Lors de leur victoire contre Amiens (2-1), mardi soir, les joueurs du Stade Malherbe ont eu la satisfaction d'entendre leurs supporters les encourager de la première à la dernière seconde. Quatre jours auparavant à l'occasion du succès aux dépens d'Ajaccio (1-0), la tribune Borrelli, le véritable poumon de d'Ornano, n'avait entonné ses chants qu'au début de la seconde période. Cela ne signifie pas, pour autant, que la grève du kop est terminée. Contrairement à ce qu'a laissé entendre un journaliste de beIN Sports, mardi soir, en interviewant Alexandre Mendy, l'objet du courroux des supporters « Rouge et Bleu » n'est absolument pas dirigé à l'encontre de leur équipe. Dans leur viseur, le diffuseur du championnat de Ligue 2, la LFP et les dirigeants de leur club préféré. En cause, ce fameux multiplex comprenant sept rencontres sur neuf par journée avancé au vendredi au lieu du samedi, deux semaines avant le coup d'envoi de la saison sans que personne au préalable n'ait été averti.
"C'est une situation complexe", ne cache pas Ziad Hammoud. Interrogé sur ce sujet lors du point presse organisé avec les journalistes régionaux, ce mercredi après-midi, le président du SMC a usé d'une magnifique langue de bois, bien qu'il ait assuré durant ce même entretien que ce n'était pas son style. "Nous suivons ce dossier de près, nous voulons que les choses avancent, que tout le monde puisse trouver son bonheur". Oui, mais encore.... Relancé à plusieurs reprises, le dirigeant caennais nous a renvoyé vers le communiqué publié par le club il y a quelques semaines, le faisant même réciter devant l'assistance par le chargé de communication du Stade Malherbe. Mais on rassure Ziad Hammoud, on n'avait eu besoin de personne pour le trouver vide de sens dès la première lecture.
"C'est un problème à aborder sous un tas d'angles différents. parfois, on ne voit que le sien"
Ziad Hammoud
"Il ne suffit pas de dire : « On veut que ça se passe comme ça »", se défend l'homme placé par la famille de Kylian Mbappé à la tête de la maison « Rouge et Bleu ». "C'est un problème à aborder sous un tas d'angles différents. Parfois, on ne voit que le sien". Référence, entre autres, à l'impossibilité pour beIN Sports de retransmettre sept matches de L2 simultanément le samedi soir, faute de matériel et de canaux de diffusion disponibles. Des considérations techniques qui importent peu aux fans ; ces derniers ayant le sentiment d'être les dindons de la farce et de n'être pas considérés par les instances du football français. Pour le SMC qui a très clairement « le cul entre deux chaises », pardonnez-nous l'expression, difficile d'entrevoir une porte de sortie convenable même si plusieurs sources en interne assurent que ses dirigeants (ceux avant l'arrivée du nouvel actionnaire Kylian Mbappé) ont voté en faveur du maintien du multiplex au samedi.
"Les supporters sont l'un des moteurs, si ce n'est le moteur, de l'adn de malherbe"
Ziad Hammoud
De toute façon, l'Etat-major normand n'a pas intérêt à se mettre à dos son public alors qu'il vient à peine d'entrer en fonction. "Les supporters sont l'un des moteurs, si ce n'est le moteur, de l'ADN de Malherbe". Certes, mais il ne veut pas non plus froisser beIN Sports ; une chaîne qatarie qui a posé 40 M€ par an sur la table afin de retransmettre la Ligue 2 jusqu'en 2029. Et on ne parle même pas des 100 M€ supplémentaires pour la diffusion d'une affiche de Ligue 1 par journée (les droits de la L1 et la L2 sont placés dans un pot en commun avant d'être redistribués) sans compter les droits internationaux même s'ils ne concernent que les clubs possédant un indice UEFA. Si les droits TV que touchera le Stade Malherbe cette saison (2024-2025) vont être divisés par trois par rapport à ceux perçus en 2023 (une fourchette comprise entre 1,5 et 2 M€ contre 4,87 M€ il y a deux ans), ils n'en restent pas moins indispensables aux finances caennaises, déjà considérablement dans le rouge de l'aveu même de Ziad Hammoud.
Ne souhaitant pas ajouter de l'huile sur le feu à ce dossier déjà brûlant, le président du SMC interprète les derniers rebondissements de ce conflit, avec une deuxième affiche fixée au samedi (20 heures) et la reprise des encouragements des fans dans les travées, comme des signes d'apaisement. Sauf que si le MNK s'est remis à chanter, ce n'est nullement car il était satisfait de l'avancée des négociations mais par solidarité avec son équipe, en difficulté sur le plan sportif (trois défaites pour un nul sur ses quatre premières sorties), et son coach, Nicolas Seube, fragilisé par cet enchaînement de mauvais résultats. "Honnêtement, je ne sais pas comment cette histoire se finira ou s'il y aura d'autres mouvements de matches au samedi", reconnaît l'ancien directeur de la stratégie et des investissements à beIN Media Group. Heureusement, le hasard (on va l'appeler ainsi) fait parfois bien les choses. Les partenaires de Romain Thomas disputeront leurs trois prochains rendez-vous à domicile, contre Lorient, Troyes et Bastia, le samedi, à 14 heures. Sur ces dates, le kop de la Borrelli a laissé sous-entendre qu'il reprendrait l'ensemble de ses activités. Dans l'intérêt général du football, on ne demande que ça.