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Jordan Adéoti : "A Caen, j'ai quand même joué avec deux champions du Monde"

Durant ses trois saisons au Stade Malherbe (2014-2017), Jordan Adéoti a noué de solides amitiés avec Manu Imorou, Dennis Appiah et Damien Da Silva.

Dans quelles circonstances vous êtes-vous retrouvé à Annecy où vous vous êtes engagé pour six mois au mercato d'hiver ?

"A la fin de mon aventure en Norvège en décembre, les dirigeants d'Annecy cherchaient des renforts. Ils m'ont rapidement formulé une proposition. De mon côté, j'avais cette volonté de ne pas rester trop longtemps sur le marché, de rechausser les crampons, de trouver un projet où on me ferait confiance... Du coup, j'ai dit oui assez vite. Récemment, j'ai pu enchaîner les matches. Je monte petit à petit en puissance. J'ai retrouvé un très bon niveau physique. Jusqu'à la fin de la saison, je sens que je peux apporter à l'équipe dans cette lutte pour le maintien".

Lanterne rouge avec neuf longueurs de retard sur le premier non-relégable, votre équipe abat l'une de ses dernières cartes à l'occasion de la réception de l'US Avranches...

"On n'a pas envie de se maintenir de cette manière. On souhaite y parvenir par nous-mêmes"

"Il reste encore 33 points en jeu. Maintenant, quand vous n'en avez pris que 18 en 23 matches, vous pouvez vous demander comment en gagner autant, voire plus, sur les 11 dernières journées ? Mais ces dernières semaines, j'ai constaté une nette amélioration dans notre jeu. Contre Laval (défaite 2-0, mardi), on se fait punir sur les deux seules situations que l'on concède. A l'inverse, on ne parvient pas à convertir nos temps forts. Face à Avranches, j'espère qu'on aura ce déclic, qu'on arrivera à mener au score et qu'on décrochera un résultat positif. On a besoin de retrouver un peu de confiance afin de finir cette saison en boulet de canon".

En dépit de sa situation précaire au classement, Annecy pourrait tout de même se sauver. Le championnat de N2 n'étant pas sûr de reprendre, il pourrait n'y avoir aucune descente à l'étage supérieur...

"On ne peut pas faire abstraction de cette actualité et faire comme si de rien n'était. Quand une info sort, on en parle dans le vestiaire. Mais à ce niveau, on est à la merci des décisions administratives. Un coup, le N2 doit reprendre, une semaine plus tard, finalement, non. Maintenant, pour notre orgueil, on veut faire le maximum sur le terrain. On n'a pas envie de se maintenir de cette manière. On souhaite y parvenir par nous-mêmes".

Avant de signer à Annecy, vous avez évolué six mois en Norvège, à Sarpsborg. Que retenez-vous de cette première expérience à l'étranger ?

"Forcément, avant de m'y rendre avec ma famille, on ressentait un peu d'appréhension même si la Scandinavie nous attirait énormément. Ce fut une superbe expérience. Ma femme, mes enfants (deux petites filles) se sont super bien adaptés. On a été magnifiquement accueillis. Le décor dans lequel on a vécu était magnifique avec des grandes forêts, des lacs à cinq minutes de la ville. Et sportivement, j'ai été très heureux de découvrir un nouveau championnat, de nouvelles équipes... Ça m'a fait du bien de sortir de ma zone de confort".

A vous écouter, vous auriez aimé poursuivre l'aventure...

"Si j'étais un club de Ligue 1-Ligue 2, je surveillerais très attentivement le championnat norvégien"

"Oui mais c'était plus ou moins convenu que ça se terminerait en décembre. Pendant mes six mois de présence, le club a bénéficié d'un régime fiscal favorable auquel il n'avait plus droit si je restais. De plus, de jeunes joueurs ont émergé dont Gaute Vetti (22 ans). Il m'a vraiment impressionné par la qualité de ses touches de balle. C'est le genre de joueur qui voit avant les autres. Il va intéresser du monde dans les championnats majeurs. Ajoutez à cela un retard sur le plan physique comme je suis arrivé en plein milieu du championnat après cinq mois sans jouer à cause de la Covid et je n'ai pas eu autant de temps de jeu que j'espérais".

