Foot Normand

Brahim Traoré : "Ma mère me demande d'aller jusqu'au bac. Pour elle, je vais le faire"

A 17 ans, un mois et 28 jours, Brahim Traoré est devenu le deuxième plus jeune joueur de l'histoire du Stade Malherbe à débuter chez les « pros » après Mbaye Niang. ©Damien Deslandes

Le lieu où il a grandi : l’Orne

"On avait été sacrés champions de futsal avec Flers"

Qui a dit que l’Orne n’était pas une terre de football ? Pas Bernard Rebulard en tout cas. En 2017, alors que son club avait remporté notre jeu-concours, l’historique président du CO Céaucéen nous avait parlé d’un jeune assez prometteur : un certain Brahim Traoré. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’était pas trompé. C’est dans cette commune située au carrefour de la Manche, de l’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne que le n°22 des « Rouge et Bleu » a débuté dès l’âge de 5 ans. "Je n’ai que des bons souvenirs de cette période. Comme j’étais déjà grand, j’étais surclassé. On affrontait souvent Flers. C’était notre derby". Six ans après avoir souscrit sa première licence, le natif de Rennes rejoint justement le voisin ornais, afin d’évoluer à un niveau supérieur. A Flers, il garnit son armoire à trophées. "On avait été sacrés champions départementaux de futsal. J’avais marqué en finale. Il y a aussi le tournoi de Laval qu’on avait gagné contre Alençon. J’avais signé la passe dé (décisive)".

Toutefois, son passage à Flers ne constitue qu’une étape. Très rapidement, les écuries professionnelles viennent frapper à la porte de ses parents : Guingamp, Rennes, Nantes… Mais c’est le Stade Malherbe qui se montre le plus convaincant. "Direct, je me suis senti bien. Je me suis dit : « C’est là que je veux être »", se rappelle Brahim Traoré qui avait visité le centre de formation caennais en compagnie de sa maman, Aurore, et de sa petite sœur, Nora.

Le match qui a lancé sa carrière : Pau

"Je me suis dit : « C’est pour moi, il faut que je saisisse ma chance »"

Dans le top 5 des joueurs les plus jeunes à avoir débuter en « pro » dans l’histoire du Stade Malherbe, à 17 ans, un mois et 30 jours*, Brahim Traoré a toujours été considéré depuis son arrivée à Caen en 2017 comme l’un des plus solides espoirs du centre de formation. Alors que l’avenir du club normand était menacé par une relégation en National, Fabrice Vandeputte, nommé coach intérimaire au printemps, n’a pas hésité une seconde à le lancer dans le grand bain la saison dernière (1-1 contre Pau, le 3 avril). "A l’entraînement, la semaine précédente, ça se sentait un peu que j’allais jouer. La veille, lors de la mise en place, j’avais été aligné avec Prince (Oniangué) derrière. Je me suis dit : « C’est pour moi, il faut que je saisisse ma chance »". La révélation de la composition une poignée d’heures seulement avant le coup d’envoi le confortera dans son intuition. Rebelote quelques semaines plus tard pour la rencontre du maintien face à Clermont (2-1, le 15 mai). "C’est vrai que pour un jeune joueur, c’est beaucoup de pression. On n’avait pas le droit à l’erreur. Si on perdait, on pouvait être relégué. Mais ça m’a donné de la force. J’aime les grands matches", assure l’Ornais qui a pu compter, pour son baptême du feu, sur les précieux conseils de Prince Oniangué et Alexandre Mendy.

Si ses premiers pas chez les « pros » ont été extrêmement encourageants, Brahim Traoré est parfaitement conscient que tout ne sera pas toujours rose dans sa carrière. D’ailleurs, depuis le coup d’envoi de l’exercice 2021-2022, l’international U18 - blessé à un orteil lors d'un rassemblement avec l'équipe de France, en octobre - est plutôt abonné au banc de touche. "Un jour, tu es bon, le lendemain, tu fais un mauvais match. Il faut se remettre en question après chaque match. Aujourd’hui, je suis à disposition du groupe, prêt à rentrer quand ça sera mon tour. Etre remplaçant ne me dérange pas forcément. Le coach fait ses choix".

*Le quatrième plus jeune derrière Mbaye Niang, Norman Bassette et Jonathan Téhoué.

