Le jour où il est arrivé au Stade Malherbe
"Pat (Garande) m’a fait visiter la ville dans sa voiture"
Peu de supporters « Rouge et Bleu » s’en souviennent peut-être mais quand Jean-Marc Branger s’est engagé au Stade Malherbe en 2005 (!), c’est en tant que portier. "Franck (Dumas) cherchait un gardien supplémentaire pour partager le statut de doublure de Vincent Planté avec Benoît Costil qui partait régulièrement en équipe de France (jeunes)", rembobine le principal intéressé. Ce qui a également séduit le manager général et le coach du SMC dans l’arrivée du Savoyard, c’est sa capacité à assurer la préparation physique ; un poste inoccupé dans son staff. "Je venais d’obtenir mon diplôme et j’étais en fin de contrat à Gueugnon".
C’est Fred Petereyns, actuellement en poste à Dunkerque, qui a mis les deux hommes en relation. "On avait passé notre diplôme d’entraîneur des gardiens ensemble à Clairefontaine. Il m’a dit que Franck allait m’appeler. Une heure après, je recevais son coup de téléphone. Franck m’a demandé de prendre un avion. L’entretien a duré dix minutes, j’avais une proposition de contrat". A l’époque, Jean-Marc Branger ne possède aucune attache à Caen. "Comme je suis passionné d’histoire, je rêvais de venir en Normandie pour découvrir les plages du Débarquement. Lors de ma première venue, c’est Pat (Garande) qui m’avait fait visiter la ville dans sa voiture".
Le jour où il est monté en Ligue 1
"Avec les Nico, Cécé, Brahim, Titi, il régnait une ambiance de fou"
En 16 ans au Stade Malherbe, Jean-Marc Branger a connu pas moins de trois accessions en Ligue 1. La première ? En 2007 après une victoire lors de la dernière journée à Libourne. "Cette saison-là, je suis encore gardien et préparateur physique. D’ailleurs, à Libourne, je suis sur le banc. J’arrête ma carrière de joueur sur cette montée", raconte-t-il. Difficile de rêver mieux. Surtout qu’au-delà de la performance sportive (deuxième avec 71 points), le natif d’Annemasse met en avant un groupe humainement extraordinaire. "Avec les Nico (Seube), Cécé (Hengbart), Brahim (Thiam), Titi (Deroin), il régnait une ambiance de fou et on avait une équipe monstrueuse sur le terrain".
De par sa double casquette, Jean-Marc Branger noue une relation particulière avec cette génération. "Je m’entraînais avec eux, j’en ch… avec eux". Alors que le SMC avait manqué de retrouver l’élite l’exercice précédent pour deux « petits » buts, cette accession en L1 récompense aussi la stabilité d’un staff et des dirigeants avec notamment le président Jean-François Fortin "qui tenait la barre" et Franck Dumas "qui sentait le foot comme personne".
"On me pose toujours la question et, à chaque fois, je donne la même réponse : NG"
En 16 ans au Stade Malherbe, Jean-Marc Branger a côtoyé de très nombreux éléments de haut niveau : Raphaël Guerreiro, Thomas Lemar, Mbaye Niang, Youssef El Arabi, Benoît Costil… Pour ne citer qu’eux. Pour le préparateur physique, il n’y a pas de secret : "Tous les bons joueurs sont des monstres physiques". En tête de ce classement, forcément, N’Golo Kanté, passé par Caen entre 2013 et 2015. "C’est le n°1. Au bout d’une journée de tests, ça s’est vu".
Le jour où il a vécu sa plus grande déception
"Franck et Fred m’avaient dit : « Dans un an, on remonte »"
Si Jean-Marc Branger a connu trois montées, il a également vécu les affres d’autant de relégations. "Elles font toutes mal", assure-t-il. Toutefois, la plus douloureuse fut peut-être celle subie suite à cette défaite 1-0 contre Bordeaux à d’Ornano en clôture du championnat, en 2009. "En plus, c’est Yo Gouffan qui marque". Un enfant de la maison « Rouge et Bleu ». Mais plus que cette rétrogradation en elle-même, c’est surtout la journée du lendemain qui avait frappé l’esprit du Savoyard. "On avait été convoqués au stade par Franck et Fred (Deschamps, le responsable du recrutement, brutalement décédé en 2013). On avait tous la tête dans le sac. Je n’oublierai jamais leur discours. Ils m’avaient dit : « On est descendus mais dans un an, on remonte »".
Des paroles qui avaient trouvé un prolongement sur le rectangle vert puisque le Stade Malherbe avait signé l’une de ses meilleures saisons, avec le titre de champion de France de Ligue 2 à la clé. Durant son passage au SMC, Jean-Marc Branger a été le témoin privilégié de cette faculté à ne pas s’éterniser en deuxième division. Entre 2004 et 2018, jamais le club normand n’a disputé plus de trois exercices de rang en L2. "Pat (Garande) me répétait toujours : « Les gens ne se rendent pas compte de ce qu’on fait, ce sont des miracles »". Des propos qui prennent encore un peu plus de sens aujourd’hui.
Le jour où tout s’est arrêté
"Je suis rentré chez moi, seul, la gueule dans le sac et c’était fini"
Le maintien miraculeux contre Clermont en mai, à la 38e journée, aura donc été le dernier match de Jean-Marc Branger au sein du staff caennais. "Tout d’abord, j’étais soulagé, car on a quand même frôlé la catastrophe. Après, je suis passé de l’euphorie pendant quatre-cinq minutes après le penalty de Benj (Jeannot) à un effondrement. Là, je me suis dit : « Ça y est, c’est terminé »". En fin de contrat au 30 juin, le préparateur physique était parfaitement conscient que l’aventure ne se prolongerait pas.
"A ce moment-là, je suis seul sur mon banc de touche. Trois-quatre mecs sont venus me voir : Nico Seube, Manu Lepresle (le préparateur physique) qui a été exceptionnel, Jean-Luc Pignol, le président de l’association et Vincent Catherine (le directeur des activités françaises d’Oaktree, l’actionnaire principal du SMC) qui m’a dit qu’il n’oublierait jamais ce que j’avais fait pour le club. Après, tout le monde faisait la fête. Mais je n’avais pas le cœur à ça. Je suis rentré chez moi, seul, la gueule dans le sac et c’était fini. Même si je le savais, on n’y est jamais préparé. C’est tellement brutal". La cruauté du monde du football.
> L2. J9 - SM Caen (9e - 11 points) / Dijon (15e - 7 points), mardi 21 septembre à 20 heures au Stade Michel-d'Ornano.