Comment qualifieriez-vous le niveau du championnat norvégien ?

"J'ai été surpris. C'est un championnat très dur physiquement, un peu box-to-box comme à l'Anglaise. Tactiquement, c'est moins bien en place qu'en France mais ça va de l'avant, ça joue et ça court dans tous les sens. Chez les joueurs, il y a énormément de qualité. Si j'étais un club français de Ligue 1-Ligue 2, je surveillerais très attentivement ce championnat. Sportivement et financièrement, il y a de très bonnes opportunités à saisir. J'ai côtoyé des joueurs qui pourraient évoluer sans problème dans une équipe de Top 5 de Ligue 2. Gaute Vetti, dont je vous parlais plus tôt, a lui sa place en Ligue 1 sans problème. D'ailleurs, de nombreux joueurs norvégiens sont intéressés pour venir en France". 

On a l'impression d'entendre un directeur sportif...

"Me retrouver au cœur d'un projet, apporter son réseau comme par exemple avec la Norvège, c'est quelque chose de très excitant. Je crois que je pourrais avoir des idées sur le recrutement, sur les coaches... Parfois, je me projette. Aujourd'hui, tout cela reste très hypothétique mais ça me tente. Plus j'y pense, plus je me dis que j'ai envie de rester dans le foot même si j'ai bien conscience que c'est un milieu difficile où les places sont chères".

Quels souvenirs gardez-vous de vos trois saisons au Stade Malherbe (2014-2017) ?

"Avec Damien, Dennis et Manu, je me suis fait de véritables amis à Caen"

"C'était exceptionnel. Humainement, c'est à Caen où j'ai eu le plus d'attaches au sein d'un groupe avec Rémy (Vercoutre), Julien (Féret), Alaeddine (Yahia), Vincent (Bessat)... Des super mecs avec la tête sur les épaules, qui t'aident à avancer. Je me suis fait également de véritables amis avec Damien (Da Silva), Dennis (Appiah) et Manu (Imorou). On a un groupe WhatsApp. On échange quotidiennement. D'ailleurs, Manu n'est qu'à une heure d'Annecy (il évolue à Thonon Evian). On n'a pas encore réussi à se voir mais on va bientôt se caler quelque chose". 

Sportivement, vous avez connu aussi des bons moments sous le maillot « Rouge et Bleu »...

"Ce fut génial : la Ligue 1, les trois maintiens, cette septième place historique (en 2016)... Et puis j'ai quand même joué avec deux champions du Monde (N'Golo Kanté et Thomas Lemar). C'est toujours sympa à raconter. Quand je dis que j'ai joué avec N'Golo, on me demande toujours : « Alors, comment il était ? Il était déjà aussi fort ? » Avec le recul, c'est marrant de se dire que j'ai pu jouer avec des garçons d'un tel niveau. Surtout moi qui ai cru, à un moment, que le circuit pro m'était totalement fermé".

> N1. J25 - Annecy (18e - 18 points) / US Avranches (12e - 28 points), samedi 13 mars à 18 heures au Parc des Sports.

Godson Kyeremeh

A Annecy avec Godson Kyeremeh

A Annecy, Jordan Adéoti n'est pas le seul « Caennais » du groupe. Quelques jours après sa signature, l'international béninois a vu débarquer Godson Kyeremeh (20 ans), prêté par le Stade Malherbe jusqu'à la fin de la saison. "J'ai pris plaisir à le découvrir. C'est un super jeune avec beaucoup de qualité de percussion. Même s'il était déjà au centre de formation quand je jouais à Caen, je ne le connaissais pas. Lui se souvenait de moi", raconte le milieu défensif ou défenseur central qui aime bien chambrer son jeune coéquipier.

"Je lui dis qu'il avait hâte de jouer avec moi (rire). Quand j'étais à Caen, Godson faisait partie de ces jeunes qui nous regardait avec des étoiles dans les yeux. Et aujourd'hui, il est avec moi dans le vestiaire".

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