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Fabien Mercadal : "D'Ornano, la clé de notre maintien"

En étant nommé à la tête du Stade Malherbe l'été dernier, Fabien Mercadal a découvert l'exposition médiatique qui accompagne la Ligue 1.

En étant nommé à la tête du Stade Malherbe l'été dernier, Fabien Mercadal a découvert l'exposition médiatique qui accompagne la Ligue 1. "J'ai fait le pari de ne pas changer. Je préfère rester moi-même".

Si vous deviez choisir un mot pour qualifier cette phase aller ?

"Je dirais le mot lutte. On a dû lutter dès le départ pour notre recrutement puis on a dû lutter pour se sortir de cette spirale négative. Et quand je parle de spirale négative, je ne fais pas seulement référence à notre mauvaise passe (quatre points pris sur 27 entre les 9e et 16e journées) mais aussi à la première partie de l'année 2018 quand l'équipe n'a remporté que 14 points. Notre départ très fort en début de saison (dix unités après huit journées) nous avait laissé espérer autre chose. Mais on n'a pas pris les points escomptés par rapport à la qualité de nos prestations (lors des sept premières journées, le Stade Malherbe s'est fait rejoindre à cinq reprises après avoir mené au score). Du coup, ça nous a fait replonger dans le doute. Ce doute qui avait atteint l'équipe lors des six premiers mois de 2018. On a dû batailler pour inverser cette tendance ; ce qu'on a partiellement réussi à faire lors des trois dernières journées".

Ce redressement semble trouver son origine à la mi-temps du match de Strasbourg (J17. 2-2 le 9 décembre). Dans le vestiaire de La Meinau, les joueurs se sont dits leurs quatre vérités…

"A la mi-temps de Strasbourg, les joueurs ne se sont pas ménagés"

"Ils ne se sont pas ménagés. Mais ce fut un échange constructif autour de la notion de compétition. Pour moi, ce fut un signe positif. Ça m'a confirmé ce que je pensais déjà : ce groupe est acteur de sa saison. Il a envie de réussir. Il est résilient. Il ne va surtout pas abandonner. Dans cette première partie de saison, les garçons ont fait preuve de caractère. Sur la phase retour, il va falloir confirmer et même développer ce caractère. Si on est parfait dans ce domaine, ça va nous tirer vers le haut sur le plan du football".

Le réveil du Stade Malherbe sur ce mois de décembre, c'est également celui de son attaque avec six réalisations inscrites en l'espace de trois journées ; soit quasiment le tiers de votre total en championnat (19)…

"On nous a souvent reproché de ne pas marquer assez mais on a toujours cherché à se procurer des occasions. Je me rappelle qu'en début de saison, on était l'équipe qui frappait le plus sur les montants. Maintenant, il ne faut pas faire n'importe quoi sous prétexte de vouloir marquer. Il faut garder un projet de jeu cohérent, ne pas se déstructurer".

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Pour la quatrième fois de son histoire, le Stade Malherbe a donc terminé la phase aller avec 18 points ; comme en 1994-1995, 2010-2011 et 2016-2017. Dans les deux derniers cas de figure, le club normand s'était sauvé. Dans le premier, le SMC n'avait pu éviter la relégation. Pour rappel, le pire parcours des « Rouge et Bleu » sur la première partie de saison remonte à l'exercice 2014-2015. Lanterne rouge à la trêve de Noël, les hommes de Patrice Garande avaient bouclé l'année avec 15 « petites » unités ; ce qui ne les avait pas empêchés de se sauver grâce à une phase retour de haute volée (31 points remportés).

A l'inverse, vous avez encaissé près d'un quart de vos buts lors de vos quatre dernières sorties (7/25). L'équilibre de votre formation reste précaire…

"Globalement, je trouve qu'on fait preuve de bonnes attitudes défensives. Mais on manque de concentration comme à Strasbourg. Il faut qu'on progresse dans ce domaine. On fait trop de cadeaux à nos adversaires comme sur l'ouverture du score rémoise (J19. 2-2, avec une perte de balle de Jessy Deminguet dans ses 20 mètres) Ce sont des erreurs qui ne doivent plus se reproduire. Nous, on ne nous a pas offert beaucoup de buts".

Est-ce qu'en rejoignant le club normand cet été, vous vous attendiez à vivre une saison aussi compliquée ?

"J'ai aussi appris à aimer mon métier dans la difficulté, à chercher des solutions"

"Quand j'ai signé ici, je savais que ça allait être difficile, qu'on se battrait pour le maintien, qu'il faudrait arracher point par point. Je connais. Je l'ai déjà fait dans ma carrière (notamment avec Dunkerque en National). Mais jamais je n'ai regretté d'avoir signé ici. J'aime ce club, ce stade, ces supporters… J'ai aussi appris à aimer mon métier dans la difficulté, à chercher des solutions. Comme tout le monde, j'ai été séduit par notre début de championnat. Du coup, on s'est mis à rêver d'un autre destin. On s'attendait peut-être à ce que ça soit plus simple".

A titre personnel, vous découvrez la Ligue 1 cette saison et son exposition médiatique. Même si elle reste raisonnable concernant le Stade Malherbe, avez-vous été surpris ?

