Parmi les priorités fixées durant ce mercato, Stéphane Moulin avait placé le poste de latéral tout en haut de sa liste. Il faut dire qu'entre la longue indisponibilité d'Hugo Vandermersch (pas de retour avant le mois de novembre suite à sa rupture des ligaments croisés) et la sélection d'Alexis Beka Beka aux JO de Tokyo (qui de toute façon ne devrait pas rester dans son club formateur cet été), le nouveau coach caennais ne possédait plus que deux spécialistes dans son effectif : Aloys Fouda et Yoël Armougom (les deux devraient d'ailleurs démarrer titulaires samedi pour la réception de Rodez en ouverture de la Ligue 2).
Une situation qui a contraint l'ex-entraîneur d'Angers a "bricolé", pour reprendre son terme, durant la préparation. "Ça peut fonctionner un temps mais pas indéfiniment". Parfaitement conscient de cette carence dans l'effectif normand, le président Olivier Pickeu a accédé au souhait de son technicien en attirant Ali Abdi. Un très joli coup, tout du moins sur le papier, pour les dirigeants « Rouge et Bleu » ; l'international tunisien (quatre sélections) venant de signer la meilleure saison de sa carrière avec le PFC.
En Ligue 2, avec l'équipe parisienne, l'ancien joueur du Club Africain a inscrit neuf buts et délivré deux passes décisives. "Il a fait preuve d'opportunisme, notamment suite à des corners", rappelle notre chroniqueur Stat Malherbe qui a analysé son jeu. "Depuis le début de sa carrière en D1 tunisienne, il n'avait jamais dépassé la barre des quatre buts sur une seule saison". En fin de contrat, il disposait d'offres fermes d'écuries de D1 belge et turque comme révélé par notre confrère du Parisien, Laurent Pruneta. Au Stade Malherbe, Ali Abdi pourrait rapidement se rendre précieux par sa polyvalence ; l'intéressé est capable de jouer arrière gauche, sa place avec les Aigles de Carthage, mais aussi à droite de la défense ; un poste qu'il a régulièrement occupé lors de l'exercice précédent avec le PFC.
1,9 tirs par match la saison dernière !
La nouvelle recrue caennaise peut également évoluer un cran plus haut, dans une position d'excentré. "Son pied gauche est son pied fort mais son pied droit n'est pas faible", résume Stat Malherbe. C'est surtout par sa contribution offensive que le Tunisien s'est signalé. "Il s'est montré très à l'aise pour apporter son soutien aux attaques, que ce soit pour créer du déséquilibre ou même pour finir les actions. Ses montées sont difficiles à canaliser pour ses vis-à-vis. Il a aussi délivré de nombreux centres qualitatifs au sein d'une équipe de Ligue 2 qui s'appuyait sur le jeu sur les côtés ou même claquer régulièrement des tirs (1,9 tirs par match)".
Malgré ses stats, Stat Malherbe ne lui voit pas spécialement d'avenir en tant qu'ailier. "Il rencontre beaucoup de déchets lorsqu'il s'agit d'éliminer son adversaire direct avec le ballon", avance-t-il avant de pointer quelques limites techniques. "Sur ses passes, ses choix et ses réalisations amènent beaucoup de déchets dans la construction. Pas évident dans ces conditions de créer le surnombre". S'il se montre, toutefois, plutôt à l'aise dans la moitié de terrain adverse, le natif de Sfax affiche aussi quelques limites sur l'aspect défensif.
"Face à des excentrés plus fin techniquement, ses interventions sont trop souvent à contre-temps", souligne notre chroniqueur. La preuve avec chiffre : avec seulement 58,4% de duels défensifs remportés la saison passée, Adil Adli affiche un taux très faible pour un latéral. "J'ai en tête sa confrontation contre Nassim Ouammou de Rodez ou Jim Allevinah de Clermont, il avait clairement pris le bouillon. Il est ainsi souvent sanctionné". Autant d'axes sur lesquels le néo-Caennais pourra progresser sous les ordres de Stéphane Moulin. Sur ce point, on peut faire confiance au coach des « Rouge et Bleu » qui possède avec l'ancien parisien un profil collant parfaitement à son style de jeu.