Le choix des joueurs
"Des garçons pouvant vivre un certain nombre de matches ensemble"
"La sélection des joueurs fut quelque chose de primordial. C'est ce qui nous a permis d'aller le plus loin possible. Car il faut faire vivre 23 joueurs en harmonie, former un groupe avec un état d'esprit, une cohésion, une solidarité. Même si ce sont tous de très bons joueurs, ce n'était pas forcément les meilleurs. Mais on savait qu'ils pourraient vivre ensemble un certain nombre de semaines, de matches ensemble. Du début de la préparation à la finale, on a passé 55 jours ensemble. On avait un groupe avec une moyenne d'âge de 25,5 ans, l'une des plus jeunes du Mondial. Parmi les 23 joueurs retenus, 13 n'avaient jamais participé à une compétition internationale. C'est beaucoup. Mais parmi les dix qui avaient déjà pris part à un Euro ou à une Coupe du Monde, huit formaient l'ossature de l'équipe de France (Hugo Lloris, Raphaël Varane, Samuel Umtiti, N'Golo Kanté, Paul Pogba, Blaise Matuidi, Antoine Griezmann, Olivier Giroud)".
Le camp de base
"On voulait que les joueurs s'approprient leur chambre"
"Parmi 60 camps de base qui avaient été sélectionnés par la FIFA, les services de la Fédération en ont visité une dizaine. Didier (Deschamps) a retenu les deux-trois meilleurs. Et on s'est établis à Istra, dans un hôtel confortable situé à une cinquantaine de kilomètres de Moscou. Un hôtel qui avait été personnalisé aux couleurs de la FFF, notamment les chambres des joueurs avec leur portrait sur chacune d'entre elles. On voulait qu'ils s'approprient leur chambre. D'ailleurs, après les matches, les joueurs nous disaient « qu'ils rentraient chez eux ». On a fait attention à plusieurs aspects de l'entraînement invisibles comme la nutrition et la literie. Notre objectif était de mettre les joueurs dans les meilleures dispositions en amont de la compétition".
Les causeries
"Une réunion supplémentaire avec les 11 titulaires"
"En plus de la causerie qui était effectuée devant l'ensemble du groupe, on organisait une réunion supplémentaire réunissant seulement les 11 titulaires, Didier et moi. Il n'était pas question de mettre à l'écart les autres mais à 23, le message est plus difficile à faire passer. En effectif réduit, on avait l'impression que les joueurs allaient beaucoup plus s'exprimer. On a mis cette réunion en place pour la première fois avant le 1/8e (contre l'Argentine) et on l'a refait à tous les matches, jusqu'à la finale".
Le si précieux N'Golo Kanté
"N'Golo a facilité la tâche de Pavard pour museler Hazard"
"Contre l'Argentine, on avait inversé les positions de Paul Pogba et N'Golo Kanté au milieu de terrain car on voulait mettre N'Golo dans la zone de Lionel Messi. Il a tendance à se décaler sur le côté droit pour rentrer sur son pied gauche. Face à la Belgique, Benjamin Pavard avait souffert en première période contre Eden Hazard. En seconde, N'Golo lui a bien facilité la tâche pour le museler".
L'importance des coups de pied arrêtés
"Des petits détails qui font la différence"
"Sur ce Mondial en Russie, 42% des buts ont été inscrits sur coups de pied arrêtés. C'est un domaine qu'on a énormément travaillé (sur 14 buts marqués, six suite à des phases arrêtées). En 2014, on avait été éliminés par l'Allemagne sur un but de (Mats) Hummels suite à un coup franc. Quatre ans plus tard, on a marqué sur coup de pied arrêté contre l'Uruguay, la Belgique et la Croatie. Face à l'Uruguay, si vous observez bien le but de Raphaël Varane, Antoine Griezmann marque une pause dans sa course d'élan. Il nous avait fait remarquer que (Diego) Godin et (José) Gimenez, qu'il connaissait bien pour jouer avec eux à l'Atlético Madrid, reculaient sur les coups francs. Et cette pause permettait à nos joueurs d'arriver lancés. Ce sont ces petits détails qui font la différence. En demie, Samuel Umtiti devance (Marouane) Fellaini alors qu'il accuse de 12 cm de moins ! En finale, on a eu un peu de chance sur les deux premiers buts avec un CSC et une main conduisant à un penalty mais les Croates nous craignaient dans ce secteur".