Au-delà de l'arrivée, sous la forme d'un prêt sec, en provenance de Reims de l'attaquant Amine Salama, le véritable enjeu pour le Stade Malherbe dans cette dernière ligne droite du mercato d'hiver se nomme Tidiam Gomis. Tout d'abord pour son potentiel sportif. Depuis qu'il a posé ses valises à Caen en 2019, le finaliste de la Coupe du Monde U17 est décrit comme l'un des plus sérieux espoirs passé par son centre de formation. "S'il ne fait pas n'importe quoi, s'il continue d'écouter, je peux vous prendre les paris dès maintenant de ce qu'il deviendra : un super joueur", pronostique Olivier Pickeu. "Aujourd'hui, c'est encore un joueur en post-formation". Bien sûr, quand on évoque n°7 des « Rouge et Bleu », il est également question de sa valeur marchande surtout quand on sait que club normand présente toujours un déficit structurel d'environ 5 M€.
Cet été, objet d'une cour assidue du Bayer Leverkusen, Tidiam Gomis n'avait pas caché sa volonté de rejoindre l'actuel leader de la Bundelisga. "Sur son cas, on s'est montré solide. Je dois remercier les actionnaires (Oaktree et Pierre-Antoine Capton) car derrière, il faut assumer ce choix devant la DNCG", rappelle le président du SMC. A l'époque, à en croire l'ex-dirigeant angevin, l'offre allemande, en incluant une multitude de bonus, aurait permis au Stade Malherbe d'établir une vente record. A ce jour, elle est détenue par N'Golo Kanté, transféré aux Anglais de Leicester en 2015 pour 9 M€ !
"ON S'EST MONTRÉ SOLIDE. JE DOIS REMERCIER LES ACTIONNAIRES CAR DERRIÈRE, IL FAUT ASSUMER CE CHOIX DEVANT LA DNCG"
OLIVIER PICKEU
Un prêt d'une saison dans la foulée à son club formateur avait aussi été « dealé ». Mais la part fixe proposée par l'Etat-major du Bayer, inférieure à 4 M€ selon nos informations, n'avait pas été considérée comme assez importante par son homologue caennais. Depuis cet épisode, cinq mois se sont écoulés et la situation n'a pas varié d'un iota. Leverkusen, qui dépêche l'un de ses scouts sur tous les matches du gamin de Bouafle depuis un an, peu importe la catégorie (U19, réserve, « pro »), souhaite ardemment l'accueillir. Mais il n'est pas le seul sur les rangs. Outre-Rhin, le Werder Brême et le RB Leipzig sont également candidats tout comme les Italiens de la Lazio Rome. Officiellement, Olivier Pickeu espère toujours le faire prolonger mais les chances que ce scénario se produise sont quasi-nulles. "Il n'y aura pas de prolongation", nous a encore confié en début de semaine son entourage. "On a prévenu le club dès le mois de septembre".
Un possible départ libre en 2025
Problème pour le SMC, Tidiam Gomis, plus jeune élément de son histoire à avoir signé « pro », le jour de ses 16 ans (!), est en fin de contrat dans un an et demi*. Cela signifie qu'à l'été 2025, il sera libre de partir pour la destination de son choix sans compensation financière pour son club formateur. Et cette date risque d'arriver plus vite qu'on ne le pense. Surtout qu'aujourd'hui, plus aucun joueur n'hésite à aller au terme de son engagement pour maîtriser son avenir à 100%. "L'heure tourne", reconnaît Olivier Pickeu. Néanmoins, dans l'entourage de l'attaquant, ce n'est pas l'option privilégiée. On ne manque pas de souligner l'importance qu'a eu le Stade Malherbe dans l'épanouissement de l'international U18. "Tidiam se sent super bien au SM Caen. Tidiam a choisi de venir ici pour apprendre le football. Il y a grandi. C'est le bon club pour jouer. Le mariage entre Caen et la famille Gomis s'est très bien passé".
"A NOTRE GRAND DÉSARROI, IL N'Y A PAS DE PROJET POUR TIDIAM. LE CLUB NE LE MET PAS EN VALEUR"
L'ENTOURAGE DE TIDIAM GOMIS
Sauf que l'heure de la séparation a peut-être sonné. Depuis le coup d'envoi de cet exercice 2023-2024, le principal intéressé se dit frustré par son (manque de) temps de jeu. 87' toutes compétitions confondues, réparties en neuf apparitions. Insuffisant pour lui, même s'il convient de préciser que sa participation en novembre-décembre au Mondial U17, où il a rapporté la médaille d'argent, tout comme une vilaine entorse à la cheville, contractée début janvier, ne l'ont pas aidé à convaincre Nicolas Seube de lui en accorder plus. Toutefois, ces circonstances atténuantes ne trouvent pas grâce aux yeux de Tidiam Gomis. Et ce n'est pas le recrutement annoncé d'Amine Salama, un concurrent direct pour une place sur le front de l'attaque qui va le faire changer d'avis.
"A notre grand désarroi, il n'y a pas de projet pour lui (au SMC). C'est pourquoi Tidiam souhaite un départ. Le club ne le met pas en valeur, peut-être qu'un autre le fera", lance son entourage qui aspire à un transfert d'ici jeudi soir, 22 H 59. "On veut que ça soit du gagnant-gagnant et que Malherbe s'y retrouve financièrement. On ne parle quand même pas de petites sommes mais le club ne veut pas le lâcher. On est dans la même situation de blocage qu'il y a six mois". Pour le club normand, coincé entre la frustration de ne pas avoir encore vu son n°7 brillé sous ses couleurs, l'avis du staff technique qui ne l'estime visiblement pas encore prêt pour tenir un rôle crédible en Ligue 2 et ses impératifs économiques, l'équation paraît insoluble. Dans ces conditions et alors que son rachat par Pierre-Antoine Capton devrait être officiel dans les prochaines semaines, le Stade Malherbe va peut-être devoir se résoudre à le laisser partir. Dans le cas contraire, il pourrait être le grand perdant de l'histoire dans quelques mois.
*En France, le premier contrat professionnel est limité à une durée de trois ans.