"Par rapport à mes précédentes expériences, c'est une nouveauté pour moi. J'ai une passion pour le foot, pour le jeu, pour les hommes. Et puis, il y a cet aspect médiatique. Si je veux profiter de ce que j'aime, je suis obligé d'en passer par là. On m'avait prévenu : « Fabien, fais attention avec ta com'. Tu dis tout ». J'ai des émotions, je les fais passer. J'ai fait le pari de ne pas changer. Je ne suis pas certain que ça me serve tout le temps. Mais je préfère rester moi-même. Je le répète souvent, je veux réussir ma carrière d'homme avant ma carrière d'entraîneur. Maintenant, comme j'ai reçu le retour de boomerang, de plus en plus, je me protège. Il faut essayer de prendre de la hauteur, pas seulement avec la presse. J'ai ce côté impulsif qui peut me faire retomber dans la boue. J'ai mes démons qui ressurgissent. Je tente de me maîtriser".

Pour revenir à la course au maintien, au regard des nombreux changements intervenus à tous les niveaux au sein du Stade Malherbe cet été (dirigeants, staff, joueurs), est-ce que vous estimez que les observateurs et les supporters ne se montrent pas assez patients avec votre équipe ?

"Je n'ai jamais réclamé de la patience. Les supporters, ils nous ont parfois sifflés mais c'est normal quand vous n'avez pas de résultats. J'en profite, d'ailleurs, pour leur adresser un message. Je sais qu'ils me reprochent de ne pas venir les saluer à chaque fois. Mais ce n'est pas parce que je n'en ai pas envie, c'est juste que quand on n'a pas gagné, je me sens un peu honteux vis-à-vis d'eux. Moi, ce que je retiens, c'est le soutien qu'on a reçu contre Toulouse. Cette soirée-là, j'ai pris énormément de plaisir. Je peux vous assurer que quand vous avez un public qui vous pousse comme ça, c'est une sacrée plus-value. On sent une identité normande très forte autour de ce club, avec ses supporters, dans ce stade. Les gens sont fiers de leur région. Je suis convaincu que la clé de notre deuxième partie de saison, c'est d'Ornano. Je rappelle qu'on va y jouer 10 des 19 matches qui nous restent. On doit transformer ce stade en forteresse".

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Le nombre de points qui pourrait suffire au Stade Malherbe pour se maintenir si le barragiste (18e), actuellement Dijon, conserve un rythme identique sur la phase retour. Avec 16 unités en 18 journées, l'équipe bourguignonne affiche une moyenne de 0,89 point par journée. A noter que l'AS Monaco, en position de premier relégable, tourne à 0,72 point par match. Transposée à l'ensemble du championnat, cette moyenne ne lui permettrait d'atteindre qu'un total de 27-28 unités. Exceptionnellement faible. Pour mémoire, le club normand s'est sauvé avec, respectivement, 38 et 37 points lors de ces deux dernières saisons.

Respectivement lanterne rouge et avant-dernier à la trêve de Noël, Guingamp et Monaco possèdent des moyens supérieurs à ceux du SMC pour le mercato hivernal*. La présence de ces deux clubs change-t-elle la donne de cette bataille contre la relégation ?

"Il me paraît difficile de changer toute une équipe durant le mercato hivernal"

"Ce n'est pas quelque chose que l'on maîtrise. Si Monaco veut engager dix nouveaux joueurs en janvier, ça ne nous regarde pas. Maintenant, il me paraît difficile de changer toute une équipe durant le mercato hivernal. On peut apporter une ou deux retouches mais de là à repartir sur un nouveau projet, je n'y crois pas. Quoi qu'il en soit, je pense que Monaco va s'en sortir. Pour le maintien, nos adversaires se nomment Guingamp, Dijon, Amiens, Angers et peut-être une ou deux autres équipes".

Si le Stade Malherbe se maintient à l'ultime journée en se classant 17e, la saison sera-t-elle réussie pour vous ?

"On pourra dire que l'objectif est atteint. Mais je ne raisonne pas ainsi. Même si on n'est pas le club qui dispose des moyens financiers les plus importants, on a envie de faire le mieux. Peut-être que ça signifiera finir 17e. J'ai du mal à me contenter du minimum. Mais durant la phase aller, aucun adversaire ne nous a surclassés. On a rivalisé avec tout le monde : Lille, Lyon, Montpellier... On est capables de faire de grandes choses. Si d'autres le font comme Nîmes, pourquoi pas nous. Je ne sais pas à combien de points se jouera le maintien. Parfois, c'est bizarre. Une saison, une équipe était descendue avec 44 points (Monaco en 2010-11)".

> Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Fabien Mercadal dans le n°14 de FOOT NORMAND en kiosques.

*Alors que Monaco a déjà enregistré l'arrivée de du défenseur Naldo (le milieu Cesc Fàbregas serait aussi sur le point de s'engager), Guingamp a déjà recruté quatre nouveaux joueurs : l'attaquant Alexandre Mendy (prêté par Bordeaux), le latéral droit suédois Johan Larsson (Bröndby, fin de contrat), le défenseur central Papy Djilobodji (Sunderland, ANG, résiliation de contrat) et le milieu Didier Ndong (Sunderland, ANG).

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