Foot Normand

Hugo Vandermersch : "Ce n'est pas évident de partir de chez soi à 13 ans"

Contre Valenciennes, Hugo Vandermersch a évolué dans un rôle de piston... gauche. Un poste qu'il a de fortes chances de retrouver face à Amiens. ©Damien Deslandes

Chaque mois, nous allons à la rencontre de l'un des espoirs du Stade Malherbe, qu'il soit déjà un titulaire en puissance de l'équipe première, un néo-professionnel en quête de temps de jeu ou un jeune de la réserve à qui l'on prédit un bel avenir. On parle de foot mais pas que...

Sa famille : loin des yeux, près du cœur 

"Jouer à Lens a procuré de l’émotion à mes proches"

Quand vous interviewez Hugo Vandermersch, rapidement, c’est sa maturité qui vous frappe. "On me le dit souvent. Je pense que c’est lié à mon parcours". Dès 13 ans, le défenseur a quitté le cocon familial pour rejoindre Boulogne-sur-Mer. "C’était à 40 minutes de chez moi. Impossible de rentrer tous les soirs. J’ai intégré l’internat". Une période qui l’a forgé mentalement. "Même si ça s’est très bien passé, ce n’est pas forcément évident de partir aussi tôt de la maison. Pour mes parents également, ce ne fut pas facile. Tu déposes ton fils le lundi matin, tu ne le revois que le vendredi ou le samedi après son match. A l’époque, mon père (Sébastien) ne m’a jamais rien dit. Aujourd’hui, il m’en parle", confie ce cadet d’une fratrie de trois enfants avec ses frères, Théo, l’aîné et Louis, le benjamin. Un scénario similaire s’est reproduit quand le n°24 des « Rouge et Bleu » a posé ses valises à Caen, tout juste majeur. Ses sacrifices n’ont pas été vains. Et c’est peu dire que sa famille a été fière, il y a un an, de voir le « petit » Hugo fouler la pelouse de Bollaert, pour affronter Lens, le club soutenu dans toute la région. "J’avais de la famille dans toutes les tribunes", se souvient, avec le sourire, l’intéressé. "J’ai vu l’émotion que ça a pu procurer à mes proches. Certains ont eu du mal à se rendre compte que j’étais sur le terrain".

Pas qu’un footballeur

"Un geste qui a fait plaisir à de nombreuses personnes"

Loin des clichés des footballeurs bling-bling, Hugo Vandermersch s’intéresse à l’environnement qui l’entoure. A la suite du premier confinement, le défenseur du SMC a financé une opération caritative à destination des résidents d’un foyer accueillant des personnes en situation de handicap mental. Ayant l’une de ses tantes atteinte de trisomie, le Nordiste est particulièrement sensibilisé à cette cause. "Pendant la crise sanitaire, j’ai trouvé qu’on ne parlait pas beaucoup de ces structures. Elles étaient un peu oubliées. Après en avoir discuté avec ma mère (Delphine) et mon agent, j’ai décidé de faire un geste. J’ai apporté plusieurs plateaux avec des chocolats, des fruits dans le foyer où vivait ma tante. Ça a fait plaisir à de nombreuses personnes. Ça m’a rendu heureux. On a créé du lien". Une action qui ne devrait pas rester sans lendemain. "J’ai échangé avec le directeur de la structure. Un match pourrait être organisé. Il aimerait que j’en sois le parrain".

Le moment qui a fait basculer sa carrière : l’été 2019

"J’ai repris avec les pros mais en tant qu’amateur"