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Pour son baptême du feu dans le monde « pro » à la fin de la saison dernière, Brahim Traoré a pu compter sur les précieux conseils de Prince Oniangué et Alexandre Mendy. ©Damien Deslandes

Sa particularité : sa polyvalence

"Au milieu, on a la possibilité de se projeter, d’aller dans la surface, de dribbler"

"La première fois que je l’ai vu jouer, je n’ai pas su dire s’il était droitier ou gaucher". Cette anecdote, émanant de Yohan Eudeline, le directeur sportif du Stade Malherbe, est révélatrice de l’une des spécificités de Brahim Traoré, à l’aise avec ses deux pieds. "On me le répète tout le temps", en rigole le principal intéressé qui peut remercier son papa, Georges, de lui avoir fait travailler son pied « faible ». "Quand j’étais tout petit, mon père me disait : « Jongle du gauche, fait des passes du gauche, des conduites de balle du gauche… » Et à force, c’est rentré".

Du haut de ses 17 ans, le n°22 du SMC cultive une autre particularité : sa polyvalence. Il peut évoluer en charnière centrale, le poste où il s’est révélé sous le maillot « Rouge et Bleu », comme en milieu défensif, là où il est utilisé en équipe de France. Entre les deux, celui qui s’inspire de Presnel Kimpembe et Paul Pogba a un faible. "Au milieu, on a la possibilité de se projeter, d’aller dans la surface adverse, de dribbler… Quand on est défenseur, on peut moins se permettre ce genre de choses. Maintenant, ça ne me déplaît pas du tout de jouer derrière". Pendant la préparation estivale, le gamin de Céaucé a même été testé en latéral, avec il faut bien le reconnaître, moins de succès.

Une nouvelle vie de « pro » : l’intégration au vestiaire

"Jason (Ngouabi) et Jo (Lepenant), ce sont mes gars sûrs"

Depuis son intégration définitive dans le groupe « pro » à la fin de la saison passée, Brahim Traoré a découvert un nouvel univers. "Il faut avoir une attitude adéquate, ne pas faire n’importe quoi, bien manger, bien s’hydrater... En étant avec des adultes, tu dois te montrer plus mature, tu ne peux pas te permettre de faire le gamin comme quand tu es avec tes potes de ta génération", témoigne le longiligne défenseur, proche dans le vestiaire de Jason Ngouabi et Johann Lepenant. "Ce sont mes gars sûrs". Bien qu’il soit « surclassé », l’Ornais n’a pas perdu le contact avec les joueurs de son âge, que ce soit Abdoulaye Niakaté, Noé Lebreton, Nassim Tlemcani, Diabé Bolumbu, Brael Douma ou encore Mpali Sacko (même si ces deux derniers ont quitté le club caennais cet été). Parmi toute cette jeunesse, Brahim Traoré se distingue par un style vestimentaire qu’on qualifiera de coloré. "J’aime bien les habits, les chaussures". D’un point de vue capillaire, celui qui peut aussi évoluer dans le cœur du jeu n’hésite pas non plus à se démarquer. "A un moment, j’avais un côté tout blanc et l’autre tout noir. Je n’aime pas faire comme tout le monde. Ça me permet de me différencier".

En parallèle de sa carrière naissante, le n°22 des « Rouge et Bleu » doit également jongler avec ses études avec en ligne en mire en 2022 le passage de son baccalauréat. "Je vais prendre beaucoup de cours au centre (de formation) pour éviter les allers-retours au lycée. Déjà l’année dernière, je n’ai pas beaucoup été présent. Ce n’est pas toujours évident", explique cet élève en terminale bac pro commerce à Sainte-Ursule. "Ma mère ne veut pas que j’arrête, elle me demande d’aller jusqu’au bac. Pour elle, je vais le faire". Que l’on soit « pro » ou pas, on doit toujours faire plaisir à sa maman.

Après des débuts à Céaucé et Flers, Brahim Traoré a intégré le centre de formation du Stade Malherbe en 2017. ©Damien Deslandes

Brahim Traoré

> Né le 4 février 2004 (17 ans) à Rennes (Ille-et-Vilaine).

> Défenseur central ou milieu défensif. Droitier. 1,91 m pour 80 kg.

> Parcours : Céaucé (2010-2015), Flers (2015-2017), SM Caen (2017-…).

> International en équipe de France U16.

> Sous contrat jusqu’en 2024.

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