"Je crois que je suis fait pour ça. J'adore ces moments-là : le stress, la causerie, emmener des gens dans un projet". Après son baptême du feu sur le banc caennais il y a deux semaines et cette victoire aux dépens de Bastia (J16. 1-0, le 2 décembre), Nicolas Seube ne cachait pas son bonheur d'avoir été nommé coach du SMC. Ceux qui l'ont côtoyé durant sa carrière de joueur ainsi que sur ses premiers pas comme éducateur ne sont pas surpris de le voir occuper, aujourd'hui, ce poste. "Pour avoir eu de nombreuses discussions ensemble et sachant qu'il est compétiteur, je savais que Nico n'avait qu'une seule envie à moyen-long terme : c'est d'aller chez les pros", confirme Cédric Hengbart, son ancien partenaire pendant sept saisons (2001-2008) et ex-collègue au centre de formation entre 2019 et 2022.
Pourtant, certains proches l'ont mis en garde contre l'extrême précarité de ce métier. "Quand Nico m'a demandé mon avis, je m'apprêtais à lui rappeler la situation du Stade Malherbe (qui restait sur 11 matches sans succès en championnat), de lui dire de bien réfléchir avant d'accepter, que l'amour des supporters pouvait vite s'estomper si deux-trois défaites s'enchaînaient et c'est là qu'il m'a confié qu'il en rêvait", relate Jean-François Fortin, sans doute pas le mieux placé pour évoquer la fragilité de la fonction d'entraîneur, lui qui n'en a connu que trois en 16 ans de présidence des « Rouge et Bleu » (Patrick Rémy, Franck Dumas et Patrice Garande).
"Ayant une grande amitié pour ce garçon, je ne me voyais pas l'empêcher d'assouvir son rêve"
Jean-François Fortin
"Ayant une grande amitié pour ce garçon, je ne me voyais pas l'empêcher d'assouvir son rêve. Et puis malgré la période difficile, peut-être qu'il s'agissait du meilleur choix pour le club", lance celui que Nicolas Seube considère comme un « père footballistique ». S'il a nourri cette ambition de passer de l'autre côté dès ses crampons raccrochés en 2017, pouvait-on déceler chez lui, quand il foulait les pelouses de Ligue 1 et de Ligue 2, l'âme d'un futur technicien ? "Je ne peux pas affirmer que son avenir était tout tracé car on était encore jeune", relève Cédric Hengbart qui a quitté le SMC pour Auxerre à 28 ans. "Mais dans le dépassement de soi, Nico était un leader naturel. Il s'arrachait pour les autres. C'était le collectif avant tout. Forcément, quand on a un tempérament comme celui-là, c'est plus facile de devenir coach".
Son passé de joueur, son expérience comme éducateur, son amour du club
"Pour en avoir discuté avec les entraîneurs de l'époque, leur point de vue était similaire : Nico est un meneur. Il a toujours été un modèle pour ses coéquipiers", ajoute Jean-François Fortin qui reprochait presque à son capitaine de ne pas assez hausser le ton dans le vestiaire quand l'un de ses partenaires se ratait. "Il me répondait que comme lui-même n'était pas toujours irréprochable sur le terrain, il se voyait mal réprimander un joueur. Je lui répétais inlassablement que si on attendait d'un capitaine qu'il ne commette aucune erreur, il n'y aurait jamais de capitaine. Maintenant, je sais que sans crier, Nico échangeait souvent avec ses coéquipiers pour rectifier le tir", souligne l'ancien dirigeant des « Rouge et Bleu » pour qui son ex-protégé possède une qualité indispensable pour réussir à ce poste, dans ce club. "Nico a un atout majeur, c'est qu'on n'a pas à se poser la question de savoir s'il est marqué Malherbe. Dans la tête de ses partenaires, son amour et sa détermination pour le club n'ont jamais fait aucun doute".
"Il n'y a qu'une chose qui nous donne cette adrénaline : le terrain. C'est ce qu'on recherche en devenant entraîneur"
Cédric Hengbart
Un passé de joueur de haut niveau qui constitue un avantage non-négligeable à l'heure de basculer sur un banc selon Cédric Hengbart. "Dans l'approche du match, dans les analyses, dans des petites choses qu'on perçoit dans le vestiaire, on a une sensibilité particulière parce qu'on a déjà vécu ces situations", indique l'actuel entraîneur de Blois (N2). "Après, ça ne fait pas tout. C'est toujours intéressant d'avoir été éducateur au club, surtout au Stade Malherbe qui se dit formateur. Ça permet d'apprendre les rouages avec les jeunes, auprès de différentes personnes (ils ont tous les deux étés adjoint de Matthieu Ballon et Fabrice Vandeputte, respectivement avec les U17 et la réserve) tout en apportant notre savoir. Tu prends goût petit à petit au métier. Il y a eu aussi les techniciens qu'il a côtoyés à Caen, Franck Dumas, Patrice Garande... Il a fait un mix de tout ça".
Pourquoi autant d'anciens joueurs empruntent-ils la voie du coaching ? "On peut faire plein de choses dans nos vies mais il n'y en a qu'une qui nous donne cette adrénaline : le terrain. C'est ce qui nous anime. Cela nous procure des émotions qu'on ne retrouve nulle part ailleurs et qu'on ne ressent plus depuis l'arrêt de notre carrière : cette joie collective quand tu gagnes un match, cette tristesse quand tu perds... C'est ce qu'on recherche en devenant entraîneur car on ne sera plus jamais joueur", témoigne Cédric Hengbart. Bonne nouvelle, à la lecture des dernières saisons, pour le moins, mouvementées du SMC, Nicolas Seube ne devrait pas en manquer, d'émotions.
> L2. J18 - SM Caen (12e - 22 points) / Dunkerque (19e - 13 points), samedi 16 décembre à 19 heures au Stade Michel-d'Ornano.