Le jour où il est devenu président du Stade Malherbe
"Très rapidement, j'ai senti la pression qui accompagne ce poste"
"A mon arrivée, il était juste impensable de viser la présidence du club au bout d'un an. A l'époque, quand Gilles Sergent et Jacky Rihouet m'invitent à intégrer l'équipe qui se met en place, c'est pour m'occuper du centre de formation et de l'association. Derrière, j'ai proposé d'ajouter la relation avec les clubs normands et la section féminine. L'idée qui m'a toujours animé, y compris quand j'étais co-président à Granville (2009-2016), c'est de rendre ce qu'on m'a donné quand moi, gamin, je jouais à Coutances. Après, c'est une histoire de contexte. Au lendemain de l'officialisation de la relégation (25 mai), suite à la défaite contre Bordeaux (1-0), Gilles Sergent (son prédécesseur) nous* annonce qu'il quitte la présidence. Je me lance à ce moment-là car j'estime que le club n'a pas les moyens de se payer une nouvelle crise de gouvernance après celle qu'il a connue un an auparavant. En réalisant un tour de table, je m'aperçois que j'ai le soutien de la plupart. Très rapidement, j'ai senti la pression qui accompagne ce poste".
*Aux autres membres du Directoire de l'époque soit Fabrice Clément, Jean-Marie Piranda, Jacky Rihouet et Jean-Yves Mercier.
Le jour où il a su que ça ne le ferait pas avec Rui Almeida
"Le sentiment de prendre un mur tous les week-ends"
"Le lundi qui suit la défaite contre Lens (J8. 2-0 le 21 septembre), je prends la décision, en fonction de ce qui se passe à Grenoble, de continuer ou non avec Rui. Si le Stade Malherbe veut exister dans ce championnat, il faut obtenir un résultat à Grenoble (J9. revers 1-0 le 27 septembre). Ce n'est pas possible autrement. Durant le week-end qui a suivi le match face à Lens, j'ai pas mal cogité, réfléchi, échangé avec Yohan (Eudeline, le directeur sportif), Arnaud (Tanguy, le directeur général), Jean-Marie (Piranda, le vice-président)… Le dimanche matin, j'ai eu Rui pendant deux heures au téléphone. Même si j'ai tenu mon rôle de président en le défendant, en l'accompagnant, on a tous constaté que l'évolution de l'équipe n'était pas positive (1V-3N-5D sur les neuf premières journées). Sportivement, j'avais le sentiment qu'on prenait un mur tous les week-ends. Maintenant, même si ça n'a pas fonctionné, humainement, ce fut un épisode douloureux. Pour un chef d'entreprise, se séparer de quelqu'un, c'est le plus difficile. Surtout que Rui est un mec bien".
Le jour où il a engagé Pascal Dupraz comme entraîneur
"On est convaincus que c'est lui qu'il nous faut à l'instant T"
"Au lendemain de la défaite face à Grenoble, j'ai vu Rui à 9 heures pour lui signifier que ça s'arrêtait là pour lui. Derrière avec Arnaud et Yohan, on a redéfini un profil de coach. Quand on a avancé le nom de Pascal, on est convaincus que c'est lui qu'il nous faut à cet instant T. De la même manière, on pensait que Rui était le bon candidat l'été dernier. Pascal, c'est le seul entraîneur qu'on a contacté. Même si son nom m'avait été soufflé, on ne l'avait pas envisagé au mois de juin. Après l'avoir appelé en fin de matinée, on est descendus l'après-midi pour le rencontrer sur Paris où il tournait une émission pour Canal le soir (où Pascal Dupraz officiait comme consultant). On a passé l'après-midi ensemble. Durant nos échanges, on a parlé pendant 80% de tout sauf de foot. On a appris à se connaître. On a mis beaucoup d'énergie à lui montrer qu'on avait très envie qu'il nous rejoigne. L'intérêt a semblé réciproque. Le dimanche, on a renoué le dialogue et le soir même, il nous a donné son accord".
Le jour où il a retrouvé le sourire en tant que président
"J'ai vécu la victoire contre Orléans dans ma voiture"
"Déjà, j'ai retrouvé des forces à travers les victoires des féminines et les performances de certains de nos jeunes joueurs au centre de formation. Pour revenir aux « pros », pour l'anecdote, je n'étais pas présent à d'Ornano pour la victoire contre Orléans (J13. 2-1 le 1er novembre). Je revenais de vacances avec ma famille. J'atterrissais à Paris le jour même à 19 h 30. Du coup, on a suivi le match dans la voiture sur le trajet du retour. Mes fils le regardaient sur leur portable. Pour moi qui conduisais, j'étais en mode radio. Au coup de sifflet final, on a tous les quatre (avec également son épouse) crié en même temps. Par téléphone, j'ai vécu le cri de guerre dans le vestiaire. Et en rentrant chez nous le soir, j'ai vu sur les réseaux sociaux la communion avec le public. Pour la première fois depuis longtemps, je me suis dit : « C'est ça que je veux pour le club »".
Et demain…
"Le centre de formation est l'ADN du Stade Malherbe"
A l'image de Kélian Nsona et Alexis Beka Beka (n°6, de dos) performants avec la réserve en N3, le président Fabrice Clément veut développer un projet pour le SMC avec à la base le centre de formation.
Entre la digestion de la descente en Ligue 2, le passage devant la DNCG, la gestion du mercato, le début de saison catastrophique et le changement de coach, Fabrice Clément a vécu six premiers mois intenses à la tête du SMC. "Maintenant, j'ai besoin de bien structurer notre projet, de bien le partager en interne, de bien l'expliquer à toutes les familles du club (y compris aux actionnaires). On doit construire une vision ensemble sans avoir la volonté de tout effacer ce qui s'est fait avant. A Malherbe, il y a plein de choses qui sont tops depuis des années et sur lesquelles il faut s'appuyer", développe le président caennais.
Un projet avec à la base le centre de formation. "C'est l'ADN du club". Un dirigeant qui entend aussi renforcer l'identité normande du SMC. "Sans comparer les budgets, les palmarès, ni les moyens…, des clubs comme le Bayern et l'Ajax me parlent. Ce sont des institutions exceptionnelles depuis des dizaines d'années en plaçant des anciens joueurs à des postes clés. C'est pourquoi, même si le premier critère reste bien entendu la compétence, j'adore quand notre projet est porté par des garçons comme Nicolas Seube (entraîneur adjoint de la réserve), Cédric Hengbart (entraîneur adjoint des U17), Yohan Eudeline (le directeur sportif)... Ça donne du sens à ce qu'on veut faire".