Son parcours : le jour où il a été repéré
"C’était une après-midi comme une autre. Je ne pensais qu’à jouer"
C’est à l’Agneaux FC que Gabin Tomé a tapé dans ses premiers ballons. "J’en garde de bons souvenirs, notamment les tournois qu’on disputait dans la région. On avait fait Jean-Pingeon (l’une des épreuves référence en Normandie, pour la catégorie U11, organisée par le Stade Malherbe). On avait le PSG et Valenciennes dans notre poule. Quand tu es petit, ça représente quelque chose". A ce moment-là, le milieu relayeur n’entretient qu’un rapport lointain avec son futur club. "Je me suis rendu à trois-quatre reprises à d’Ornano à l’époque de Mathieu Duhamel et d’Andy Delort (au milieu des années 2010)".
C’est à l’occasion d’une détection mise en place à Saint-Lô que le natif de la Manche, alors chez les U9, va réellement croiser la route du SMC pour la première fois. "J’étais avec mon pote, Benjamin Beaufils (aujourd’hui, à l’Avant-Garde). On faisait tout ensemble. Bon, à cet âge, c’était une après-midi comme une autre. Je ne pensais qu’à jouer. Quand je joue au foot, je prends toujours du plaisir". Sauf que cette détection va avoir une suite. "Derrière, on nous a fait passer des tests. J’ai participé à un entraînement avec le coach Ballon (Matthieu, actuel responsable des U17)". Toutefois, Gabin Tomé ne rejoindra pas immédiatement l’école de foot des « Rouge et Bleu ». "Pour leur travail, il était prévu que mes parents (Karine et Laurent) déménagent sur Caen un an après. Les personnes de Malherbe nous ont demandé de les contacter quand ma famille s’installait". Le début d’une histoire qui le conduira jusqu’en finale de la Gambardella la saison dernière.
Sa particularité : il mesure 1,65 m
"Face à des joueurs plus costauds physiquement, je ne vais pas aller bêtement dans les duels"
« Tu es trop petit », « pas assez costaud ». Ces phrases, Gabin Tomé les a toujours entendues. Il faut bien reconnaître que du haut de son 1,65 m et avec ses 58 kg, le milieu de « poche » de la réserve malherbiste n’est pas un « monstre » physique. Cependant, le principal intéressé ne les a jamais interprétées comme des critiques négatives. "Comme me le dit le coach Seube (en N2), mon gabarit n’est pas un souci". Pour compenser les quelques centimètres et kilos qui lui manqueraient aux yeux de certains, Gabin Tomé court, beaucoup, tout le temps… "Je dois avoir un gros volume". Surtout, le Manchois fait parler son intelligence de jeu. "Face à des joueurs plus costauds, je ne vais pas aller bêtement dans les duels. Je dois jouer les coups différemment. Je vais plutôt attendre, anticiper, réagir… C’est pourquoi il faut que je gagne en vivacité, en explosivité, sur mes premiers appuis…" Toutefois, ne vous fiez pas à sa gueule d’ange. Ceux qui l’ont déjà croisé sur un terrain savent que le n°6 Caennais est parfait quand il s’agit de mordiller les mollets de ses adversaires. "Il le faut, sinon je récupérerais peu de ballons". Et les observateurs qui ont suivi la campagne de Gambardella 2022 ont pu constater que la patte gauche de Gabin Tomé était également très utile dans l’utilisation du ballon. "J’essaye d’apporter de la technique, ma vision du jeu".
Ces qualités lui permettent de compter 13 apparitions en N2 dont la moitié comme titulaire pour deux buts. "Je prends ce qu’il y a à prendre. En début de saison, je ne pensais pas jouer autant à ce niveau, aussi tôt surtout avec la concurrence des pros qui redescendent. Maintenant, en toute humilité, je pense être à la hauteur de ce championnat". D’autant plus que ce pur produit de la formation « Rouge et Bleu » dispose d’un ultime atout dans son jeu : il ne passe jamais par la case infirmerie. "Ma dernière blessure remonte en U12". Son secret : l’intensité qu’il s’impose durant les séances. "Je me donne tout le temps à fond. J’essaye de me mettre dans le rythme d’un match. Comme ça, mon corps n’est jamais surpris, il arrive à résister aux charges".