Le moins que l’on puisse affirmer, c’est que le premier contrat « pro » d’Hugo Vandermersch ne lui a pas été servi sur un plateau. Loin de là. D’ailleurs, il s’en est fallu de peu pour que le Nordiste ne porte jamais le maillot « Rouge et Bleu » chez les « grands ». Début 2019, évoluant avec la réserve en N3, l’ex-Boulonnais apprend qu’il ne se verra pas proposer ce précieux sésame. Le club normand souhaite le conserver mais sous statut amateur. "A ce moment-là, tu ne sais pas trop quoi penser, tu sors de deux années au centre, tu espères signer pro, tu as du mal à l’encaisser". Son agent évoque la possibilité de rebondir en National. "J’ai bien compris le message qu’il faudrait peut-être repartir de plus bas. Ça a agi comme un déclic. J’ai été beaucoup plus performant sur la deuxième partie de saison". Alors qu’il effectue deux essais à Lorient et à Strasbourg qui n’auront pas de suite, l’arrivée de Yohan Eudeline en tant que directeur sportif du Stade Malherbe va changer son avenir. "Il a suivi les recommandations de Stéphane Nado (le directeur du centre de formation à l’époque). Il m’a proposé de reprendre avec les pros mais comme amateur. Derrière, c’était à moi de jouer. C’est ce que je voulais, montrer de quoi j’étais capable". Et il ne va pas mettre longtemps à convaincre le nouveau DS caennais. Trois semaines après la reprise de l’entraînement, Hugo Vandermersch paraphe son premier contrat professionnel, prolongeant même son engagement quelques mois plus tard jusqu’en 2024.

Sa particularité : sa polyvalence

"C’est ainsi que je peux aider l’équipe"

Arrière droit, piston gauche, défenseur central dans un système à trois axiaux… Depuis qu’il a été lancé dans le grand bain des professionnels (en août 2019), Hugo Vandermersch se fait remarquer par sa polyvalence. Une particularité qui lui confère des faux airs de Fred Guilbert, l’un de ses prédécesseurs au Stade Malherbe, aujourd’hui à Strasbourg. "Quand je suis arrivé à Caen, on me surnommait ainsi (sourire). C’est plutôt flatteur. Fred a prouvé de quoi il était capable au haut niveau. J’ai eu la chance de le côtoyer. C’est un super mec qui m’a donné de précieux conseils". Paradoxalement, durant ses deux saisons au centre de formation du SMC, que ce soit avec les U19 ou la réserve, le natif de Blendecques a systématiquement été utilisé en tant que latéral droit. Mais le Normand d’adoption a toujours eu cette capacité d’adaptation en lui, dès le plus jeune âge. "A Boulogne, un de mes coaches m’imaginait un avenir au milieu". Une polyvalence qu’Hugo Vandermersch a toujours considérée comme un atout. "Je ne me suis jamais dit que j’allais me fixer dans un rôle précis. Je pense que c’est ainsi que je peux aider l’équipe. Un joueur de mon profil peut être utile dans un groupe. Quand il est embêté sur un poste, le coach sait, sans hésiter, qu’il peut me faire confiance".

Une personne qui compte : Benjamin Pavard

"Benjamin regarde tous mes matches avec le SM Caen"

Révélés au poste de latéral droit, polyvalents en défense et originaires du Nord, Hugo Vandermersch et Benjamin Pavard possèdent de nombreux points communs. Ayant le même agent en la personne de Joseph Mohan, les deux jeunes hommes ont noué une solide amitié depuis quelques mois. "On s’est surtout rapprochés durant le confinement (celui qui a commencé au mois de mars 2020). On a échangé sur nos situations respectives, lui en Allemagne avec une reprise de la compétition et moi en France avec un arrêt définitif", raconte le n°24 des « Rouge et Bleu » qui bénéficie des conseils de son prestigieux aîné. "C’est marrant car Benjamin joue au Bayern Munich, il est international en équipe de France mais il regarde tous mes matches avec le SM Caen. Je l’ai encore eu au téléphone avant le PSG (en Coupe de France, le 10 février). Il est vraiment derrière moi. On a une belle relation. Je trouve ça génial de pouvoir discuter avec quelqu’un qui a quasiment tout gagné à 24 ans". Quoi de mieux, il est vrai, que l’opinion avisée d’un champion du Monde pour progresser.

Hugo Vandermersch

 

Hugo Vandermersch

> Né le 5 mai 1999 (21 ans) à Blendecques (Pas-de-Calais).

Défenseur. Droitier. 1,81 m pour 78 kg.

Parcours : Arques, Saint-Omer, Boulogne-sur-Mer (jusqu’en 2017), SM Caen (2017-…).

Sous contrat jusqu’en 2024.

 

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