Pourquoi avoir accepté la proposition du Stade Malherbe ?
"Tout d'abord, j'aime le football. La deuxième raison, c'est que je suis un homme de challenge. Je suis certainement The Specialist des causes perdues. Ce projet me correspond parfaitement. Quand j'ai démissionné du Téfécé alors qu'il me restait un an et demi de contrat (en janvier 2018), je ne m'imaginais pas rester autant de temps sans exercer ma passion. Ça m'a paru illogique. J'ai eu beaucoup de possibilités mais aucune d'entre elles ne m'a accroché au point de replonger. Et puis j'ai essuyé quelques déceptions. J'ai souvent été dans des short lists mais jamais en position de numéro un. Mon objectif a toujours été d'entraîner un club de Ligue 1. Et c'est que je me suis dit quand je suis venu à Caen. Quand je vois ces installations, je me rends compte que le Stade Malherbe est un club de Ligue 1. Malheureusement, aujourd'hui, il est en Ligue 2. Ce sont les aléas de la vie d'un club".
Est-ce que vous auriez pu venir plus tôt dans votre carrière à Caen ? On a cru comprendre que vous étiez intéressé par le poste dès la saison dernière...
"Je vais paraître présomptueux mais j'ai été surpris que les quatre-cinq clubs en difficulté la saison dernière (sous-entendu en L1) ne fassent pas appel à moi. C'est le choix de leurs dirigeants. C'est leur club et bien souvent, c'est leur argent. Sincèrement, je pense que si l'une des deux équipes qui est descendue (le Stade Malherbe donc et Guingamp) m'avait engagé, elle serait toujours en Ligue 1 aujourd'hui. C'est ma conviction profonde. Et personne ne peut me démentir puisque ça n'a pas été testé".
Comment expliquez-vous que le club normand se retrouve dans une telle situation (17e avec six points, à égalité avec le premier barragiste, après neuf journées) ?
"Vous ne m'entendrez jamais critiquer mon prédécesseur (Rui Almeida). Je ne sais pas ce qu'il a fait et ça ne m'intéresse pas de le commenter. Je ne fais pas comme certains de mes collègues qui ont cette science aiguisée de justifier leurs premiers résultats hésitants par les manques constatés avant leur arrivée. Je ne vais pas me réfugier derrière ça. Tout ce que je peux dire, c'est que cette équipe sous-performe. Vous serez tous d'accord avec moi, comme vous êtes des spécialistes (en s'adressant aux journalistes), parfois meilleurs que les techniciens eux-mêmes à en juger par vos papiers respectifs, que cet effectif vaut mieux que la 17e place".
Quels sont les leviers que vous pouvez actionner pour relancer ce groupe au point mort ?
"Il faut lui redonner confiance. La confiance représente 50%, au minimum, de la performance. Et je vais apporter toute ma science. Car avant d'être un fédérateur, comme on me décrit, ce qui me semble être un raccourci, je suis surtout un très bon technicien. Vous verrez dès vendredi que mes préceptes sont différents de ceux qui étaient mis en place jusqu'à présent. Je ne suis pas adepte d'une possession basse à 80 mètres du but adverse en multipliant les passes entre les deux défenseurs centraux et le gardien. Une défense à quatre ? Ça peut en faire partie. Tiens, j'ai une info pour mon collègue de Châteauroux (Nicolas Usaï), on jouera avec une défense à quatre vendredi et dites lui aussi qu'on sera 11 sur le terrain".
Le Stade Malherbe n'a-t-il pas accumulé trop de retard au classement pour prétendre à se mêler à la lutte pour l'accession en L1 ?
"Nous, les montagnards, conseillons à ceux qui seraient victimes de vertige de ne jamais regarder le vide car ça vous précipite. En montagne, on regarde au-dessus de sa tête. A Toulouse, on a récupéré dix points en dix journées. Pourtant, c'était soi-disant infaisable. Personne ne misait sur nous. Avec Caen, on doit en rattraper 11 en 29 matches (soit le retard sur le deuxième, l'AC Ajaccio). Vous n'allez pas me faire croire que c'est plus compliqué. Et là, je parle d'une montée directe, en étant dans les deux premiers. Mais les équipes classées jusqu'à la cinquième place disputent bien les barrages, je crois ? Cette saison 2019-2020 peut permettre au SM Caen de retrouver l'élite. 29 fois trois, ça en fait des points à prendre. J'ai bien réveillé Toulouse, qui est la quatrième ville de France. Ce n'est pas moi qui le dis, ça a été écrit. Si j'ai réussi à Toulouse, je dois être capable de le faire aussi à Caen".
