"La certitude, c’est que la politique du club dans les prochaines années se tournera de plus en plus vers l’ADN normand et le centre de formation". Dans le dernier entretien qu’il a accordé à nos confrères d’Ouest-France, Pierre-Antoine Capton a martelé l’importance de la formation dans son projet pour le Stade Malherbe. Mais derrière les mots du (futur) propriétaire du club caennais, quelle réalité se cache derrière ? Dans un contexte de rigueur budgétaire, comment se porte le centre du SMC aujourd’hui ? « Normandisation », développement de la post-formation, moyens financiers et humains accordés… Tout au long de la semaine, la rédaction de FOOT NORMAND consacre une série d’articles sur le centre de formation des « Rouge et Bleu ».
"J'ai envie qu'on soit le club de la Normandie, qu’on recrée des partenariats avec l’intégralité des clubs et qu’on aille rechercher les meilleurs jeunes pour les former". Dans une interview dans les colonnes d'Ouest-France à la mi-mars, Pierre-Antoine Capton a réaffirmé sa volonté d'ancrage locale pour la formation de « son » Stade Malherbe. Que l'actionnaire du club caennais se rassure, à l'échelle de la Basse-Normandie, sa véritable zone d'influence régionale, c'est déjà le cas. Rare sont les joueurs à potentiel en provenance du Calvados, de la Manche et l'Orne à échapper aux radars « Rouge et Bleu ». "L'école de foot réalise un gros travail de brassage. Les Caennais les plus prometteurs se trouvent déjà chez nous. Et en préformation, on élargit aux meilleurs gamins du Calvados avant d'accueillir les Manchois et les Ornais à l'entrée au centre", expose Djibi Diao, le responsable du recrutement jeunes.
Bien sûr, ils existent des contre-exemples à l'image du portier Paul Argney, originaire du Sud-Manche et qui fait, actuellement, les beaux jours du voisin havrais, mais ces dix dernières saisons, ils se comptent sur les doigts de la main. Et de toute façon, aucun club français ne peut se targuer d'attirer 100% des jeunes à 100 km à la ronde. "Paul, on l'a suivi, on l'a invité mais à l'époque, on avait déjà un gardien qui venait de l'ASPTT, de la même année d'âge. On s'est posé la question : « Est-ce qu'on en prend deux de la même génération ? » Il y a eu un débat. On a fait un choix. On a priorisé le garçon vivant à Caen", se remémore Matthieu Ballon, le directeur du centre du SMC.
"La Haute-Normandie, c'est un marché qu'on regarde, qu'on connaît bien. On a toujours fait signer des garçons de ce secteur"
Matthieu Ballon
Maintenant, au regard de la faible démographie de la Basse-Normandie, le Stade Malherbe ne peut pas se contenter seulement des joueurs issus de sa région pour alimenter les effectifs de sa formation. C'est pourquoi il chasse également de l'autre côté du pont. "La Haute-Normandie, c'est un bassin de population bien plus peuplé que la Basse. C'est un marché qu'on regarde, qu'on connaît bien avec Jean-Louis (Mendès, le recruteur pour la Normandie). Historiquement, on a toujours fait signer des garçons de ce secteur", rappelle Matthieu Ballon, référence notamment, à la filière ébroïcienne dans les années 1990 (Mathieu Bodmer, Bernard Mendy) dont il est lui-même originaire.
53% de Normands, 39% de Parisiens à la formation
Comme il y a 30 ans, c'est dans l'Eure que le SMC se montre le plus séduisant. Cluver Sambi Mbungu et Diabé Kanouté, deux des plus belles promesses de la formation caennaise, ont évolué à Pacy et à Vernon. Des clubs avec qui les « Rouge et Bleu » entretiennent d'excellentes relations. Forcément, sur ces territoires, la concurrence est plus rude avec la présence, entre autres, de scouts de Rennes, du PSG voire même de Monaco sans oublier le HAC bien entendu. "Maintenant, on n'est pas idiot. On ne va pas recruter au pied du Havre et inversement". Une sorte de gentleman's agreement entre les deux principales entités normandes même si, dans ce cas-là aussi, il existe des exceptions.
"On n'est qu'à deux heures du plus grand vivier au monde de jeunes footballeurs. C'est une chance, on serait bête de s'en priver"
Djibi Diao
Evidemment, le Stade Malherbe ne se limite pas aux frontières de sa région. Par l'intermédiaire de Djibi Diao, il est parfaitement implanté en Ile-de-France. "On n'est qu'à deux heures de route du plus grand vivier au monde de jeunes footballeurs avec l'agglomération de São Paulo au Brésil. C'est une chance, on serait bête de s'en priver", lâche le responsable du recrutement du centre caennais. D'ailleurs, de William Gallas à Yoan Gouffran en passant par Raphaël Guerreiro, le club normand a toujours accueilli des espoirs issus du bassin francilien, plutôt avec succès, tant sur le plan sportif qu'économique. Pourtant, régulièrement, au nom de la défense d'une identité locale, des voix s'élèvent pour dénoncer un trop grand nombre de « petits » parisiens au sein de la structure « Rouge et Bleu ».
Qu'en est-t-il exactement ? Cette saison, parmi les 64 pensionnaires de son centre de formation, évoluant des U16 à la réserve (N3), 39% proviennent d'Ile-de-France. Les Normands pèsent, eux, pour plus de la moitié (53%). Le reste étant composé de garçons issus de régions limitrophes et de l'étranger (le Belge Norman Bassette il y a quelques années, le gardien ivoirien Issa Karakodio aujourd'hui). "L'idéal, c'est d'avoir 60% de Normands dans ta formation et 30 à 35% de Parisiens", indique Djibi Diao. Autant dire que le SMC n'en est pas très loin, sachant que plus on descend dans les catégories d'âge, plus la propension de locaux augmentent. "En U16-U17, la moitié de nos joueurs (15/30) proviennent du Calvados", pointe Matthieu Ballon. Preuve, encore une fois, que sur son territoire, le Stade Malherbe exploite quasiment 100% de son potentiel jeune.
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