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Le Stade Malherbe, une passion qui ne date pas d'hier pour PAC

Le projet de reprise du Stade Malherbe porté Pierre-Antoine Capton devrait être officialisé cette semaine, avant la réception de l'AC Ajaccio. ©DR

Le projet de reprise du Stade Malherbe porté Pierre-Antoine Capton devrait être officialisé cette semaine, avant la réception de l'AC Ajaccio. ©DR

Il y a deux ans, quand Pierre-Antoine Capton (PAC) avait présenté sa première offre de reprise(1), Laurent Batteur et Michel Besneville, deux actionnaires historiques du SMC 10(2), avaient dénoncé dans un communiqué une tentative d'OPA "hostile" à l'encontre du club caennais. "Son esprit est menacé. Son ADN est remis en cause". Pourtant, difficile de faire plus malherbiste que le producteur de télévision trouvillais. "Quand j'étais au lycée, il y avait deux choses qui me faisaient sortir de mon quotidien : le théâtre et le Stade Malherbe, que j'allais souvent voir jouer", racontait-il à la revue Entreprendre en mars. Sous les tôles de Venoix, il accompagnait son grand frère, Jérôme, journaliste sportif. Car chez les Capton, le SMC est une affaire de famille. D'ailleurs, leur oncle a défendu les couleurs « Rouge et Bleu » dans les années 1950. Champion d'Europe junior avec l'équipe de France, Francis Capton a notamment fait partie du onze caennais qui a éliminé le grand Stade de Reims de Raymond Kopa, en 1953.

"Pierre-Antoine était toujours avec moi. A tel point que les joueurs de l'OM pensaient qu'il était mon conseiller", Vincent Labrune

"Pierre-Antoine est complètement fan de foot. On en parle tout le temps. C'est un dingue de Malherbe. Ce n'est pas une légende", confirme Vincent Labrune, son meilleur ami depuis plus de 20 ans. "On s'est rencontrés en 1998. Je travaillais à la communication de France 2 et Pierre-Antoine était assistant dans la boîte de production de Marc-Olivier Fogiel". Une passion du ballon rond qui lie les deux hommes. "Quand j'étais à l'OM et qu'on affrontait Caen, il fallait absolument que je l'emmène avec moi. Ce n'était pas négociable", rapporte le président de l'Olympique de Marseille entre 2011 et 2016. "Je me souviens qu'une saison, on avait joué contre Caen deux fois coup sur coup en l'espace d'un mois (en Coupe de France et en championnat, en janvier 2016). Pierre-Antoine était toujours avec moi. A tel point que les joueurs de l'OM pensaient qu'il était mon conseiller (sourire)".

C'est Vincent Labrune qui le présente à Jean-François Fortin, dont il est également très proche. Alors président du Stade Malherbe, ce dernier lui propose d'intégrer le SMC 10 comme actionnaire. "C'était son rêve de gosse", lance celui qui fut l'un de ses témoins de mariage en 2013. "Je me suis rapidement aperçu qu'il était très attaché à Malherbe, à la Normandie. C'est un amoureux du club. Pierre-Antoine a l'ADN du Stade Malherbe en lui", souligne Jean-François Fortin. "En 2018, quand on avait discuté ensemble, je lui avais expliqué la nécessité pour le club de trouver des financements supérieurs à ce qu'il avait déjà. Grâce à son carnet d'adresses excessivement important, j'ai compris que ce garçon était prêt à nous aider avec l'idée de conserver notre culture normande. C'est ce qui l'animait à l'époque et c'est toujours son état d'esprit aujourd'hui".

"J'ai compris que ce garçon était prêt à nous aider avec l'idée de conserver notre culture normande", Jean-François Fortin

D'ailleurs, avec le projet de reprise porté par Pierre-Antoine Capton, Vincent Labrune affiche son optimisme concernant l'avenir du Stade Malherbe. "Pour moi, c'est « The right man in the right place » (la bonne personne au bon endroit)", développe celui qui siège au sein du conseil d'administration de la LFP (Ligue de football professionnel), en tant que membre indépendant. "Si en plus, à côté, il y a des investisseurs (le fonds d'investissement américain Oaktree) qui ont un peu de moyens avec Pierre-Antoine pour les accompagner… Je crois énormément à cet attelage qui est en train de se préparer. Je n'ai aucun doute sur le fait que ça va très bien se passer dans le foot pour Pierre-Antoine".

Témoin privilégié de "l'ascension professionnelle remarquable, pour ne pas dire unique" de PAC dans le monde des médias "sans au départ, beaucoup d'entrées ni de relations", Vincent Labrune dresse un portrait dithyrambique de son ami. "Dans tous les domaines d'activité dans lesquels il opère, Pierre-Antoine, c'est avant tout un gros bosseur. Il écoute beaucoup, il consulte. Il s'enrichit énormément du contact avec les gens. Il est très intelligent, posé, organisé, réfléchi… Et au-delà de ça, c'est un homme qui a des valeurs de fidélité et de loyauté. On sait tous où il en est arrivé aujourd'hui mais il n'a jamais oublié ses racines". Ni le Stade Malherbe.

