Son parcours : une formation 100% normande
"A cause du Covid, on n’est pas monté en R1. Sinon, je serais resté à Vernon"
S’il a vécu les premières années de sa vie en République démocratique du Congo, Cluver Sambi a très vite posé ses valises en France. "A l’âge de quatre ans... Avec ma mère (Bébé) et ma sœur (Naomie), on a rejoint mon père (Mayala) qui travaillait en région parisienne", rembobine le natif de Kinshasa. Après une escale à Créteil, la Normandie, et plus particulièrement l’Eure, sont rapidement devenues une terre d’adoption pour la famille Sambi. Tout d’abord à Evreux puis à Vernon. C’est d’ailleurs dans le club local du SPN que le jeune caennais a tapé dans ses premiers ballons, en U6. "C’est ma mère qui m’a inscrit. J’ai toujours aimé le foot. Depuis que je suis tout petit, je veux en faire mon métier", raconte celui dont le prénom fait référence à Patrick Kluivert ; sa maman étant fan de l’ancien attaquant de l’Ajax, du Milan AC et du Barça dans les années 1990-2000.
A l’école de foot de Vernon, Cluver Sambi se rappelle "d’une équipe qui gagnait beaucoup". "Une saison, on est resté invaincu sur les deux phases. On était parti de Départemental. Mais quand le Covid est arrivé, on était troisième. Du coup, on n’est pas monté en Régional 1", explique ce milieu relayeur qui s’était engagé au Pacy-Ménilles RC lors de l’exercice suivant, justement, pour évoluer en U14 R1. "Sinon, je serais resté à Vernon. C’est sûr". Les scouts du Stade Malherbe n’ont pas attendu ce moment-là pour le cocher sur leurs tablettes. "C’était en U11", se remémore le principal concerné comme si c’était hier. "Pour mon premier match, on bat le TA Rennes 4-0 et je marque un doublé". Derrière, de nombreux autres rencontres et tournois se sont succédés. "On a entamé le suivi de ce garçon très tôt", confirme Djibi Diao, le responsable de la cellule de recrutement du SMC. "Le jour où il a signé chez nous, on le connaissait déjà par cœur". C’était en 2020.
Sa particularité : Il a toujours été surclassé
"Il faut prouver pourquoi on est là"
Son rôle de cadre dans l’équipe de Gambardella de Gilles Fabien en ferait presque oublier qu’il n’a que 16 ans ! Mais Cluver Sambi a toujours été en avance. "En U12, j’étais déjà double surclassé pour jouer avec des garçons de deux ans plus vieux que moi sur un terrain à 11", révèle-t-il. Et ce n’est pas en intégrant le centre de formation du Stade Malherbe que le phénomène s’est estompé. Pour preuve, son baptême du feu avec les U17 nationaux, il l’a effectué alors qu’il n’avait pas encore soufflé sa 14e bougie ! "C’était contre Le Havre, un adversaire athlétique. On avait gagné 2-1", lance celui qui se souvient de tous ses matches.
Une précocité pas toujours évidente à gérer. "Vous êtes avec des plus grandes personnes, vous êtes le plus petit. On doit s’intégrer dans le jeu. Il faut prouver pourquoi on est là", témoigne le n°8 des « Rouge et Bleu », son numéro fétiche. "Aujourd’hui, je me pose moins la question. Je me suis habitué à la situation". Cela tombe plutôt bien car le cas de figure pourrait se représenter prochainement ; son incorporation à la réserve (N3) n’étant qu’une histoire de mois, voire de semaines. Pour l’instant, il a dû se contenter de matches amicaux et du Challenge des Espoirs. Suffisant, néanmoins, pour mesurer la différence entre les catégories de jeunes et le monde des adultes. "Athlétiquement, dans le jeu, les déplacements… Il ne faut pas faire semblant. Tout va plus vite. En U19, je peux me permettre de garder le ballon dos au but et de me retourner. Là, je dois le lâcher beaucoup plus tôt", analyse cet élève en 1re au lycée Saint-Ursule qui a énormément appris aussi en observant sur le banc de touche.