A cause du manque de résultats et de spectacle qui dure depuis la saison dernière, lors du dernier match à domicile dirigé par Rui Almeida (J8. défaite 2-0 contre Lens), la fracture avec le public de d'Ornano n'a jamais semblé aussi profonde. Un spectateur est même descendu sur la pelouse pour lui adresser un doigt d'honneur...
"Que les supporters sifflent parce qu'ils sont mécontents, c'est normal. Mais quand il y a du désamour, ça donne lui à des scènes qu'on regrette ensuite. Il faut qu'on retrouve une unité, tous ensemble. Pour réussir dans notre entreprise, on a besoin de leur soutien. J'ai un message à adresser aux supporters. Aidez nous à faire en sorte que les joueurs retrouvent la confiance. Les amoureux du Stade Malherbe ont un rôle à jouer. Si le club retourne en Ligue 1, ça sera aussi leur victoire. Maintenant, je suis parfaitement conscient que l'une de nos missions consiste à leur donner de la joie. L'objectif, c'est qu'ils passent un bon moment, après une semaine de dur labeur, avec leurs enfants. Je prends devant vous (les journalistes) cet engagement. C'est aussi notre devoir de faire preuve d'un état d'esprit exemplaire, de montrer qu'on est prêts à « mourir » sur le terrain, qu'on est prêts à se sacrifier pour nos partenaires... On l'oublie trop souvent".
*Souffrant d'une faiblesse congénitale, Pascal Dupraz a fait un infarctus à l'âge de 39 ans. Lors de son premier entraînement avec Toulouse il y a trois ans, le technicien avait été victime d'un malaise. Depuis, il s'est fait poser un défibrillateur qui, de son propre aveu, lui a sauvé la vie en janvier 2018 après une nouvelle alerte. Opéré à deux reprises dans la foulée (en janvier et en mai), le coach savoyard assure, désormais, que les médecins lui ont donné le feu vert pour reprendre son métier sans aucun problème.
Pascal Dupraz arrive avec un adjoint et un préparateur physique
Arrivés dans le sillage de Pascal Dupraz, Stéphane Bernard et Baptiste Hamid ont déjà collaboré avec le technicien savoyard, respectivement à Evian-Thonon-Gaillard et à Toulouse.
Contrairement à sa précédente expérience à Toulouse, Pascal Dupraz n'arrive pas seul en Normandie. Le coach savoyard a débarqué avec un adjoint, Stéphane Bernard (42 ans), et un préparateur athlétique, Baptiste Hamid (33 ans). Deux hommes avec qui il a déjà collaboré, respectivement à Evian-Thonon-Gaillard et à Toulouse. "Stéphane (membre du staff d'Oswald Tanchot au Havre la saison dernière) va concevoir et animer les séances avec moi. C'est un garçon que vous allez souvent voir en survêtement, pas en smoking. Comme moi, c'est un besogneux. On n'a pas été touchés par la grâce", lance le patron technique du SMC. "Baptiste est, lui, un très jeune garçon, très compétent".
Malgré l'arrivée d'un nouveau préparateur physique, l'historique Jean-Marc Branger (présent depuis 2007), qui occupait ce poste durant le court mandat de Rui Almeida, fait toujours partie du staff (tout comme l'entraîneur des gardiens, Eddy Costil) même si la répartition des rôles n'a pas été précisée. Mais avec 30 joueurs sous contrat dans l'effectif professionnel, personne ne devrait manquer de travail. A noter que pour assurer la transition, Fabrice Vandeputte et Nicolas Seube, les responsables de la réserve qui avaient dirigé l'entraînement lundi matin, accompagneront également Pascal Dupraz durant toute cette semaine.
« Avec @ToulouseFC, j’ai rattrapé 10 points en 10 journées. Ici, mon objectif est d’en combler 11 en 29 ». @CoachDupraz fixe son objectif (ambitieux) par rapport à la situation au classement du @SMCaen en @DominosLigue2 pic.twitter.com/Jj6f3IOyCi
— Mathieu Billeaud (@MatBilleaud) October 1, 2019