Foot Normand

La crème de la crème des U11 français se donne rendez-vous à Venoix

56 équipes dont 26 issues d'école de foot de clubs « pros » s'affronteront ce week-end sur les installations de Venoix pour succéder au palmarès à l'Olympique de Marseille. ©SM Caen

Un tournoi féminin d'ici deux-trois ans dans les cartons

La recette est éprouvée mais ça ne l’empêche pas de fonctionner à merveille. Depuis plus de 20 ans, le Tournoi Jean-Pingeon - qui a dû respecter une pause forcée pendant deux saisons ; la faute à la crise sanitaire (2020-2021) - mélange équipes normandes et écoles de foot de clubs pros sur les installations du complexe de Venoix. "Pingeon, c’est avant tout un état d’esprit. On veut offrir des souvenirs pour la vie aux clubs régionaux et proposer un tournoi d’un bon niveau pour les professionnels", détaille Jean-Luc Pignol, le président de l’association du Stade Malherbe. Particularité de l’épreuve caennaise, les jeunes joueurs venant des quatre coins de la France sont hébergés dans les familles de leurs homologues normands qui se sont extirpés de la phase qualificative quelques semaines plus tôt. "Il y a un contrat moral entre nous", souligne le manager opérationnel Paul Martin. "Ça créé des liens entre les enfants. Certains sont en contact depuis de nombreuses années après s’être rencontrés sur le tournoi", témoigne Jean-Luc Pignol.

"C'est l'un des seuls tournois en France où l'inscription est gratuite. Il n'y a aucun frais d'engagement", Paul Martin

Au fur et à mesure des éditions, « Pingeon » a acquis une solide réputation, au point de devenir une référence nationale dans la catégorie U11. "Les éducateurs sont unanimes, c’est leur tournoi préféré. C’est le rendez-vous pour les U11. Pour rien au monde, ils ne le rateraient. Pour un éducateur, remporter Pingeon, c’est Le Graal", estime Jean-Luc Pignol. "Pour les enfants, c’est un peu leur Coupe du Monde", ajoute Philippe Costil, le vice-président de l’association et responsable du tournoi en compagnie d’Yves Letellier. "En France, il n’y a pas un autre plateau avec autant de clubs pros", fait remarquer Stéphane Pilard, le directeur de l’association. Et pour cause, cette année, 14 pensionnaires de Ligue 1 seront présents dont Monaco et Saint-Etienne, les « petits » nouveaux.

Des clubs qui ont tous été invités. "C’est l’un des seuls tournois en France où l’inscription est gratuite. Il n’y a aucun frais d’engagement", précise Paul Martin. "Et ça ne changera pas", affirme Jean-Luc Pignol. Presque une anomalie quand on sait que certaines épreuves parisiennes font payer jusqu’à 500€ par équipe ! Si le tournoi malherbiste est autant prisé des techniciens, c’est aussi grâce à une organisation sans faille. "On respecte le timing à la minute près". Une organisation à laquelle contribue grandement une cinquantaine de bénévoles sans oublier les éducateurs de l’asso* et de nombreux jeunes en formation (BPJEPS, étudiants en Staps, apprentis…). "La pérennité de notre tournoi ne sera garantie qu’à condition qu’on renouvelle notre équipe de bénévoles car certains vieillissent", met en garde Jean-Luc Pignol. Surtout qu’à l’avenir, l’épreuve pourrait s’agrandir avec une possible déclinaison féminine. "Pour cela, il faudrait qu’on s’associe à un club partenaire parce qu’on manquerait de terrains. On voudrait qu’elle ait lieu le même week-end avec une finale à Venoix. C’est un projet qu’on peut envisager sous les deux-trois ans", expose le président caennais.

"Ce n’est pas en téléguidant leur gosse comme une Playstation qu’ils vont les aider"

Défenseur d’un esprit convivial sur le Tournoi Jean-Pingeon, Jean-Luc Pignol invite chacun à rester à sa place, y compris les parents. Portés par l’amour qu’ils portent à leur progéniture et la passion générée par le ballon rond, il n’est pas rare que quelques-uns dépassent certaines limites. "Chacun a son rôle : le club qui doit mettre les enfants dans les meilleures dispositions pour qu’ils s’épanouissent, les éducateurs - tous diplômés au Stade Malherbe, je tiens à le rappeler - qui leur transmettent des valeurs sportives et humaines et les parents qui sont là pour les encourager. Et il ne faut pas oublier que l’échec fait partie de la formation", rappelle le président de l’association du SMC. "Sur un tournoi U9, j’ai vu des parents prendre leurs enfants pour Maradona. A un moment donné, il faut dire stop sinon ça va devenir trop compliqué".

