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Les blessés, les méformes, les jeunes... A Malherbe, Jean-Marc Furlan va devoir trouver le bon équilibre

L'indisponibilité de Bilal Brahimi, remplacé par un Mickaël Le Bihan, pour le moment, hors de forme, pose des tracas à Jean-Marc Furlan alors que Tidiam Gomis ronge son frein, la plupart du temps, sur le banc. ©Damien Deslandes

L'indisponibilité de Bilal Brahimi, remplacé par un Mickaël Le Bihan, pour le moment, hors de forme, pose des tracas à Jean-Marc Furlan alors que Tidiam Gomis ronge son frein, la plupart du temps, sur le banc. ©Damien Deslandes

Au Stade Malherbe, l'état de grâce de Jean-Marc Furlan est, bel et bien, terminé. Alors qu'il avait enchaîné quatre victoires consécutives durant le mois d'août, le club caennais reste sur trois défaites de rang, à chaque fois sur un score identique (2-1). Si la première, à Laval, fut cruelle dans le scénario avec deux buts encaissés dans les arrêts de jeu et la deuxième contre Saint-Etienne frustrante au regard de quelques décisions arbitrales contestables, la dernière en date laisse perplexe. Face à une formation grenobloise, certes invaincue (3V-4N) mais qui avait largement fait tourner son effectif pour ce rendez-vous en terre normande (5/11 titulaires ne figuraient pas dans le onze de départ de Vincent Hognon trois jours auparavant à l'occasion du succès aux dépens de QRM), les « Rouge et Bleu » n'ont cadré qu'un seul tir ; au demeurant magnifique puisqu'il s'agit de celui ayant abouti à la réalisation d'Ali Abdi !

"On a beaucoup de blessés, des joueurs un peu moins en forme car ils reviennent de blessures, ça nous pose des problèmes (...) D'autres n'ont pas eu du tout de préparation estivale. C'est plus compliqué", argumente Jean-Marc Furlan pour justifier la mauvaise passe traversée par son équipe. Il est vrai que les absences d'Emmanuel Ntim à l'arrière et surtout celle de Bilal Brahimi pèse dans l'animation du jeu malherbiste. Encore plus quand son « remplaçant » se nomme Mickaël Le Bihan. Non-content de ne pas avoir le même profil que son coéquipier franco-marocain, sa complémentarité avec Alexandre Mendy ne saute pas aux yeux. Les deux principaux intéressés sont les premiers à en convenir.

"On a beaucoup de blessés, des joueurs sont un peu moins en forme (...) D'autres n'ont pas eu de préparation"

Jean-Marc Furlan

Qui plus est, l'ex-attaquant dijonnais, qui a signé dans les ultimes heures du mercato, a débarqué hors de forme en Normandie ; ce qui laisse, d'ailleurs, sceptique sur ces recrutements de dernière minute avec des éléments ayant connu une préparation tronquée. Il suffit de se souvenir de la première saison d'Alexandre Mendy sous le maillot « Rouge et Bleu » pour mesurer à quel point cette période est cruciale pour un footballeur professionnel*. "Je ne vais pas me cacher, je dois travailler pour revenir très vite physiquement", confirme Mickaël Le Bihan qui n'a pas fui ses responsabilités en s'arrêtant longuement en zone mixte ; ce qu'on ne peut que saluer. Mais l'opportunité qu'il a obtenue à un quart d'heure de la fin est la preuve qu'il n'est pas totalement bien dans ses baskets. Alors qu'il se trouvait dans une position idéale aux abords de la surface de réparation, le nouveau n°11 du SMC a complètement topé sa frappe (77'). "Je m'en veux car c'est un moment crucial. Si j'ai les premiers appuis, celle-là, je ne dis pas qu'elle va au fond mais c'est une grosse occasion. Dès que je l'ai ratée, j'ai su que physiquement, je n'étais pas prêt".