S'il peut évoluer encore dans la catégorie U19, Gabin Tomé est l'un des joueurs les plus utilisés en réserve (N2) par Nicolas Seube avec 13 apparitions dont sept titularisations pour deux buts. ©Damien Deslandes
En dehors du foot : des études de Staps
"Je voulais continuer car avec le foot, je ne suis pas stabilisé"
Rares sont les joueurs qui allient études et football de haut niveau une fois le baccalauréat en poche. Gabin Tomé appartient à cette catégorie(1). Il est inscrit en première année de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) à la faculté de Caen. "Avec mes parents, c’était notre souhait. Je voulais continuer car avec le foot, je ne suis pas stabilisé". Néanmoins, ce mariage ne se fait pas sans mal. "C’est compliqué de mener les deux de front", ne cache pas le jeune homme qui vient tout juste de souffler sa 19e bougie. "Avec mes entraînements tous les jours (à 16 heures, avec des séances doublées les mardi et mercredi matins), je ne peux assister à presque aucun cours. Il faut que je les rattrape sur le peu de temps de disponible qu’il me reste".
Un emploi du temps d’autant plus difficile à organiser qu’aucun aménagement particulier n’est mis en place pour ces sportifs de haut niveau. Dans ces conditions, est-ce possible de poursuivre ses études tout en aspirant à devenir footballeur professionnel ? Le milieu relayeur se pose la question. "Je sais que ça sera chaud. Mais si je ne fais rien à côté du foot, je ne sais pas si c’est la bonne solution. Je suis encore en pleine réflexion. Je dois encore en discuter avec ma famille".
(1)Outre Gabin Tomé, Tristan Pickeu est également en 1re année de Staps. Maël Obé, Robin Verhaeghe et Héliohdino Tavares étudient, eux, à l’ISPN (Institut supérieur et professionnel de Normandie).
Un souvenir : la demi-finale de la Gambardella
"Le cadre, le scénario, les supporters… Je n'avais jamais rien senti d’aussi fort"
Gabien Tomé fait donc partie de cette fameuse génération caennaise qui a foulé la pelouse du Stade de France le 7 mai 2022. Mais de ce formidable parcours, celui qui faisait la paire dans le cœur du jeu avec Noé Lebreton retient principalement la qualification contre Rennes en demi-finale ; une affiche disputée à d’Ornano. "Le cadre, les supporters, le scénario(2)… Je n’avais jamais rien senti d’aussi fort". Il faut dire que ce n’est pas tous les jours, à 18 ans, qu’on évolue devant plus de 10 000 spectateurs. Un contexte qui n’a pas impressionné plus que ça le Manchois de naissance. "C’est vrai qu’on n’avait pas l’habitude de jouer devant autant de monde mais on a gardé la même routine. Tout s’est enchaîné. Malgré l’enjeu, on n’a pas eu le temps de stresser".
Cette aventure en Gambardella a permis à cette promotion 2004 de grandir plus vite. "Vivre une expérience comme celle-ci, forcément que ça fait grandir. Que ce soit moi ou mes coéquipiers, on a pris confiance en nos capacités, on a gagné en maturité dans notre jeu. On a dû gérer des matches couperets. Ça nous a prouvé qu’en étant solidaire, qu’en accomplissant les efforts ensemble, on pouvait réaliser de belles choses. Ça donne envie de continuer pour revivre des émotions similaires". Avec, dans un premier temps, un maintien à décrocher avec la réserve du Stade Malherbe, en N2.
(2)Comptant deux buts d’avance au bout de 25’, le Stade Malherbe s’était retrouvé mené à un quart d’heure de la fin avant d’arracher son billet pour la finale à l’issue de la séance des tirs au but.
> N2. J22 - SM Caen « B » (13e - 20 points) / FC Rouen (1er - 49 points), samedi 25 mars à 16 heures au Complexe de Venoix.
Gabin Tomé
> Né le 26 janvier 2004 (19 ans) à Saint-Lô.
> Milieu défensif-relayeur. Gaucher. 1,65 m pour 58 kg.
> Parcours : Agneaux (jusqu’en U10), SM Caen (depuis les U11).
> Convention sous statut amateur.