Les personnes qui comptent : sa famille
"Tous les week-ends, j’allais voir mon père et mon frère jouer"
Avec un papa, Jean-François, et un grand frère, Thomas (21 ans), mordus de ballon rond, Jade Dumas pouvait difficilement y échapper. Dès sa plus tendre enfance, la pensionnaire du pôle Espoirs de Bréquigny (Ille-et-Vilaine) a été baignée dans cet univers. D’ailleurs, il n’a pas fallu attendre longtemps avant qu’elle ne signe sa première licence. "J’ai commencé dès les U7 à l’AS Verson", rembobine-t-elle. Ses week-ends ont toujours été placés sous le sceau du football.
"Tous les samedis, je jouais le matin et j’allais voir mon frère l’après-midi (qui évolue désormais avec l’ASPTT Caen). Et le dimanche, en famille (avec également sa maman, Angélique), on regardait le match de papa (avec l’US Maisons)". Un amour pour ce sport qui la pousse encore aujourd’hui à assister régulièrement à des rencontres régionales. Car pour Jade Dumas, le football se consomme plutôt autour d’une main courante que devant la télévision, à l’exception des grands rendez-vous (Ligue des Champions, équipe de France). "Soit je vais voir mes anciens coéquipiers à Verson ou alors une affiche dans les environs de Caen. La dernière fois, j’ai regardé Avant Garde - Saint-Lô".
Son parcours : du jardin familial au pôle Espoirs
"Avec mon frère, on se faisait des petits un contre un dans le jardin"
Une carrière dans les cages tient souvent à peu de choses, à la blessure de l’un de ses partenaires par exemple. C’est ce qui s’est passé pour Jade Dumas. "On était en U11, les éducateurs ont demandé si quelqu’un voulait y aller. Comme je n’avais pas peur du ballon… Et puis avec mon frère qui est attaquant, parfois, on se faisait des petits un contre un dans le jardin". Depuis, elle n’a jamais quitté ses gants. Le poste de gardien, elle l'a occupé jusqu’en U15 à l’AS Verson. Bien qu’elle ait été la seule jeune fille de son équipe, l’actuelle gardienne du Stade Malherbe en garde de merveilleux souvenirs. "Mes coéquipiers étaient un peu comme mes grands frères, ils me protégeaient". Autant dire que le changement aurait pu être brutal quand elle a rejoint le pôle Espoirs de Bréquigny puis le SMC dans la foulée.
Presque du jour au lendemain, elle est passée d’un univers 100% masculin à un autre uniquement féminin. Mais cette fan de Jan Oblak, le portier de l’Atlético Madrid, s’est parfaitement adaptée à son nouvel environnement. "Ça ne m’a pas tellement perturbé car le niveau au pôle est vraiment pas mal. Du coup, je n’ai pas senti une grande différence par rapport à ce que je connaissais avant avec les garçons". Il faut dire que pour intégrer la structure fédérale, basée en Ille-et-Vilaine, les places sont chères. En 2019, elles n’étaient que deux Normandes (!) avec aussi Lilou Debaecker, sa coéquipière à Caen. A Bréquigny, Jade Dumas a découvert un quotidien de sportive de haut niveau avec pas moins de six entraînements hebdomadaire sans oublier deux séances de musculation. Et le week-end, il faut enchaîner avec son club.
Avant de rejoindre la section féminine du Stade Malherbe en 2019, Jade Dumas a évolué en mixité jusqu'en U15 à Verson. ©Damien Deslandes
Un souvenir : un stage en équipe de France U16
"Quand on se rend à Clairefontaine, on sent vraiment qu’on passe un cap"
Fin 2019, Jade Dumas a attiré les radars de la FFF en étant convoquée pour un stage en équipe de France U16. "C’est la première fois que j’allais à Clairefontaine. C’était bizarre, que ce soit à travers les structures, les terrains, les équipements, on sent vraiment qu’on passe un cap. Rien que de porter les tenues…". Durant ces trois jours, la Caennaise va aussi découvrir l’un des mauvais aspects du haut niveau. "L’ambiance n’était pas excellente. On sentait que toutes les filles jouaient leur place". Une expérience en Bleu qui reste, à ce jour, sans lendemain.
Du haut de son 1,64 mètre, Jade Dumas ne répond pas aux normes athlétiques de la Direction technique nationale. La principale intéressée, elle, n’estime pas que sa taille constitue un frein pour sa carrière. "Au début, quand on m’en a parlé, je l’ai un peu mal pris. Maintenant, je suis passée à autre chose". Toutefois, pour compenser les quelques centimètres qui lui manquent, la gardienne s’astreint à des exercices bien précis, notamment sous la houlette de Yann Chevallier, son entraîneur spécifique au SMC. "On travaille ma détente, mon explosivité, la lecture des trajectoires…".
Un club : le Stade Malherbe
"J’aimerais jouer en D2 dès la saison prochaine"
Alors qu’elle s’approchait de son 15e anniversaire et qu’elle ne pouvait donc bientôt plus évoluer en mixité, Jade Dumas a vu comme une aubaine la création de la section féminine du Stade Malherbe. "Je me demandais où j’allais jouer. Du coup, c’était parfait. Je ne me suis pas posée de question". Sous le maillot « Rouge et Bleu », la gardienne a fait ses grands débuts en équipe première à… 14 ans ! A l’occasion d’un 1/64e de finale de la Coupe de France, contre Mordelles (victoire 4-0), le 24 novembre 2019. "Le règlement de la Ligue ne me permettait pas de jouer en championnat mais celui de la Fédération, oui, en coupe".
Depuis, Jade Dumas est devenue titulaire en R1. Une simple étape pour la jeune femme qui n’entend pas limiter sa carrière naissante aux frontières normandes. "En tant que gardienne, quand on gagne 8-0, c’est difficile de progresser. Heureusement que les entraînements compensent. C’est pourquoi j’aimerais jouer en D2 dès la saison prochaine". Avec le SMC ? Pour cela, il faut déjà franchir ce premier tour de barrage face à Lattes. Et, pour le moment, elle ne manque pas d'apporter sa pierre à l'édifice. Sa parade à un quart d'heure de la fin lors du match aller permet à son équipe de se présenter en position de force avant le retour, dimanche, avec deux buts d'avance (2-0).
> Barrage 1 d'Accession D2F. Match retour - Lattes / SM Caen, dimanche 12 juin à 15 heures.
Jade Dumas
> Née le 30 décembre 2004 (17 ans) à Bayeux.
> Gardienne. Droitière. 1,64 m.
> Parcours : Verson (U7-15), SM Caen (depuis 2019).
> Pensionnaire du pôle Espoirs de Bréquigny (Ille-et-Vilaine).
> Stage équipe de France U16.