Pascal Théault et Jacques Hue à l'origine du tournoi 

Forcément, au fil des saisons, plusieurs joueurs, devenus aujourd’hui professionnels, ont foulé les pelouses de Venoix, à commencer par le plus prestigieux d’entre eux : Kylian Mbappé sous les couleurs de Bondy à l’époque. "Il a gagné la Coupe du Monde mais pas Pingeon", lance, avec un sourire taquin, Paul Martin. De nombreux malherbistes, actuels ou passés, s’y sont également illustrés : Benoît Costil, Jessy Deminguet, Elliot Grandin ainsi que la nouvelle génération avec leur premier club : Johann Lepenant (US Granville), Mohamed Hafid (AS Cherbourg), Noé Lebreton (US Avranches)… "Maintenant, on voit même des fils d’anciens joueurs : les enfants de Mathieu Coutadeur, Oumar Bakari, Samuel Boutal…", énumère Philippe Costil. "On a vécu quelques belles soirées". L’année dernière, Julien Féret, qui a fait les beaux jours de d’Ornano de 2014 à 2018, avait accompagné son fils au sein de l’entente Seignosse Capbreton Soustons.

"Ce tournoi, c'est aussi une façon de témoigner notre respect envers M. Pingeon", Philippe Costil

Pour cette 20e édition, les organisateurs ont réservé quelques surprises avec notamment le tirage au sort des poules la veille du début du tournoi, le vendredi soir, au salon Arturo-Samassa, en présence des coaches des clubs « pros » (diffusé en direct sur le Facebook de l’association). Des éducateurs passés par « Pingeon », des ex-présidents de l’association du SMC et les créateurs de l’épreuve, Pascal Théault et Jacques Hue, anciens entraîneur et président du Stade Malherbe, ont été invités sur le week-end. "En rentrant du Tournoi des Violettes à Toulouse, ils se sont dit : « Pourquoi on ne ferait pas la même chose chez nous »", rapporte Jean-Luc Pignol.

L’épreuve a connu plusieurs moutures (Festival des ports avec la participation des villes jumelées avec Caen, Festival des jeunes footballeurs) jusqu’à prendre l’appellation Jean Pingeon en 2001, quelques mois après le décès de l’ex-président du club normand. "Ce tournoi, c’est aussi une façon de témoigner notre respect envers M. Pingeon", confie Philippe Costil. Ses filles, Pascale et Catherine qui habitent en région parisienne, assistent chaque année à la finale. "Pour la première édition, Mme Pingeon avait invité tous les bénévoles chez elle. Aujourd’hui, c’est important que ses filles reconnaissent les valeurs de leur père dans notre tournoi". Que les dirigeants caennais se rassurent, Jean Pingeon serait fier de « son » tournoi.

*Stéphane Pilard, Paul Martin, Tristan Blanchard, Jérôme Leneveu, Fabio Martins, Medhi Hocianat, Antonin Cathrine, Manon Delafosse, Baptiste Lepresle, Véronique Meslin.

56

Le plateau de cette 20e édition est composé de 56 formations dont 26 issues d’écoles de foot de clubs « pros ». Des clubs répartis en huit poules de sept équipes le samedi. Les deux premiers de chaque groupe sont reversés dans des nouvelles poules de quatre équipes le dimanche pour se disputer les places de 1 à 16, les troisièmes et quatrièmes pour les places de 17 à 32… Le premier de chacun de ces nouveaux groupes se qualifie pour les demi-finales. "Notre volonté, c’est de proposer le moins de matches à élimination directe possibles car ce sont eux qui amènent une certaine tension", explique Paul Martin, en charge de l’organisation du Tournoi Jean-Pingeon. "Ça évite aussi des potentiels retards avec des matches se terminant aux tirs au but". Afin de respecter le timing avec des rencontres durant 17’, "Pour faire venir les meilleurs clubs français, il faut avoir ce temps de jeu car ils ont un cahier des charges", huit terrains de foot à 8 sont tracés sur le Stade de Venoix, la plaine, le synthétique de Pompidou et l’hybride ; une dernière aire de jeu particulièrement prisée par les éducateurs. Reste à savoir qui succédera à Marseille au palmarès ?

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L'année dernière, la finale de « Pingeon » avait opposé l'OGC Nice à Marseille au Stade de Venoix. ©SM Caen

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