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Lens, Saragosse, Malherbe : Quentin Lecœuche guidé par la ferveur des supporters

Preuve de son statut avec le Stade Malherbe, Quentin Lecoeuche est le quatrième joueur le plus utilisé par Nicolas Seube cette saison alors qu'il a manqué les trois premières journées. ©Damien Deslandes

Preuve de son statut avec le Stade Malherbe, Quentin Lecoeuche est le quatrième joueur le plus utilisé par Nicolas Seube cette saison alors qu'il a manqué les trois premières journées. ©Damien Deslandes

Sa formation au RC Lens

"C’était le club de cœur de ma famille"

Originaire du Pas-de-Calais, Quentin Lecœuche a grandi avec l’ambiance du Stade Bollaert. Supporter des « Sang et Or » depuis son plus jeune âge, le défenseur a intégré le RC Lens dès ses neuf ans. S’il a franchi tous les paliers durant ses 13 années au sein du club artésien, celui qui défend aujourd'hui les couleurs du Stade Malherbe y a également accompli ses premiers pas dans le monde professionnel. "C'était le club de cœur de ma famille. Intégrer ce centre de formation, puis commencer mes premiers matches professionnels avec ce maillot, c'était une fierté". Si cet enfant du RC Lens affirme avoir vécu ses meilleures années lorsqu’il y fréquentait son internat, son plus beau souvenir reste son baptême du feu chez les « pros » face à l’AS Monaco, en avril 2015. "J’avais le sentiment d'avoir réussi et de ne pas avoir fait tous ces efforts et ces sacrifices pour rien, que ce soit pour moi ou ma famille".

Mais l’été de cette même année, alors âgé de 21 ans, Quentin Lecœuche se retrouve finalement sans club. Tout juste descendu en Ligue 2, le RC Lens est pris en main par un nouvel actionnaire, l’Azéri Hafiz Mammadov dont le projet ne comprend plus le latéral gauche. "A ce moment-là, je n'étais pas accompagné d'agents, je me gérais tout seul. Pour moi, j'étais dans mon club formateur où tout allait bien. C'était un long fleuve tranquille. Je ne me questionnais pas sur la suite". Dès le lendemain de cette annonce, l'entraîneur de Luçon, Fred Reculeau (bien connu du côté de l’US Avranches) lui propose un contrat. Du jour au lendemain, le Lensois fait le choix de rejoindre le pensionnaire de National. "J'ai eu un petit contre-coup quand je suis arrivé sur place. Quand tu passes de la Ligue 1 à un club de National qui se battait avec ses moyens, il fallait se mouiller la nuque".

Au final, cette saison vécue en Vendée, aura permis à l'actuel n°28 du SMC de se forger mentalement. Changer de club, passer de la première à la troisième division, et enfin quitter sa région d’origine… Autant de choses difficiles à encaisser pour Quentin Lecœuche même s'il n'en a ressorti que positif. "J'ai eu la chance que ça se soit bien passée. On a fait une très bonne saison. C’était l’extrême opposé avec ce que j’ai vécu à Lens dans le jeu, mais j’ai pris un maximum de plaisir que ce soit dans les entraînements ou dans les matches, par rapport à ce que le coach demandait. C'était une philosophie qui me correspondait à fond. J’adore le jeu de petites passes, avec des latéraux offensifs".

Sa découverte du foot espagnol

"J'ai retrouvé ce que j'ai vécu un peu à Lens, toute la ville vit pour le club"

A la suite de la rétrogradation de Luçon, Quentin Lecœuche signe au FC Lorient (L1). Prêté à l’US Orléans puis à l’AC Ajaccio, l'arrière gauche est ensuite recruté par Valenciennes, toute des écuries de Ligue 2, avant de quitter la France à l’été 2023. La recrue caennaise est partie pour un tout nouveau projet, la Liga Adelente (D2 espagnole), avec le Real Saragosse. "C’était un souhait. Je voulais vivre autre chose et je n’ai aucun regret". S’il a appris à parler la langue de Cervantès, à découvrir la culture du pays, le Malherbiste confie avoir également progressé à travers la découverte d’un autre football. "En Espagne, c'est complètement différent. C'est un football beaucoup plus attractif dans le sens où c'est bien plus offensif. Chaque équipe joue pour gagner, à contrario d’ici (en France) où l’on va d'abord vouloir ne pas perdre avant de gagner le match". Si c’est cette philosophie-là qui l'avait attiré, c’est en partie car son profil de latéral, plutôt offensif, y correspondait.