Une compétition : la Gambardella
"En demi, contre Rennes, j'étais ramasseur de balles à d'Ornano"
A Malherbe, quand on évoque la Coupe Gambardella, forcément, les souvenirs du parcours en 2022, jusqu’à cette finale au Stade de France (défaite contre Lyon 1-1, 5-3 tab), remontent rapidement à la surface. Déjà pensionnaire du centre de formation à l’époque, Cluver Sambi se trouvait aux premières loges pour assister à cette épopée. "En demi, contre Rennes, j’étais ramasseur de balles à d’Ornano". Avec ses partenaires de la génération 2007-2008, le Franco-congolais rêve d’imiter ses aînés, les Brahim Traoré, Noé Lebreton et autres Gabin Tomé. "On ne peut pas les oublier. Ils nous inspirent mais on veut faire mieux qu’eux. On veut gagner la Gambardella", lance le n°8 des « Rouge et Bleu » qui ne manque pas d’ambitions.
Il faut dire que le parfum de cette compétition si spéciale pour les jeunes joueurs semble l’inspirer. Pourtant, pas réputé pour être un grand goleador comme en attestent ses statistiques en championnat (aucune réalisation en U19), Cluver Sambi a déjà trouvé à deux reprises le chemin des filets adverses en… deux tours. "Je suis plus dans la passe", s’en amuse l’ex-Vernonnais. Assist ou but, le SMC aura en tout cas bien besoin du talent de son milieu de terrain pour franchir l’obstacle du Racing, tombeur en 1/64e du HAC. Un adversaire que les protégés de Gilles Fabien connaissent bien pour l’avoir affronté en championnat il y a deux semaines, avec un succès 2-0 à la clé*.
*Alors qu’en championnat, les U19 peuvent être alignés, la Coupe Gambardella est réservée, maximum, à la catégorie U18 ; ce qui prive plusieurs jeunes joueurs de cette compétition.
> Coupe Gambardella. 1/16e de finale - Racing Club (Nat) / SM Caen (Nat), dimanche 2 février à 14 H 30 au Stade Yves-du-Manoir.
Un jeune joueur dans le radar de plusieurs écuries européennes
Sous contrat aspirant jusqu'en 2026, Cluver Sambi va rapidement devenir un dossier prioritaire sur le bureau de Reda Hammache, le nouveau patron sportif du Stade Malherbe. ©Damien Deslandes
Durant ses premières années de formation à Malherbe, Cluver Sambi (16 ans) a pas mal changé de postes. Milieu défensif à son arrivée au SMC, en 2021, le n°8 de cette génération 2008 a même évolué attaquant pour ses débuts avec Matthieu Ballon, en U17. "Dans le couloir gauche", précise-t-il. Désormais, c’est en tant que relayeur qu’il s’est fixé. "Je suis plus libre. Ça me permet de me projeter vers l’avant et de revenir défendre", analyse celui qui a pour modèle l’Espagnol Pedri, "pour son élégance", et Paul Pogba, "pour sa qualité technique, sa vision du jeu, ses passes".
Si sa marge de progression est, bien entendu, considérable pour un garçon de son âge (gagner en efficacité sur tous les gestes, améliorer son jeu sans ballon, gérer ses émotions sur un terrain), Cluver Sambi possède déjà de nombreux atouts pour déséquilibrer un bloc adverse, notamment à travers une belle qualité de passes et une capacité d’élimination. Des qualités qui n’ont pas échappé à la Fédération française. En mai 2024, il a été convoqué pour un rassemblement U15 à Clairefontaine. Mais les techniciens de la DTN (Direction technique nationale) ne sont pas les seuls à avoir décelé un grand potentiel chez le jeune caennais.
"Milieu relayeur ? je suis plus libre. Ça me permet de me projeter vers l'avant et de revenir défendre"
Présents autour des terrains chaque week-end, ou presque, les émissaires des clubs, notamment étrangers, sont nombreux à suivre son évolution. D’ailleurs, dès le mois de septembre 2023, dans le cadre d’un possible transfert de Tidiam Gomis en Allemagne, on vous faisait part d’un intérêt du Bayer Leverkusen à son égard. Bien sûr, à 16 ans tout juste, il n’y a rien de concret mais la question de son avenir va rapidement devenir un dossier prioritaire sur le dossier de Reda Hammache, le nouveau directeur du recrutement du SMC. Alors qu’il se trouve sous contrat aspirant jusqu’en juin 2026, il ne serait pas étonnant que Cluver Sambi se voit proposer un premier contrat professionnel au cours de cette année 2025.