Ligaments croisés : acte II
"Je n'ai pas eu le temps de prouver qui j'étais"
Les supporters caennais n'ont pas eu le temps de s'attacher à Eva Lauret. Depuis qu'elle a posé ses valises à Caen il y a, maintenant, environ un an et demi, la Réunionnaise n'a porté que deux fois le maillot « Rouge et Bleu » sur le terrain de Venoix. En cause ? Une rupture fatale des ligaments croisés du genou droit au mois d'août, quelques semaines seulement après avoir été remise sur pied de son premier croisé, cette fois, côté gauche. Un terrible cauchemar pour l'ex-joueuse de la VGA Saint-Maur, en D2. "En pleine préparation estivale, sur un entraînement sur la plaine à Venoix, mon genou a craqué sur un appui, toute seule, bêtement", rembobine la défenseure centrale. "J'étais persuadée que je n'avais pas les croisés. Je n'arrivais pas à y croire".
Le verdict médical rendu, Eva Lauret aurait pu rester là à se morfondre. Mais pas question pour la native du Sud de l'île de la Réunion. Sa force mentale a pris le dessus. Elle enclenche alors le même processus de soins que la fois précédente pour revenir sur le rectangle vert. Contrairement à sa première blessure, qu'elle a soignée de l'autre côté de l'Atlantique ; la Malherbiste a passé quatre saisons aux Etats-Unis, la rééducation se passe bien. Elle est entourée de ses coéquipières avec qui elle a partagé plus de séances d'entraînements que de matches. "Comme je l'avais déjà vécu, je savais à quoi m'attendre", confie-t-elle. "J'ai été très bien entourée". Bien qu'éloignée des terrains, la troisième d'une fratrie de quatre frères et sœurs a réussi à trouver sa place dans ce groupe même si elle admet "être frustrée" de ne jamais avoir pu montrer ses qualités. "Quand je suis arrivée, personne ne me connaissait. Je n'ai pas eu le temps de prouver qui j'étais".
Le retour à la compétition
"Voir mon nom sur la liste des joueuses convoquées"
C'est donc des tribunes qu'Eva Lauret vit la montée historique en D3 du SMC. Elle vit aussi de plein fouet le changement d'entraîneur à l'intersaison, passant de Théodore Genoux à Chloé Charlot ; la nouvelle coach du Stade Malherbe ne l'a encore jamais vu évoluer en compétition. Alors qu'elle s'attendait à manquer la totalité de la saison, la jeune joueuse polyvalente a l'espoir de grappiller quelques minutes d'ici la fin de la saison. "Je me sens prête. Je n'ai pas d'appréhension. Je me sens plus forte sur mes appuis", avance celle qui a repris le ballon et les contacts avec le groupe il y a trois semaines. "Ce n'est pas encore parfait mais je gagne encore des duels", sourit-elle.
Alors que les « Rouge et Bleu » ont validé leur maintien, dimanche, en dominant Bourges (2-1), Eva Lauret trépigne d'impatience. "Jouer dix minutes ou juste être sur le banc me rendrait heureuse. Je veux voir mon nom sur la liste des joueuses convoquées", lance-t-elle. "Je ne me sens pas capable de faire un match plein mais quelques minutes me redonneraient goût aux vestiaires, au terrain et à la compétition". Compétitrice, passée par Tours, Juvisy (U19 national), la VGA Saint-Maur (D2) puis les Etats-Unis (deux saisons dans une Université de l'Ohio et deux autres en Louisiane), Eva Lauret est morte de faim. Elle veut mettre fin à cette (trop) longue période de disette. "Vivre des émotions avec le groupe sur le terrain me manque".
> D3. J22 - Châtellerault (11e - 14 points) / SM Caen (8e - 25 points), dimanche 26 mai à 15 heures au Stade de la Montée Rouge.