les cages caennaises dès mardi, au Paris FC.
"En termes de quantité et de qualité, avec nos trois garçons (en comptant également Yannis Clementia), on a l'une des meilleures triplettes du championnat. Je le pense et je le dis depuis mon arrivée", lance le technicien. "C'est le moment de le montrer". Samedi soir, devant le public de d'Ornano, Sullivan Péan aura l'opportunité de confirmer les promesses entrevues jusqu'à présent. "J'ai très peu vu jouer Sullivan en compétition. Une fois en coupe, où ça s'est mal terminé (élimination au 7e tour par Dinan-Léhon, pensionnaire de N3) et puis face à Nîmes (4-0). En rigolant, je lui disais qu'il avait été très bon car il n'avait pas eu un tir à arrêter", plaisante le coach du SMC, espérant presque que sa doublure soit sollicitée pour la voir à l'œuvre. "Etre gardien, ce n'est pas seulement arrêter les ballons. Il doit aussi permettre à son équipe, à sa défense d'être meilleure".
Une hiérarchie à définir pour la saison prochaine
Il y a un an, Rémy Riou suspendu bêtement après s'être fait expulser pour des propos envers l'arbitre, Sullivan Péan avait été jeté dans la cour des grands en pleine lutte pour la survie du Stade Malherbe en Ligue 2. Le « gamin » de l'AS Tourlaville s'en était formidablement bien sorti, devenant un acteur majeur du maintien des Caennais, en signant notamment une prestation XXL lors de l'ultime journée contre Clermont. Sans occulter ce passé récent, pour Stéphane Moulin, aujourd'hui, le contexte n'est plus du tout le même. "Ce qui s'est passé la saison dernière est irrationnel. Sullivan a démarré en tant que n°5", rappelle l'entraîneur normand. Alors que Rémy Riou, en fin de contrat, est annoncé sur les réseaux sociaux en partance pour Lyon, son club formateur, pour un rôle de n°3, la question est de savoir si l'ancien Saint-Lois a les épaules assez larges pour lui succéder sur le long terme.
"Quand vous êtes n°2 ou n°3, et que vous êtes amené à jouer, vous ne ressentez pas forcément la pression. Alors que quand vous enfilez le costume de n°1, tout le monde attend beaucoup plus de vous : le staff, vos partenaires, les supporters... On vous pardonne moins de choses", met en garde le technicien. Forcément, dans ces conditions, on pourrait croire que Sullivan Péan joue une grande partie de son avenir sur ses futures apparitions. Une idée que réfute Stéphane Moulin. "On ne peut pas mettre une épée de Damoclès au-dessus de la tête d'un garçon, qui plus est, a très peu eu de minutes jusqu'à présent. Sullivan ne passe pas un examen".
Le coach caennais l'assure, dans l'optique de la saison prochaine, aucune décision n'a été actée concernant le poste de gardien. "On est en réflexion, en observation", déclare-t-il tout en étant interrogé sur la possibilité de voir Sullivan Péan démarrer l'exercice 2022-2023 avec le statut de titulaire. "Rien n'est impossible dans le football". Depuis Fabrice Catherine, au début des années 2000, aucun portier formé au Stade Malherbe, n'est parvenu à s'imposer sur toute une saison. Pour le n°40 des « Rouge et Bleu », le défi est de taille.
> L2. J33 - SM Caen (6e - 45 points) / Amiens (11e - 41 points), samedi 16 avril à 19 heures au Stade Michel-d'Ornano.