"Je le compare à Cavani"
Patrice Garande, son entraîneur au SM Caen
"Bati (surnommé ainsi par Patrice Garande en référence à son compatriote argentin et l'une de ses idoles, Gabriel Batistuta), je n'ai que des bons souvenirs de lui. Sur le plan humain, c'était un mec extraordinaire. Sur le terrain comme en dehors, il faisait preuve d'une générosité extraordinaire. Je me rappelle de notre première discussion quand il était arrivé de Bordeaux (en prêt). Il restait sur une situation d'échec mais il ne rejetait la faute sur personne. Il avait une grosse envie de réussir. Il voulait qu'on lui donne sa chance. Bati, il possédait un style particulier que j'appréciait beaucoup. Même si ce n'est pas un copier-coller, je le compare à (Edinson) Cavani. Il était animé d'une pensée collective de tous les instants. Quand son équipe n'avait pas le ballon, c'était le premier défenseur. Il harcèlait. Il pressait. Et quand son équipe attaquait, il multipliaient les appels, il décrochait. Il dépensait une telle énergie. Souvent, on dit de ce type d'attaquants qu'ils garderaient plus de fraîcheur offensivement s'ils défendaient moins. Mais je ne le pense pas. Bati ne saivait pas jouer autrement. Plus il y a de duels, plus il aimait ça. On a pu voir qu'à force d'enchaîner les saisons en Ligue 1 et au contact de ses différents d'entraîneurs, il n'a cessé de progresser. Lors de cette première partie de saison, il a fait preuve de son efficacité (12 buts avec le FC Nantes sur la phase aller)".
"Il me fait vraiment penser à N'Golo Kanté"
Felipe Saad, son coéquipier au SM Caen
"Je suis choqué. C'est tellement inattendu. C'est difficile à accepter. C'était un joueur, un père de famille comme nous. A Caen, on entretenait une relation particulière. On était sud-américains tous les deux (Felipe Saad est brésilien). On s'entendait très bien. Durant son séjour en Normandie, j'avais essayé de l'accompagner. Même si on avait un peu perdu le contact depuis, c'est un joueur qui m'a marqué. Dans le monde du foot, Emiliano était un peu à part. Il me fait penser à N'Golo Kanté (également côtoyé au Stade Malherbe). Il était beaucoup plus simple que les autres, toujours dans l'altruisme, jamais dans l'individualisme. Il pensait toujours à l'équipe, se battait pour elle, avant de se préoccuper de la tâche qu'on attend pour un attaquant, à savoir de marquer des buts. Il avait cette rage de vaincre, cette volonté de bien faire".
"Comme mon frère"
Yacine Bammou, son coéquipier à Nantes (2015-2018)
"Avec Emi, on était très proches. Il venait à la maison. On avait passé des vacances ensemble au Maroc. C'était comme mon frère. Je suis vraiment touché au plus profond de moi. C'est extrêmement violent. Je suis atteint. J'ai passé des superbes années avec lui. Une période inoubliable. Quand j'ai appris la nouvelle de sa disparition, j'ai essayé de l'appeler sur WhatsApp. Comme c'est une application, ça a quand même sonné. Je l'avais eu par Facetime 48 heures avant le drame. Je l'avais félicité pour sa signature (à Cardiff City). On avait bien rigolé. Il était très heureux de jouer en Premier League. Il était impatient d'y aller et de porter son nouveau maillot. Si sur le terrain, il n'hésitait pas à aller au combat, dans le vestiaire, il était le premier à chambrer et à nous taquiner".
"Malherbe lui doit beaucoup"
Jean-Marc Branger, préparateur physique du SM Caen
"Emi me fait penser à N'Golo Kanté sur le plan humain. Tous les gens qui l'ont connu que ce soit ici, à Bordeaux ou à Nantes, vous diront la même chose : il faisait l'unanimité. Comme tous les Argentins qu'on a eus à Caen, que ce soit (Pablo) Barzola ou (Juan Eduardo) Eluchans, c'était un guerrier, un travailleur, quelqu'un de rigoureux. Il se battait sur le terrain. S'il était encore chez nous aujourd'hui, il aurait adoré nos méthodes de travail. L'investissement dont il a fait preuve lors de son passage en 2015 en tant que joueur prêté est à montrer en exemple à nos jeunes du centre de formation et aussi à nos joueurs du groupe pro. Il nous a mis des buts importants. Si Malherbe est en encore en Ligue 1 aujourd'hui, c'est aussi grâce à lui. Malherbe lui doit beaucoup. Au-delà du football, on avait une passion commune : la pêche. En plaisantant, je lui disais souvent qu'un jour, j'irais péché chez lui, en Argentine. Et lui me répondant : « Sans problème ». Quand je repense à ce qui lui est arrivé, c'est très difficile. Il n'a pas eu la récompense qu'il méritait. Avec cette signature à Cardiff, il était sur le point de la toucher et on lui a enlevée".
LA RÉDACTION DU MAGAZINE FOOT NORMAND ADRESSE SES SINCÈRES CONDOLÉANCES À LA FAMILLE, AUX PROCHES ET AUX AMIS D'EMILIANO SALA.