La question de la non-utilisation des jeunes va rapidement poser problème

Compte tenu de ses premières apparitions sous les couleurs caennaises, on peut d'ailleurs s'interroger sur la pertinence de l'avoir lancé aussi tôt dans le grand bain. N'aurait-il pas été préférable de lui permettre de se refaire une « caisse », quitte à ce qu'il dispute plusieurs matches avec la réserve ? Sur cette question, l'attaquant botte en touche. "C'est le coach qui décide. Il me connaît très bien. Si je dois m'asseoir sur le banc, je le ferai, si je dois jouer, je ferai du mieux que je peux". Si la démarche de Jean-Marc Furlan de donner des minutes à sa recrue afin qu'il engrange du rythme s'entend, le laisser sur la pelouse de d'Ornano quasiment toute la rencontre alors qu'il était clairement en souffrance interpelle un peu plus. Sur le banc, l'ancien entraîneur de Troyes, Brest et Auxerre disposait de nombreuses cartouches offensives avec Caleb Zady Sery (24 ans) et Tidiam Gomis (17 ans) ; Godson Kyeremeh (23 ans) ayant, lui, effectué son entrée à l'heure de jeu.

"Des changements plus tôt ? Non, parce qu'on a beaucoup de jeunes et les jeunes, ça ne te fait pas la différence, que ça soit très clair"

Jean-Marc Furlan

Interrogé sur la possibilité de procéder à des changements plus tôt, le technicien aquitain s'est fendu d'une réponse pour le moins déroutante. "Non, parce qu'on a beaucoup de jeunes et les jeunes, ça ne te fait pas la différence, que ça soit très clair (en le répétant à deux reprises)". Si le goût peu prononcé de Jean-Marc Furlan pour la classe biberon n'est un mystère pour personne, et ne date pas d'aujourd'hui, son obstination à ne pas laisser davantage leur chance aux espoirs normands soulève son lot de questions surtout dans un club qui a érigé la formation comme l'une de ses priorités. Ce n'est pas nous qui l'affirmons mais, bel et bien, les dirigeants « Rouge et Bleu », en premier lieu le président Olivier Pickeu.

On va commencer par douter que les deux parties communiquent entre elles. Fort regrettable alors que l'effectif du SMC a rarement été composé avec autant de jeunes (ils sont cinq finalistes de la Gambardella 2022 avec Diabé Bolumbu, Brahim Traoré, Noé Lebreton, Mohamed Hafid et Tidiam Gomis). Si l'on s'attarde plus précisément sur le cas de Tidiam Gomis, on peut trouver curieux, pour ne pas dire plus, qu'il soit resté scotché sur le banc 89' contre Grenoble. Certes, il n'a que 17 ans, oui sa rentrée face à Laval n'a pas été à la hauteur des espoirs placés en lui (en même temps, quel Caennais peut se targuer d'avoir été performant à Le Basser ?) mais en interne, y compris de la part de plusieurs de ses partenaires, toute le monde s'accorde pour affirmer que ce garçon « pue » le football. Au regard de la (mé)forme de Mickaël Le Bihan et de son profil (son poste de prédilection étant en soutien d'une pointe tel Alexandre Mendy), il n'est pas incongru de penser que l'international U18 aurait pu être aligné sur la dernière demi-heure. En tout cas, si la situation perdure, il ne faudra pas s'étonner de ne pas le voir prolonger son contrat et qu'il quitte libre son club formateur dans deux ans ; ce qui pourrait causer quelques problèmes à moyen terme. N'oublions pas que le Stade Malherbe affiche toujours un déficit structurel d'environ une demi-douzaine de millions d'euros et que le centre de formation constitue sa principale source de revenu (il suffit de se souvenir des ventes d'Alexis Beka Beka, Johann Lepenant, Kélian Nsona...).

*S'étant engagé le dernier jour du mercato 2020, le 1er octobre (le marché des transferts avait été prolongé compte tenu de la crise sanitaire), Alexandre Mendy avait énormément souffert lors de sa première saison au SM Caen n'inscrivant que quatre buts en 30 apparitions.

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