(1)En avril 2018, Pierre-Antoine Capton avait présenté, avec le soutien de Jean-François Fortin, une offre de reprise de 67% des parts de la holding SMC 10 dont il est l'un des 13 actionnaires. L'idée était de faire bénéficier le club caennais de son réseau. Objectif : attirer de nouveaux partenaires pour faire grimper le budget du Stade Malherbe entre 40 et 45 M€, hors augmentation des droits TV (contre presque 37 à l'époque). Suite à cette proposition, une crise de gouvernance avait éclaté, débouchant sur l'éviction de Jean-François Fortin de la présidence.

(2)Gilles Sergent, Laurent Batteur, Michel Besneville, Thierry Dupont, Pierre Esnée, François Maurey, Jean-Marie Piranda, Jacky Rihouet, Sofinormandie (filiale du Crédit Agricole), Jean-François Fortin, Pierre-Antoine Capton, André Réol, Jean-Paul Saison.

Le « gamin » de Trouville devenu un poids lourd du PAF

C'est l'histoire d'un self-made man, d'un « gamin » de Trouville, fils d'un moniteur d'auto-école et d'une coiffeuse, devenu l'un des poids lourds de l'audiovisuel français. Le bac en poche, Pierre-Antoine Capton (PAC) monte à Paris. Alors qu'il se rêve acteur, celui qui pratiquait le théâtre au lycée de Deauville intègre le cours Florent. Mais au bout de quelques jours, il s'aperçoit qu'il est "un piètre comédien".

Il passe alors de l'autre côté. Tout d'abord, en décrochant un stage chez AB Productions. "Mon frère (Jérôme) avait trouvé une petite annonce sur l'ancêtre d'internet. Je gagnais 500 francs par mois", se souvient-il. Derrière, il effectue ses armes sur Canal Jimmy. "C'était un peu branché. Il y avait Edouard Baer, Ariel Wizman et tout un tas de jeunes talents… On était tous réunis dans le même immeuble. J'y passais tout mon temps. J'y dormais presque". C'est sur cette chaîne câblée qu'il signe son premier fait d'armes en lançant un marathon série avec la sitcom américaine « Friends ». "A l'heure de Netflix, ça fait rire, mais à l'époque, c'était révolutionnaire", racontait-il à la revue Entreprendre en mars. Cette idée lui vaut d'être repéré par Marc-Olivier Fogiel. Il le rejoint à Canal + jusqu'au départ de ce dernier pour France 3 en 2000.

Mais alors que la chaîne cryptée est frappée par un plan social, il décide de partir avec le chèque de 50 000 € qu'on lui propose. "Je me suis dit que c'était le moment de se lancer. J'avais 25 ans. J'étais totalement inconscient. Quand j'ai quitté Canal, je me suis fait prêter un petit bureau dans un parking à Boulogne-Billancourt et j'ai appelé les chaînes de télé. Elles me raccrochaient toutes au nez". Il ne le sait pas encore mais c'est à ce moment-là que sa success-story va débuter.

Il bascule dans une autre dimension avec Mediawan

Il investit la somme qu'il a touché à son départ de C+ pour tourner le pilote de l'émission « Star Mag » (une quotidienne sur le cinéma) pour le bouquet TPS qui vient de se lancer. "J'ai eu 30 secondes pour convaincre son patron dans un ascenseur". Il s'agit de son premier contrat de producteur. La machine est lancée. Elle ne s'arrêtera plus. Dans la foulée, il créé sa société Troisième Œil en 2001 (« Le Grand Echiquier », « Les Carnets de Julie », le documentaire sur l'élection présidentielle d'Emmanuel Macron…).

Huit ans plus tard, il franchit une nouvelle étape en remportant, face à 63 concurrents (!), l'appel d'offres de « C'est à Vous ». "Ça a beaucoup compté dans ma vie". C'est par l'intermédiaire de la quotidienne sur France 5 (diffusée tous les jours à 19 heures) qu'il rencontre Xavier Niel et Mathieu Pigasse. Tous les trois s'associent en 2015 dans "une aventure entrepreneuriale" : Mediawan (aujourd'hui valorisée à 400 M€), une société d'investissement devenue l'un des leaders de la production de contenus audiovisuels en Europe (séries, dessins animés, documentaires, chaînes TV). Au contact du patron de Free et du banquier d'affaires, le Trouvillais se réinvente à l'aube de son 40e anniversaire. "J’ai redémarré de zéro. J’ai appris l’anglais, j’ai découvert ce qu’était la bourse, les investisseurs…".

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