Au-delà de l’aspect sportif, la ferveur des Espagnols pour le football est décuplée. En voilà un point qui intéressait l’ancien Lensois. "J'ai retrouvé ce que j'ai vécu un peu à Lens. Toute la ville vit pour le club. A Saragosse, les anciens comme les jeunes, partout où on allait, on était reconnus. On ne pouvait pas se balader en passant incognito". Il faut savoir que le Real Saragosse est un club historique dans la péninsule ibérique. Le Stade de La Romareda affiche toujours plein, avec plus de 30 000 spectateurs en moyenne. Les supporters n’hésitent pas à faire de long trajet pour soutenir l’équipe, même à l’extérieur. Si le kop caennais est connu pour sa fidélité, l’ambiance de d’Ornano diffère de celle de Saragosse. "Ici, c'est différent. Les supporters sont derrière nous, mais ça s’arrête au stade".

Cet été, Quentin Lecœuche a effectué la préparation avec le club espagnol, en pensant y poursuivre l’aventure. Mais un changement d’entraîneur, avec le retour de Victor Fernandez sur le banc saragossan (vainqueur de la défunte Coupe des Coupes en 1995), avec un projet davantage basé sur des joueurs régionaux, l’a conduit à envisager son départ. "Je n’avais pas l’idée de partir, mais je n’avais jamais vraiment eu de discussion avec le nouveau coach comme quoi il comptait sur moi". Le latéral gauche affirme avoir eu certaines opportunités en fin de mercato, qu’il a refusé, ne souhaitant pas quitter le Real Saragosse pour des destinations qui ne lui correspondaient pas entièrement. C’est finalement le Stade Malherbe qui a retenu son attention. "Je me suis dit que c’était sûrement le bon projet pour revenir en France. Il y a une certaine ferveur et une ambition que j’aime ici".

Sa signature au Stade Malherbe

"On va tout faire pour ramener le club où il le mérite"

Débarqué le dernier jour du mercato estival, Quentin Lecœuche a dû faire preuve d’une grande adaptation. L’équipe ayant grandement besoin de lui, le défenseur s’est servi de son expérience et de son vécu pour s’acclimater dans son nouvel environnement à vitesse grand V. "C'est difficile d’arriver dans un nouveau club où tout le monde est prêt. L'équipe a déjà fait des matches et tout le monde se connaît plus ou moins. Mais avec l’expérience, c’est différent. C'est ton pays, c'est ta langue, ce sont des joueurs que tu as côtoyés, ou que tu as beaucoup rencontrés en match". Au-delà de s’intégrer et de se familiariser avec sa nouvelle vie, le latéral gauche a dû rapidement s’imposer comme un joueur cadre du vestiaire.

Sur le plan individuel, Quentin Lecœuche semble épanoui avec son nouveau club. "Le projet répond à mes attentes. Je suis venu ici pour retrouver du temps de jeu. J’enchaîne les matches, donc de ce côté-là, on y est. Après, collectivement, je pense que le club a d'autres ambitions que notre classement actuel". Si les résultats sont assez compliqués pour le Stade Malherbe qui occupe la 14e place (à égalité de points avec le premier relégable), l’ancien joueur de Saragosse essaie de donner le maximum pour inverser la tendance. "C'est juste cette mauvaise dynamique à casser. On sait que lorsqu’on démarre mal et qu'on est dans cette spirale, c'est compliqué d'inverser les choses. Mais on va tout faire pour ramener le club où il le mérite".

Pour clore l’année 2024, les Caennais se rendront à Dunkerque, l'une des équipes surprises de ce championnat (4e). Un rendez-vous où il sera question pour le SMC de s’éloigner de la zone rouge avant la trêve hivernale. Une rencontre importante forcément importante pour les « Rouge et Bleu » au regard de leur classement, qui permettrait, en cas de victoire, de soulager tout le monde et de redonner un peu de confiance au groupe selon Quentin Lecœuche.

> L2. J15 - Dunkerque (4e - 28 points) / SM Caen (14e - 15 points), lundi 16 décembre à 20 H 45 au Stade Marcel-Tribut.

Heïdi Tilmant

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