Des premiers pas en D1 à l'âge de 14 ans
"Contre l'OL, les quatre premiers ballons que j'ai touchés, ce sont quatre engagements"
Dorine Mamata aurait pu faire carrière au tennis. Dès l’âge de 4 ans, elle a suivi ses deux grands frères, Paterne et Yvan, sur les courts. Quand elle ne tapait pas dans la petite balle jaune, l'actuelle attaquante du Stade Malherbe frappait dans le « cuir », en bas de chez elle. Avec les copains, elle passait son temps libre à jouer au football, dans son quartier. Sauf qu'à l’adolescence, il a fallu choisir. "Mes parents n’étaient pas trop favorables pour que j’arrête le tennis", explique celle qui glanait des titres départementaux et régionaux. Dorine Mamata avait même intégré un sport-études. Mais le ballon l’a emporté sur la raquette. "J’ai eu envie de prendre le foot un peu plus au sérieux. Même si j’étais jeune, j’avais envie d’un nouveau challenge".
La Franco-congolaise rejoint rapidement le Toulouse Football Club. Si bien que l’entraîneur lui donne sa chance en D1 féminine à l’âge de… 14 ans ! Un record de précocité qui ne semble pas poser de souci. "C’est arrivé très vite mais le tennis m’avait préparé au haut niveau et à la rigueur", analyse-t-elle, avec du recul. "Je ne réalisais pas trop mais j’y suis allée sans trop me poser de questions". A cette époque, le « Téfécé » jouait le milieu de tableau. L’attaquante a figuré sur trois feuilles de match pour deux entrées aux côtés de Sarah Bouhaddi, gardienne du TFC, et Sabrina Viguier, 93 capes chez les Bleues. Dans son deuxième club, l’AS Muret, la néo-Caennaise affronte l’ogre, l’Olympique Lyonnais et son lot d’internationales : Elodie Thomis, Camille Abily ou encore Sonia Bompastor… "Les quatre premiers ballons que j’ai touchés, ce sont quatre engagements", se remémore avec beaucoup d’autodérision la native de Toulouse. Un souvenir qu’elle gardera à vie.
Six jours sur sept sur les terrains
"Sans le double-projet, je ne serai pas au Stade Malherbe"
Quand elle ne joue pas, Dorine Mamata donne des consignes. Avec deux équipes à sa charge, l’attaquante de 32 ans ne quitte jamais ses crampons. En plus de ses cinq séances hebdomadaires, la Caennaise d'adoption entraîne les U16F quatre fois et les U9F à deux reprises par semaine. "Je suis sur le terrain du mardi au dimanche". Et quand on lui demande ce qu’elle fait le lundi, la réponse est : "Repos ! Je ne sors pas de chez moi avant 17 heures !", plaisante-t-elle.
Diplômée du BMF et du BEF, l’éducatrice ne compte pas s’arrêter là. En quittant le domicile familial pour la première fois cet été, Dorine Mamata a des idées derrière la tête. "C’est le double-projet qui m’a donné envie de venir ici. En intégrant une structure professionnelle, j’envisage de passer le DES (Diplôme d’Etat Supérieur)". Un diplôme qui lui permettrait d’entraîner une D2 féminine ou à un niveau national chez les garçons. "Je veux me professionnaliser sur l’aspect coaching". D’une certaine manière, la Toulousaine prépare déjà son après-carrière.
Son rôle de capitaine
"La capitaine est le premier visage de l'équipe"
Dorine Mamata souhaite s’installer sur le long terme sous ses nouvelles couleurs « Rouge et Bleu. Elle découvre la Normandie mais aussi la nouvelle formule de la D3 depuis cet été. "Il n’y a pas que des réserves de clubs professionnels. Il n’y a pas de matches faciles. C’est une adaptation chaque week-end". Si elle pointe du doigt quelques "défauts d’inexpérience" au sein du collectif caennais, l'attaquante estime que le SMC est à sa place dans ce championnat (7e avec trois victoires, un nul et quatre défaites). "Ce classement nous va bien. On ne se dit pas qu’on joue le maintien. Le groupe monte en puissance chaque semaine".
Forte de son expérience passée, l’une des doyennes du collectif malherbiste s’est même vue remettre le brassard de capitaine, confié par la coache Chloé Charlot. Un rôle qui lui sied bien. "Au départ, j’étais un peu discrète. Le brassard m’a permis de prendre confiance. Je ne peux plus me cacher". Pas question, en revanche, de se mettre la pression. "C’est un rôle qui me tient à cœur. C’est le premier visage de l’équipe. Je dois être exemplaire". Face à la Roche-sur-Yon ce dimanche, on peut parier qu’elle aura un rôle à jouer pour mobiliser ses troupes. Troisièmes avec un match de moins, les Vendéennes se présentent comme un gros morceau avant la trêve hivernale. "Même si c’est une équipe qui joue le haut de tableau, on va essayer d’aller prendre des points. Quel que soit le résultat, cela reste un match formateur". Et si c’était le moment de croire à une énorme performance ?
> D3F. J9 – ESOF La Roche Vendée (3e - 16 points) / SM Caen (7e - 10 points), dimanche 17 décembre à 14 H 30 au Stade Saint-André d'Orsay.
Le making-off de l'interview
- Date de l'interview : jeudi 14 décembre
- Heure : 14 H 30
- Durée de l'entretien : 20 minutes
- Tenue : Jogging du SM Caen, baskets, cheveux attachés