En consultant les réseaux sociaux, on pourrait presque croire qu'il n'y a pas de match samedi soir. Depuis la révélation de la venue d'Orelsan à d'Ornano il y a une dizaine de jours, toute la Twittosphère « Rouge et Bleu » ne parle que de ça. Il faut bien reconnaître que la présence de l'artiste caennais, dont le quatrième album Civilisation est sorti ce vendredi, en marge de la réception du Paris FC constitue un magnifique « coup » pour le Stade Malherbe (12 000 spectateurs sont attendus, deuxième meilleure affluence de la saison derrière le « derby » contre Le Havre). S'il a toujours clamé son attachement pour ce club, ses relations privilégiées avec Pierre-Antoine Capton, le co-propriétaire du SMC, qui a produit via sa société Mediawan le documentaire qui lui est consacré : Montre jamais ça à personne, ne sont pas non plus totalement étrangères à ce retour dans l'enceinte normande*.
Toutefois, une fois la séance de dédicaces à la boutique du club finie et une chanson de son nouvel opus entonnée sur la pelouse de d'Ornano, ce sera l'heure des choses sérieuses (footballistiquement bien entendu). Car malgré tout le talent d'Orelsan, difficile de croire qu'il va se révéler d'une quelconque aide pour son équipe favorite à partir de 19 heures. Une semaine après avoir été bouté sans gloire (c'est un euphémisme) hors de la Coupe de France par Dinan-Léhon, pensionnaire de N3 (1-1, 4-1 tab), le Stade Malherbe doit se faire pardonner. Pas seulement de cette piteuse élimination mais aussi (et surtout) de son parcours en championnat depuis pratiquement trois mois.
Une victoire, cinq nuls pour autant de défaites, voici le triste bilan des coéquipiers de Jessy Deminguet en Ligue 2 depuis fin août ! Et à domicile, c'est encore pire avec déjà cinq revers en huit sorties devant son public. Des supporters dont la patience commence sérieusement à atteindre ses limites. En même temps, on peut les comprendre. En observant ce SMC version 2021-2022, on a parfois la curieuse impression d'être revenu en arrière : incapacité à convertir ses temps forts, succession d'erreurs individuelles, absence de leadership... Qu'on ne se trompe pas, il n'est pas question d'exiger de la formation dirigée par Stéphane Moulin de prétendre au Top 5, encore moins à la montée, mais juste de vivre une saison un peu plus sereine que les précédentes.
Pas loin de la crise en cas de nouveau revers à d'Ornano
Pourtant, quand Pierre-Antoine Capton a racheté le club avec le fonds d'investissement américain Oaktree (en août 2020), on a cru que la dynamique allait s'inverser, quand Olivier Pickeu a été nommé président dans la foulée, on s'est dit la même chose. Idem avec l'arrivée de Stéphane Moulin sur le banc caennais cet été. Force est de constater qu'au bout de 15 journées, pas grand-chose n'a changé. En tout cas pas les résultats. Par contre, s'il y a un secteur qui n'a pas évolué chez les « Rouge et Bleu » depuis trois ans, ce sont les joueurs, ou alors à la marge. Rappelons que depuis 2019 et sa rétrogradation en Ligue 2, le Stade Malherbe s'appuie toujours sur un noyau de joueurs identique. S'ils se montrent, pour la plupart d'entre eux, irréprochables dans l'état d'esprit et ne ménagent pas leurs efforts sur le terrain (comme en attestent les chiffres), ils collectionnent les déconvenues. Et nul doute que l'accumulation de déceptions pèse sur le moral des troupes.
Souvent considéré comme séduisant sur le papier, ce groupe est plus souvent jugé sur son CV que par ses performances à l'instant T. S'ils possèdent des noms moins ronflants, le Ruthénois Pierre Bardy, le Palois Victor Lobry ou le Dunkerquois Kévin Rocheteau, pour ne citer qu'eux, sont, actuellement, nettement plus compétitifs que plusieurs pensionnaires de l'effectif normand. Et certaines recrues, arrivées à court de forme et/ou perturbées par des blessures, ont incontestablement encore besoin de temps avant d'être pleinement compétitives à l'image de Nuno Da Costa.
Si le mercato d'hiver pourrait faire un peu bouger les lignes (même si on se demande bien qui va vouloir s'engager dans cette galère et surtout avec quels moyens financiers quand on sait qu'Oaktree a dû remettre au pot fin août pour finaliser le transfert d'Ibrahim Cissé estimé à 400 000 €), le SMC, en attendant, est en quête de points, et rapidement si possible. Avant d'accueillir un Paris FC un peu plus fringant (sept unités sur les neuf dernières mises en jeu), la formation de Stéphane Moulin, 12e, ne compte que deux longueurs d'avance sur la zone rouge. Si le président Olivier Pickeu a réfuté que son club était en crise il y a une semaine sur les ondes de France Bleu, un nouveau faux pas à d'Ornano pourrait bien l'y plonger. Et du côté des supporters « Rouge et Bleu », on espère juste que les paroles d'Orelsan dans l'un des titres de son dernier album, « On va au stade avec mon père, on prend deux bières, on prend deux buts et à mon retour, je rallume Fifa et le Stade Malherbe perd encore », ne seront pas prophétiques.
> L2. J16 - SM Caen (12e - 17 points) / Paris FC (6e - 24 points), samedi 20 novembre à 19 heures au Stade Michel-d'Ornano.
*En 2013, Orelsan avait chanté sur la pelouse de d'Ornano dans le cadre des festivités du centenaire du Stade Malherbe. Cinq ans plus tard, il avait donné le coup d'envoi de la demi-finale de Coupe de France contre le PSG.